Il y a ceux qui osent des choses et ceux qui n’osent pas. Les deux organisateurs des Deviant Zone auraient pu choisir la facilité et se contenter de proposer des diptyques une fois par mois dans un thème donné, qui serait une ode aux films de genre ou encore à tous ces films qui ont bercé notre adolescence. Un peu plus d’un mois après une nuit cinéma absolument dantesque et généreuse, Damien Garrel et Colin Arteaga ont l’idée de faire bouger les têtes et les cheveux des spectateurs en proposant pour la première fois un Ciné-concert. Diantre, mais que signifie ce terme ? Comme indiqué sur l’affiche, il s’agit de la projection d’un film (et quel film !) suivi d’un double concert en mettant en lumière deux groupes montants de la scène locale avignonnaise. Le pari est risqué, surtout après avoir fait deux soirées, s’axant autour de la comédie et du pastiche (sans anis !), avec les deux Wayne’s World et la nuit entière consacrée aux parodies des films de genre (La Cité de la Peur, Action Mutante, Le Bal des Vampires, Panic sur Florida Beach et Shaun of the Dead). Ici, un bon gros retour vers l’horreur, avec un lien vers la musique et deux groupes qui font du stoner et du métal. Alors le succès était-il au rendez-vous ? La soirée était-elle réussie ? En tous les cas, nous, on avait la banane comme ce cher Capitaine Spaulding !
La réponse de la Deviant Zone à la pseudo culture française qui phagocyte notre télé !
La soirée démarre comme d’habitude avec pas mal de retard, mais on s’en fout royalement puisque c’est l’occasion de tailler le bout de gras entre cinéphiles, mais aussi entre mélomanes avertis (quoi ! Moi pétomane !?). L’accueil est encore une fois hyper chaleureux, mais cette fois, tout est différent, surtout pour la gente masculine. De jolies demoiselles, en short et patins à roulette tournent, proposent des autocollants et autres joyeusetés en jetant de jolis sourires autour d’elles. Alors pourquoi mettre des ouvreuses cette fois-ci ? Et bien tout simplement pour parler d’un sport assez méconnu qui est le roller Derby et l’équipe des Rabbit Skulls d’Avignon est présente pour nous présenter ce sport et essayer de recruter quelques jeunes donzelles pour renforcer l’équipe. Car la Deviant Zone, c’est du cinéma, mais aussi de la musique et du sport, l’occasion de parfaire sa culture et de connaître un peu mieux sa ville et des choses que la bonne culture de masse ne nous inculque pas. Une fois dans la salle, qui commence à sérieusement se remplir, Damien accueil tout le monde et explique, non seulement le thème de la soirée, mais aussi la prochaine soirée Deviant Zone qui aura lieu le 22 juin soit 17 jours exactement après la masterclass avec Albert Dupontel. Il faut être précis, c’est important dans des conditions aussi exaltantes. Les cadeaux sont encore une fois très sympathiques avec du jeu vidéo, de la musique et du DVD à la pelle. Le prix de la loose est toujours présent avec le magnifique jeu Singstar Pop spécial Highschool Musical ! Les lumières s’éteignent et commence alors un clip présentant les Rabbit Skulls d’Avignon avec du bon gros son, puis arrive un premier clip très sympa de Red Cans, un groupe de Hard Rock d’Avignon très prometteur et plein d’énergie ! Puis s’ensuit un clip signé François Gaillard pour le groupe électro Double Dragon de Montpellier, sur un clip très gore et sexy dont les effets spéciaux sont signés David Scherer. C’est alors que débute le film de la soirée.
_ Chef, vous avez vu toutes ces jolies damoiselles ?
_ Ouais, et si je n’avais pas mieux à faire avec cette famille de dégénérés, crois moi que j’irais tous les samedis de 16h à 19h au gymnase Philippe de Girard pour voir leur entrainement !
