avril 20, 2024

Human Target

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Auteurs : Peter Milligan, Edvin Biukovic, Javier Pulido

Editeur : Urban Comics

Genre : Action, Espionnage, Policier

Résumé :

Capable de reproduire jusque dans les moindres détails le physique mais aussi la personnalité de ses clients, pour peu qu’ils y mettent la somme, Christopher Chance est une cible vivante professionnelle, payé pour protéger et remplacer des personnes menacées de mort. Seulement, combien de personnalités un homme peut-il emprunter avant de perdre la sienne à jamais ?

Avis :

Quand on parle de comics à des gens qui n’ont pas forcément l’habitude de s’intéresser à ce genre, ils pensent automatiquement que cela ne concerne que les super-héros. Il est évident que les hommes et femmes en collant coloré et seyant sont prépondérants à ce support, mais il existe certains éditeurs indépendants qui fournissent aussi des histoires sans pouvoir, avec des personnages bien plus terre à terre. En fait, c’est un peu comme si on disait que le manga n’était fait que de personnages avec des cheveux ébouriffés et superpuissants. Vertigo est une maison d’édition qui s’est quelque peu spécialisée dans le comics mature, sans trop de super-héros. Parmi leurs publications les plus connues, on pourrait citer Watchmen, qui est un monument du genre. Peter Milligan est un auteur qui aime particulièrement l’âme humaine et qui s’y intéresse de très près. Après Hellblazer, il signe avec Human Target un scénario brillant qui pose de multiples questions sur la personnalité et sur son identité.

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Les différentes histoires permettent de suivre Christopher Chance dont le métier est cible humaine. Il est payé par des gens dont la vie est en danger, ou qui souhaite résoudre une affaire délicate et Christopher Chance prend leur place, se camouflant en la personne et prenant complètement l’identité de l’employeur. Il va alors prendre la place d’un joueur de baseball, d’un homme laissait pour mort qui fait chanter un riche homme d’affaire, d’un prêtre noir dans les banlieues pourries par la drogue. Bref, les demandes ne désemplissent pas et Chance doit faire face à divers menaces, mais aussi à lui-même, perdant petit à petit son identité et n’arrivant plus à revenir lui-même.

C’est sur cette trame que Peter Milligan va tisser des intrigues assez simples mais sur un personnage complexe et dont la psychologie devient de plus en plus défaillante. C’est d’ailleurs autour du personnage que les histoires vont s’axer, lui donnant encore plus de doutes sur sa propre personnalité et sur son identité. Comment vivre en étant toujours dans la peau de quelqu’un d’autre ? Savons-nous qui nous sommes vraiment ? Les différents scénarios sont très habiles et on peut découvrir un héros qui n’est pas si sûr de lui et qui peut à tout moment perdre le contrôle de sa vie, voire s’approprier la vie de quelqu’un d’autre. Histoire d’ajouter un certain message acide, le scénariste s’amuse à placer quasiment toutes ses intrigues dans Los Angeles, ville du superficiel et de l’apparence. Il dresse ainsi un portrait brûlant sur cette société du vide, montrant des personnages aussi vide que cette ville et un Christopher Chance se complaisant dans cette société anonyme où il a finalement sa place. Tout cela est très intelligent et le lecteur a envie de savoir ce qu’il va se passer.

Le seul point un peu décevant provient du dessin. Que ce soit de la part du défunt Edvin Biukovic ou alors de Javier Pulido (Robin Année Un), le dessin ne fait pas du tout comics. En fait, on plus l’impression de lire une BD franco-belge qu’un comics américain. Le trait est assez épais au niveau des contours et on aura des moments assez rigides sur les phases d’action et de mouvements. Néanmoins, on sera accroché à la lecture grâce à un savant dosage entre dialogues et moments d’action. D’un point de vue des couleurs, c’est assez fades et on ne sera pas scotché par cela, et pourtant, les histoires ne sont pas si anciennes que cela.

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Au final, Human Target est un véritable comics intelligent. Bien loin des histoires de super-héros ou de destruction massive, le récit s’ancre dans une réalité palpable avec une crise identitaire très perturbante. Le récit se plaçant aussi dans une ville superficielle où le culte de l’apparence règne en maître ajoute une plus-value au fond de ces histoires qui restent passionnantes. Résolument l’une des sorties immanquables de chez Urban Comics.

Note : 16,5/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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