avril 18, 2024

Deauville Jour 2

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Il est 7h12 du matin quand je commence à émerger, emmitouflé sous ma couette. Je regarde à travers les vitres de ma voiture, je devine le jour qui se lève doucement sur Deauville derrière toute la condensation de ma nuit passée bien au chaud. Je pensais passer une nuit courte et agitée, réveillé par les allées et venues des uns et des autres, mais bizarrement ce ne fut pas le cas, puisque j’ai fait ma nuit d’une traite. L’heure sur mon portable indique que je suis réveillé une heure avant ce que j’avais prévu. J’essaie de me rendormir, mais rien n’y fais, je n’y arrive pas. Ma tête pleine d’envies, de questions, quel programme aujourd’hui ? Qu’aller voir ? Pas de choix et peu d’occasions, il va falloir trancher. Vous imaginez bien qu’avec toutes ces questions qui se bousculent, j’ai beau me retourner et me retourner, je décide finalement d’arrêter d’essayer de dormir. Je sors donc prendre l’air et voir à quoi peut ressembler une ville en plein festival.

Il fait frisquet ce matin-là, les mouettes chantent déjà, moi mon programme à la main, je cherche une boulangerie. Ma première séance de la journée c’est « #Chef » de Jon Favreau, qui fait partie du cadre des avant-premières et ne fait donc pas partie de la sélection en compétition, même si le film et son réalisateur auront le droit au tapis rouge le soir même. Le film est une comédie culinaire et ça tombe bien, j’ai faim et je suis d’excellente humeur, puis faut dire que j’aime bien Favreau. Le film est projeté à 8H45 du matin, uniquement pour la presse. Je crois n’avoir jamais été au cinéma aussi tôt. C’est dingue comme le temps passe vite le matin, alors quand je me rends compte qu’il me reste plus qu’une demi-heure avant d’aller voir le film, je m’active un petit peu quand même. J’engloutis mon éclair au chocolat (histoire entretenir mon XL), je me lave les dents à la bouteille d’eau et je mets des vêtements corrects et hop, direction le cinéma le Morny Club pour aller découvrir ce petit film qui s’annonce sympa. Et c’est bien ce qu’il va être ce film. Jon Favreau réalise là une comédie divertissante qui a des allures de road trip et surtout de « food porn » qui ouvre l’appétit comme ce n’est pas permis.

Il est presque 11h quand je ressors du cinéma. Pas le temps de la réflexion sur le film, avec les autres amis blogueurs et critiques qui sont là aussi. Non, on fonce au CID du festival pour aller voir un autre film qui est projeté à 11h, un film en sélection officiel, c’est le troisième projeté officiellement, c’est-à-dire avec le jury dans la salle. Ce film, c’est « Cold In July » rebaptisé chez nous « Juillet de Sang » et qui sortira pour la toute fin de l’année. Ce film est réalisé par Jim Mickle qui avait fait sensation l’année passée avec son second long métrage, « We are what we are » et « Juillet de sang » est l’un des films qui me tente le plus du festival. Je suis très curieux de voir le résultat.

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Cinéted et Jon Favreau

Une projection à Deauville officielle a ses règles apparemment. Quand le Jury rentre dans la salle, beaucoup de monde applaudit, ils sont placés bien au centre de la salle. Puis les lumières s’éteignent, un homme sur la scène, micro à la main demande d’accueillir le réalsiateur. Projeteur blanc, musique inquiétante à base de trompettes et de tambours, le réalisateur et sa productrice viennent sur la scène pour présenter le film. Le réalisateur est heureux d’être de retour et nous raconte quelques anecdotes, comme le fait que la fin de tournage de « Juillet de sang » était l’année passée, trois mois avant qu’il vienne présenter à Deauville « We are What We are« . Il espère que le film nous plaira et nous remercie en français pour l’accueil, puis retourne se placer dans la salle. Noir dans la salle, le film commence et je m’apprête à avoir mon premier coup de cœur du festival, car « Juillet de Sang » et son trio d’acteur est une petite bombe qui devrait faire parler de lui à la fin de l’année. Le public a l’air conquis, et c’est un tonnerre d’applaudissements à la fin du film. À la sortie du film, je croise Claude Lellouch qui accepte avec enthousiasme de me signer un DVD que j’ai ramené et me félicite pour le choix du film, qui est un qu’il estime beaucoup. J’ai ramené « À nous deux » avec Catherine Deneuve et Jacques Dutronc.

Il est 13H, et je n’ai plus rien avant 17h30, où j’assiste à la MasterClass donnée par l’immense John McTiernan. Mes deux portables commencent à être HS. Je me dirige alors vers la salle de presse pour les recharger et puis commencer à écrire sur « #Chef » et « Juillet de Sang« .

