mars 29, 2024

Madworld

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Résumé :

Aidez votre personnage à traverser Varrigan City, une ville infestée de terroristes.

Avis :

La Wii est une console qui fleure bon les pâquerettes, la douceur de vivre, les jeux bon marché et tout public… Enfin, presque. Derrière ce cliché, il existe une frange de jeu plus mature bien qu’assez rare sur le support de Nintendo. Dans ce registre qui se destine avant tout aux adultes, on dénombre une poignée d’œuvres marginales qui suscitent la polémique de par leur contenu extrême. Ils choquent les bonnes mœurs et autres hypocrites de tous poils sans rien cacher. Dès lors, l’on peut s’interroger sur l’exposition d’une telle débauche de violence gratuite à l’écran. Qu’il s’agisse de cinéma ou de jeu vidéo, ces titres si brutaux prévalent avant tout pour leur réputation sulfureuse. Mais qu’en est-il de leur véritable qualité ?

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MadWorld ne s’embarrasse guère de préliminaires et annonce la couleur avec un style graphique marqué et assumé. À l’image de son ambiance sombre et vindicative, les teintes monochromes décrivent des environnements variés au sein d’une ville transformée en un terrain de massacre grandeur nature pour une émission télévisée. Le noir et blanc contraste avec les gerbes de sang qui seront légion au cours de votre implacable vendetta. En ce sens, le jeu évoque Sin City et son côté brut de décoffrage. D’ailleurs, la présence d’onomatopée et de vignettes lors des cinématiques provient clairement du monde de la bande dessinée.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’histoire s’avère moins bête et sommaire que prévu. Certes, cela demeure basique et assez linéaire dans son déroulement. Toutefois, le faux suspense distille les rebondissements et les révélations aux moments opportuns, et ce, avec une certaine efficacité. De fait, la narration se montre aussi nerveuse que la traversée de Varrigan City. Derrière cette débauche de brutalité, le message acerbe bouscule les idées reçues sur fond d’humour noir. Le pouvoir des médias, la banalisation de la violence et le développement de la télé-réalité pour contenter les masses ou, en l’occurrence, une élite de nantis, sont des notions percutantes et cyniques à souhait.

De fait, l’aspect caricatural de certains personnages n’interpelle pas dans le mauvais sens du terme ; comme le baron noir et son inaltérable bagou avant une exécution. Peu importe comment il revient à chaque intervention puisque le résultat est le même à la fin de sa tirade. Au contraire, cela donne parfois des moments cocasses prompts à introduire un défi ou un niveau sur le ton de la légèreté. Pour pousser l’autodérision dans ses derniers retranchements, l’on a droit à des commentaires des actions de Jack en direct et en français, je vous prie ! Entre le pathétique, le tendancieux ou le ronflant, ce duo de bras cassés multiplie les couacs et les réparties pas toujours finaudes, voire répétitives, mais amusantes et décomplexées.

Et le jeu dans tout ça ? La prise en main est quasi immédiate avec des commandes classiques (saut, frappe, projection…). Le gameplay tire parti de nombreux éléments de décors, comme les panneaux de signalisation, les pneus, les bougies, les caisses ou les tonneaux. Autant de possibilités qui permettent de varier les plaisirs et les exécutions. Empaler, brûler, démembrer, tronçonner, écraser… La palette des mises à mort est aussi diversifiée qu’elle encourage à faire souffrir un maximum ses victimes avant de les tuer une bonne fois pour toutes (cela rapporte plus de points et ravit les spectateurs).

En cela, les codes du beat’em all se retrouvent facilement avec une progression sans heurt particulier si ce n’est les boss qui vous attendent pour conclure un passage. Doté d’un design marqué par de multiples influences, il vous faudra trouver la technique la plus efficace pour en venir à bout sans perdre d’énergie. Chose étrange, certains ennemis disposent d’un classement Deathwatch inférieur et se montrent plus retors à battre. En effet, MadWorld renoue avec le terme de vies limitées ; ce qui oblige à tant soit peu à un minimum de stratégies et de recherches (bonus de soins, armes supplémentaires…) pour ne pas recommencer depuis le début.

Ce point pourrait faire rallonger une durée de vie décevante. Malgré le plaisir que l’on éprouve à parcourir le jeu, la difficulté se révèle très relative. L’unique niveau de difficulté se montre trop équilibré pour disposer d’un challenge corsé (le mode difficile est disponible lorsque l’aventure principale est finie). Il est vrai que l’on peut tenter d’améliorer ses scores sur chaque séquence ou s’essayer aux mini-jeux jouissifs (mais rapidement lassants) à deux joueurs, mais n’espérez pas plus de cinq heures pour l’exploration (l’épuration ?) des quartiers de Varrigan City. À noter, l’absence honteuse de contenu à débloquer ou de bonus tels des artworks ou même des trailers. Le néant total de ce côté-là.

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Au final, MadWorld est un beat’em all qui mérite amplement sa réputation sulfureuse. La violence gratuite est omniprésente et parfaitement assumée. Mais ne nous arrêtons pas à ce simple constat, car le jeu recèle un scénario pas toujours très surprenant, mais perclus de références en tout genre (New York 1997, Running man, Sin City…) et plutôt subtile dans ses retournements de situation. Mais là où se démarquent les développeurs de Platinum Games, réside dans son aspect anticonformiste et marginal où le politiquement incorrect dénonce l’abrutissement des masses face à des programmes décérébrés. Quoi de mieux que la bestialité la plus primaire qui soit pour exposer de tels sujets ? Malgré une durée de vie décevante, l’on a droit à une expérience extrême sans concession où le plaisir coupable de tuer est aussi jouissif qu’il propose de façons inventives de mettre fin à leurs souffrances. Sans aucun doute, le jeu le plus trash de la Wii, voire de cette génération de consoles. C’est dire…

 

Note : 16/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=-2MYPmbgrI0[/youtube]

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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