De: Jean-Jacques Beineix
Avec Isabelle Pasco, Gérard Sandoz, Philippe Clévenot, Günter Meisner
Année: 1989
Pays: France
Genre: Drame
Résumé:
Thierry délaisse ses études pour se consacrer à sa passion, être dompteur. C’est au zoo de Marseille qu’il rencontre Roselyne, une jeune fille de son âge avec laquelle il partage son amour des fauves. Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils s’aiment. Peut-être trop beaux et trop enthousiastes pour ceux qui les entourent. Ils sont chassés du zoo. Ils partent. C’est une route initiatique qui les attend, fléchée par le doute, les renoncements mais aussi la chance et les rencontres.
Avis:
En ce moment, j’ai envie de partir plus loin que ce que l’on me propose. J’ai envie d’aller découvrir des films et des réalisateurs dont on parle peu. J’ai envie de découvrir de nouveaux univers et de découvrir de nouvelles œuvres. Au bureau des abonnés absents, on trouve Jean-Jacques Beineix, mythique réalisateur de « 37°2 le matin« , et qui n’a rien réalisé depuis « Mortel Transfert » sorti en 2001.
On parle tout le temps de « 37°2 le matin« , mais Jean-Jacques Beineix n’est pas le réalisateur d’un seul film, et bizarrement je n’ai jamais entendu parler de ses autres œuvres. J’ai donc jeté un œil et ce dernier s’est arrêté avec beaucoup de curiosité sur la superbe affiche de « Roselyne et les lions« .
Thierry est un jeune homme de dix-neuf ans qui est peu intéressé par les études. Un jour où il sèche les cours, il se rend au zoo. Ce jour-là, il assiste à un spectacle de dompteur de lions. Pour Thierry, ce spectacle est une révélation et il semble que le jeune homme est enfin trouvé sa voie. Il se lance alors dans l’apprentissage auprès du vieil homme qui tient les fauves. Une fois son BAC passé et raté, suivi d’une brouille avec le patron du spectacle, Thierry part donc sur les routes à la recherche d’un emploi de dompteur pour monter son propre spectacle. Et Thierry ne part pas seul, car auprès des fauves, dans ce zoo, il a fait la rencontre de Roselyne, une magnifique jeune fille, toute autant passionnée que lui. Elle devient sa compagne et son alter-ego. Commence alors pour les deux amants une odyssée qui ressemble à un parcours initiatique. Des routes du sud au plus grand cirque d’Allemagne, Thierry et Roselyne vont devoir faire preuve de détermination, d’assurance et de passion.
« Roselyne et les lions » est le film que je n’ai pas vu venir. Me laissant totalement convaincre par son affiche, j’ai commencé le film en sachant le strict minimum, et encore, je pensais que tout le film se passait dans un cirque.
Et ce fut l’énorme surprise de ma soirée. « Roselyne et les lions » résonne comme un conte moderne et suit tous les codes d’une grande aventure. L’intrigue est pourtant simple, mais le réalisateur sait si bien nous la raconter que j’ai pris un sacré plaisir à suivre les aventures de ce jeune homme plein d’espoir, d’envie et d’amour. De la découverte de ce métier à ce spectacle final d’une poésie infinie, en passant par les moments de vache maigre, le réalisateur prend le temps de tout nous raconter et n’oublie rien. Son récit, malgré sa simplicité, est passionnant, il y a beaucoup de suspens, énormément d’anxiété, et le tout détient de vrais moments de grâce, de prose et de complicité. Puis ce qui est génial, en plus de nous raconter une ascension, Jean-Jacques Beineix nous raconte une très belle histoire d’amour et il va éviter tout le pathos. Le réalisateur s’appuie sur des personnages bien construits, qui sont loin d’être lisses et il fait monter l’émotion. Il touche le public avec cette histoire au moment où l’on ne s’y attend pas, ce qui est très appréciable.
Le film est admirablement construit. Si l’on suit d’abord le personnage de Thierry, on va peu à peu s’en décrocher pour aller vers Roselyne et c’est en maître conteur que Jean-Jacques Beineix réunira nous deux héros pour une dernière prestation, qui laissera un sentiment d’accomplissement.
« Roselyne et les lions« , en plus d’être magnifique dans son conte, se révèle aussi magnifique à regarder. Jean-Jacques Beineix nous offre un film terriblement classe et soutenu dont la beauté de ses images n’est pas prête à quitter mon esprit. Le réalisateur assure aussi bien dans des scènes intimes entre les deux héros, que dans les scènes grandioses au beau milieu des fauves. Le film a un côté grand spectacle et une totale liberté de mouvement. Il est grandiose quand il aborde les numéros en cage ou ne serait-ce que les entraînements. La caméra de Jean-Jacques Beineix nous emporte au plus près des animaux et de leurs dompteurs et le rendu donne de sacrées bonnes scènes. Des scènes aussi tendues qu’elles peuvent être magiques et dépaysantes. Peu de films parlent de ce milieu et approchent les animaux d’aussi près sans trucages. Je crois qu’avec « Roar » de Noel Marshall, c’est l’un des films les plus impressionnants que j’ai pu voir avec des fauves en « liberté ».
Puis il y a ce couple magnifique, habité, poétique, touchant, joué par deux très beaux comédiens hors normes et ordinaires à la fois. À aucun moment ils ne sont dans la performance, mais il se révèle d’une puissance et d’une émotion palpable. Isabelle Pasco est magnifique, fragile et pourtant pleine d’assurance face aux fauves qu’elle dresse avec tant de convictions. Thierry est joué par Gérard Sandoz, un comédien inconnu, qui est une véritable boule de passion. Il tient un personnage difficile, en proie au doute, mais déterminé et l’acteur joue parfaitement avec la frontière entre la crainte et l’assurance. Il est tout simplement splendide. Pour accompagner ce couple, de temps à autre, l’histoire appelle Philippe Clévenot, qui joue le prof d’anglais de lycée, et même s’il n’a pas un rôle important, le comédien est un rayon d’humour. Il détient une présence fascinante avec un jeu et un phrasé très théâtral.
Il était un soir, un film que je n’attendais pas, un film presque oublié, dont je ne savais pas grand-chose et qui fut une véritable révélation. « Roselyne et les lions » m’a fait passer trois heures en une demie heure. Jean-Jacques Beineix m’a passionné, impressionné et sidéré avec son odyssée aussi grandiose que touchante.
Note: 20/20
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Par Cinéted