Après une bonne heure et demie, passée dans les pensées, mes relectures et mes corrections, une copine vient me rejoindre et me dit qu’il y aurait surement une possibilité de chopper une dédicace de John McTiernan avant d’aller au master. Étant friand de ce genre de chose, je saute sur l’occasion. Le réalisateur réside dans la villa quartier, où sont logés entre autres Clémence Poésy ou Jon Favreau. Quand on arrive, il y a un peu de monde devant qui attend, mais rien de bien folichon non plus. Peut-être une vingtaine de personnes. On commence à discuter ensemble, de nos ressentis sur les deux films du matin. On est d’accord tous les deux. Puis au bout d’une demi-heure, soudain, on entend un homme s’exclamer avec étonnement « Oh Jon !!! ». On regarde en salle, à la sortie de la villa, personne, puis on se retourne et c’est ainsi qu’on voit arriver à pied, tout sourire, Jon Favreau, qui revient surement d’une interview ou peut-être d’une balade simplement. Ayant prévu de voir le comédien dans la journée, je sors un DVD prévu pour l’occasion. Je me dis que l’instant va passer vite et que j’aurais surement peu de chance. Mais non, le comédien est adorable et se prête au jeu des photos et autres dédicaces. Il prend le temps avec les gens, mais est poussé par son agent qui lui dit de rentrer dans la villa. Il promet de ressortir dans peu de temps pour les déçus. Et c’est bien ce qu’il va faire, puisque moins d’un quart d’heure après, une voiture s’arrête, et le comédien ressort. Comme si la rumeur s’était répandue comme une traînée de poudre, il y a encore plus de monde à attendre et l’acteur tient ses promesses. Il se re-prête au jeu et va aller voir chaque personne présente, (j’en profite pour avoir une deuxième signature) et à la fin, il demande haut et fort si tout le monde est satisfait, s’il n’a oublié personne. La scène est drôle, surtout les yeux de son agent quand un mec crie qu’il a été oublié et que Jon Favreau, à la place de monter en voiture retourne voir ce mec. Cela a dû durer peut-être moins de dix minutes, mais le comédien repart sous les applaudissements de la foule.

Ravi de notre bonne chance et sous le charme de l’acteur qui ressemble à un gros nounours protecteur, on se rend compte que la masterclass approche et qu’on risque de ne plus avoir de place. Alors on se rend dans la file d’attente. La salle n’a que deux cents places de prévu et quand on arrive il n’y a pas grand monde, alors qu’on est à moins d’une heure. Le réalisateur n’attirerait plus les cinéphiles, non, ce serait un mauvais scénario. Et effectivement puisque peu de temps après que l’on soit arrivé, la foule commence à s’amasser dans l’entrée du CID. Tout le monde ne rentrera pas.

Une fois dans la salle, on se retrouve au quatrième rang, ce qui est bien. D’ici, on voit tout et bien. La masterclass commence avec un peu de retard et c’est un John McTiernan souriant qui fait son entrée. Heureux d’être là, j’ouvre bien grand mes oreilles pour profiter au maximum de cet instant, qui sera malheureusement très très loin des attentes. La masterclass va durer une heure et demi, et le journaliste qui pose des questions au réalisateur est hésitant. Les questions qu’il pose ne sont pas forcément intéressantes et compare le cinéma de McTiernan à celui de Bergman. L’ennui gagne le terrain, même le réalisateur perd son sourire. Le journaliste intellectualise le cinéma de l’auteur et oublie de parler du plaisir de faire de tels films. Et c’est difficilement que la masterclass va se finir avec seulement deux questions posées par le public au réalisateur et c’est bien dommage. On se rend compte qu’on a eu très peu d’informations et qu’on a rien appris qu’on ne savait pas. Seule la toute fin sera vraiment agréable, quand McTiernan se prête lui aussi au jeu des dédicaces avec les fans. Pour ma part, j’en ai eu deux et je suis plus que ravi. Le réalisateur est à nouveau souriant et nous plus enjoués que dix minutes auparavant.

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John McTiernan

Il est 19H30 quand je ressors, impossible d’aller voir un autre film, les séances commençant à 21h. J’ai deux heures et demies de route et le lendemain matin, je commence à 05h du matin. Je reste un peu devant la sortie de l’hôtel des jurés, essayant de voir si je peux avoir Vincent Lindon ou Jean-Pierre Jeunet, mais l’avant-première de ce soir-là n’est pas un film en compétition, et ils ne sont pas tenus de sortir voir le film. Seul Zoé Felix fera une apparition. Moi, je reprends le volant, heureux de mon weekend, comparant Deauville à un Disney pour cinéphile, mais je suis aussi frustré de ne pas faire la complète. Je me console en me disant que ce n’est que cinq petits jours de travail et j’y retourne en plus pour assister à une conférence d’Abel Ferrara et rien que de savoir ça, je suis déjà plus qu’impatient.

Ce premier weekend aura donc été riche en rencontres, en souvenirs, en émotions. Avec des coups de cœur comme des coups de gueule. Je suis sur mon petit nuage. Je rêvais d’en faire un et c’est bien comme je me l’imaginais. Bref, c’est incroyable, d’enfer et j’ai pris un pied pas possible à le faire. Alors rendez-vous la semaine prochaine histoire d’avoir la suite du programme.

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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