Ce compte-rendu sera court, je n’aurai pas grand-chose à vous écrire aujourd’hui, pour plusieurs raisons.
D’abord parce que c’était une toute petite journée à Cannes hier, avec pour ainsi dire aucun film qui m’intéressait et que j’avais mis sur ma wishlist.
Ensuite parce qu’on ne peut pas en dire beaucoup sur les films que j’ai vu, soit parce qu’on me l’a expressément demandé, soit parce qu’il me manque une partie de l’œuvre pour pouvoir en parler correctement.
Enfin parce que, con que je suis, j’ai perdu mon chargeur d’ordinateur, ce qui fait que je vous écris actuellement à la vitesse de la lumière en espérant pouvoir finir ce papier et l’envoyer avant que ma batterie ne rende l’âme.
Qu’est-ce que j’ai vu hier donc.
Parti pour accéder à la séance du lendemain de Mise à mort du cerf sacré de Yorgos Lanthimos (réalisateur de The Lobster déjà en compet l’année dernière), je ne me trouve pas la motivation de me lever assez tôt (faut dire que je dors dans ma voiture depuis hier, et oui, Cannes, c’est souvent commando). Du coup, à part la projection d’Hostile au marché du Film à laquelle je vais essayer de me faire inviter, je ne sais pas du tout que voir aujourd’hui.
Je jette finalement mon dévolu sur Top of Lake : China Girl, seconde saison de la série éponyme réalisée (en tout cas le premier épisode que j’ai pu voir y ici) par Jane Campion. Difficile pour moi donc d’en faire une critique pertinente, étant donné que je n’ai jamais vu la saison initiale (même si chaque saison comporte apparemment son propre scénario, seulement quelques éléments du casting étant de retour), et que je ne verrais pour l’instant que le pilote de la saison 2.
Car si je me fis uniquement au constat de cet unique épisode, le constat n’est pas très reluisant. Nouveau récit d’une enquête trouble menée par une inspectrice torturée dans une ambiance délétère, Top of the Lake rappelle forcément les excellent The Killing et Broadchurch, mais peine à trouver un équilibre entre l’intrigue policière et une profondeur de sujet et de personnages proche du véritable drame. La réalisation racée et aérienne de Campion n’y est pour rien, de même que l’interprétation impeccable d’Elisabeth Moss ou Nicole Kidman, subtilement transformée et assez époustouflante en mère rejetée par sa fille à cause de son lesbianisme. Mais malgré une ambiance glauque mais presque poétique, Top of the Lake n’arrive pas à intéresser, la faute à une introduction et une mise en place longue, très longue, trop longue (la découverte du corps d’une jeune chinoise dans une valise échouée sur la plage n’arrive que dans la dernière minute de l’épisode) et qui appuie beaucoup trop son propos de drame social.
Mais encore une fois, malgré ce début un peu laborieux, peut-être que l’enquête devient par la suite passionnante, il faudrait pour critiquer la série dans sa totalité en voir toute la saison. En l’état, je reste sur une première approche assez mitigée.
Direction le Marché du film ensuite, puisqu’y est présenté Hostile, produit par Xavier Gens et premier film de Mathieu Turi, dans lequel on retrouve Grégory Fitoussi (G.I Joe, Une Nuit, Engrenages) et Britanny Ashworth. Malheureusement je ne peux pas trop en dire, étant donné que le film, bien que totalement visible en l’état, est encore dans les dernières phases de post-production et n’a pas encore de date de sortie. Du coup j’ai promis à la prod d’éviter d’en faire une critique. Je peux au moins vous dire qu’il s’agit d’une petite série B post-apocalyptique conceptuelle à base de jeune fille coincée dans une voiture accidentée alors qu’une créature rôde, et que l’initiative est aussi intéressante que maladroite dans sa conception. La réalisation assez sobre mais efficace n’y est pour rien, c’est juste la structure du film qui aurait mérité plus d’attention et de concision pour éviter de flirter avec le ridicule et de faire retomber le soufflé avec des flashbacks beaucoup trop présents et pas assez intéressants. Dommage parce que les séquences de suspens marchent très bien et le concept était assez original.
Puis, j’essaie d’aller à la séance du lendemain de Happy End de Haneke, et là je découvre encore quelque chose. Si la plupart des séances à la salle du Soixantième sont accessibles à la presse en priorité, pour les séances du lendemain seuls les 50 premiers journalistes sont prioritaires… Sans que l’information n’ait bien sûr été communiquée où que ce soit. Cannes est une énorme machine qui fait preuve d’une organisation quasi sans failles, par contre au niveau de la communication, il y a encore pas mal de progrès à faire.
Du coup, j’hésite à repartir dans mes pénates sur roue dès 20h, et finalement je décide de tenter la séance de Cannes Classic dans la salle Bunuel, qui propose Becoming Cary Grant, un documentaire sur l’immense acteur américain. Naturalisé américain plutôt, puisque j’y apprend que celui-ci est né à Bristol où il a commencé sa carrière d’acteur. J’apprends aussi que sous ses atours charmeurs, blagueurs même, Cary Grant était un homme profondément torturé, paniqué à l’idée d’être abandonné par les femmes (tout ça remonte bien sûr à l’enfance et au départ secret de sa mère pour un hôpital psychiatrique), et presque dépressif, qui suivit pendant quelques temps une thérapie au LSD. Thérapie qui est représentée ici lors de plusieurs scènes qui mêlent images d’archives, extraits de films et séquences tournées pour l’occasion. Une des particularités de ce film assez complexe mais passionnant, qui en fait un documentaire plus original que la biographie linéaire.
Original aussi, cette mise en parole, par le biais d’une voix off interprétée par Jonathan Pryce, des propres mots de l’acteur, récupérés de son autobiographie jamais éditée. Plus qu’un point de vue neutre sur la vie d’un homme de cinéma, Becoming Cary Grant devient véritablement une introspection grâce à laquelle on se met à la place du personnage, pour mieux comprendre ses joies, ses peines, ses doutes et ses souffrances.
Un très joli projet qui permet de découvrir, en plus des sempiternelles interviews de quelques personnes qui l’ont connu, des images rares de films méconnus et de moments intimes. Pour ceux qui ne connaissent pas Cary Grant, c’est le moment de le rencontrer. Moi ça m’a donné envie de (re)découvrir toute sa filmographie !
Bref, aujourd’hui dernier jour de festival pour moi, c’est aujourd’hui que sont projetés quelques gros morceaux de la quinzaine, Les Proies de Sofia Coppola, remake du film éponyme de Don Siegel avec Clint Eastwood et Rodin de Jacques Doillon avec Vincent Lindon, ainsi que Zombillenium, l’adaptation de l’excellente BD d’Arthur de Pins.
En ce qui me concerne, je vais me laisser tenter par le russe Une vie à l’étroit à Un Certain Regard, avant de me diriger bien sûr vers Zombillenium, puis Les Proies, et je finirais mon festival 2017 avec The Merciless qui s’avère encore un sacré morceau de thriller coréen.
Wish me luck !
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Par Corvis