The Devil’s Rejects est un film signé Rob Zombie. Fondateur du groupe White Zombie qui a eu son heure de gloire dans les années 90 notamment avec des titres comme Thunderkiss 65, et tournant en solo encore aujourd’hui, il n’en fallait pas plus pour faire le lien entre musique et cinoche. Le choix de ce film n’est pas anodin, puisqu’il s’agit vraisemblablement de son meilleur film, sorte de road movie et de chasse à l’homme entre une famille de dégénérés cannibales et un shériff implacable voulant venger son frère abattu par cette famille. Tenant plus du western à la Sam Peckinpah que du véritable film d’horreur, The Devil’s Rejects est un petit bijou du genre, très violent, souvent dérangeant, mais dont la force provient de la mise en scène inspirée et exemplaire et surtout de l’inversion des rôles, la famille devenant presque sympathique et le sheriff très méchant. Bref, un grand film, avec une musique parfaite, notamment le final sur du Free Bird de Lynyrd Skynyrd.
Une fois le film terminé, la place est laissée à nos amies patineuses qui vont expliquer de manière sincère et drôle leur sport, démontrant leur spontanéité, leur bonne humeur et leur esprit rock n’roll ! Et la soirée va rester dans cette ambiance bière, tatouage et headbang grâce à deux groupes qui ont tout des grands de ce bas monde !
Le pari est risqué, car c’est la première fois que la Deviant Zone organise cela (ce qui impose une logistique lourde) mais c’est aussi la première fois que les deux groupes vont jouer dans un cinéma. Mais la chance est avec tout le monde, car avec le retard pris, les autres salles du cinoche sont vides et les deux groupes peuvent se laisser aller à leur guise. Et quand on fait du rock, on aime se laisser aller, notamment dans les coupes de cheveux ! C’est alors que The Real MacCoy entre sur scène, en même temps qu’est diffusé le film Call of Chtulu, créant ainsi une atmosphère sinistre et un concept intéressant. Alors que dire de ce premier groupe ? Ben que c’était tout simplement géant. Donnant dans le stoner, un genre très sympa du hard rock que certains groupes comme Queen of the Stone Age, Kyuss ou encore Stonedrive (groupe français aussi), le groupe commence lentement, pour aller petit à petit vers quelque chose de plus violent, de plus sombre et de beaucoup plus dynamique. Les têtes bougent dans les rangs, les sifflets de joie retentissent entre chaque morceau et ce n’est pas les deux petits problèmes techniques dû à l’arrêt du film qui feront désapprécier ce très bon moment de musique. Ressemblant parfois à du Black Sabbath, le groupe possède un bel avenir et a déjà beaucoup de fans dans la région. Rock n’roll Baby !
Après un entracte arrosé à la bibine et la préparation nécessaire au deuxième groupe, Synopsys prend le relai. Bien évidemment, le lien est vite fait entre musique et cinéma si l’on s’attarde deux secondes sur le nom du groupe. Alors là, on change complètement de registre. En effet, nous sommes ici en présence d’un groupe de métal progressif, soignant une ambiance particulièrement délétère avec des intros planantes et des riffs assassins sur les refrains. Techniquement, tout est parfait, jusqu’à la voix du chanteur, suave lors des couplets et gutturale lors des refrains. Là encore, le talent est bien présent, et on repense à de grands groupes de ce genre, comme Mastodon ou encore Tool. Là aussi, les sifflets d’encouragement sont bien présents entre chaque morceau et l’apport visuel, fait d’images de catastrophe et de destruction apporte vraiment quelque chose, comme une aura de jugement dernier au groupe.
C’est alors que les lumières se rallument et que c’est l’heure du départ. Il est près de 2h30 du matin, mais putain que la soirée était géniale ! Entre un film dantesque et deux groupes qui se sont arrachés et qui sont promis à un grand avenir, on peut dire que les gars de la Deviant Zone ont vraiment du flair et une sacrée paire de couilles pour tenter ce pair fou mais qui en valait la peine ! Et heureusement qu’ils sont là pour faire bouger le centre d’Avignon, parce que sinon, ce serait bien mort. Alors que dire pour finir, gloire à la Deviant Zone, gloire au rock, gloire à Chtulu et Nyarlatothep, gloire aux chevelus et gloire au roller ! Entre la Masterclass avec Albert Dupontel et la soirée spéciale Court-métrage avec la présence de Xavier Gens, le réalisateur de Frontière(s), Hitman et The Divide, la fin de saison s’annonce énorme et promet une troisième saison monstrueuse ! Encore merci les gars !
Tutti Fucking Frutti Rock n’roll Motherfucker !
Par AqME
L’entraînement se fait au gymnase Philippe de girard!!! Merci pour ce chouette article.
je change de suite^^