avril 20, 2024

Gran Torino

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De : Clint Eastwood

Avec Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her, Geraldine Hugues

Année: 2008

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé:

Walt Kowalski est un ancien de la guerre de Corée, un homme inflexible, amer et pétri de préjugés surannés. Après des années de travail à la chaîne, il vit replié sur lui-même, occupant ses journées à bricoler, traînasser et siroter des bières. Avant de mourir, sa femme exprima le vœu qu’il aille à confesse, mais Walt n’a rien à avouer, ni personne à qui parler. Hormis sa chienne Daisy, il ne fait confiance qu’à son M-1, toujours propre, toujours prêt à l’usage…
Ses anciens voisins ont déménagé ou sont morts depuis longtemps. Son quartier est aujourd’hui peuplé d’immigrants asiatiques qu’il méprise, et Walt ressasse ses haines, innombrables – à l’encontre de ses voisins, des ados Hmong, latinos et afro-américains « qui croient faire la loi », de ses propres enfants, devenus pour lui des étrangers. Walt tue le temps comme il peut, en attendant le grand départ, jusqu’au jour où un ado Hmong du quartier tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino… Walt tient comme à la prunelle de ses yeux à cette voiture fétiche, aussi belle que le jour où il la vit sortir de la chaîne.
Lorsque le jeune et timide Thao tente de la lui voler sous la pression d’un gang, Walt fait face à la bande, et devient malgré lui le héros du quartier. Sue, la sœur aînée de Thao, insiste pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Surmontant ses réticences, ce dernier confie au garçon des « travaux d’intérêt général » au profit du voisinage. C’est le début d’une amitié inattendue, qui changera le cours de leur vie.
Grâce à Thao et sa gentille famille, Walt va découvrir le vrai visage de ses voisins et comprendre ce qui le lie à ces exilés, contraints de fuir la violence… comme lui, qui croyait fermer la porte sur ses souvenirs aussi aisément qu’il enfermait au garage sa précieuse Gran Torino…

Avis:

Clint Eastwood a commencé sa carrière devant la caméra. Alors militaire, il se fait repéré par son charisme et son allure pour jouer dans des westerns et des films de guerre. Mais le grand monsieur a très rapidement envie de prendre la caméra à pleine main pour tourner ses propres films. Il commence donc en 1971 avec Un Frisson dans la Nuit et il ne s’arrêtera plus pour faire des films de très bonne qualité et relativement varié. D’ailleurs, sa filmographie parle pour lui-même et quand on voit des films comme Million Dollar Baby à côté du Maître de Guerre ou de Impitoyable, on sait que l’on est face à un grand réalisateur. Et c’est d’ailleurs l’un des seuls dont la quantité ne joue pas sur la qualité. Gran Torino est un peu un tournant dans la carrière de Clint Eastwood puisque c’est le dernier film qu’il réalise et dans lequel il tient le rôle principal. Se faisant de plus en plus rare devant la caméra, Gran Torino est sa dernière grande prestation (Une Nouvelle Chance est quand même moins puissant) et ce film devait avoir un retour!

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Mets une bonne note ou je te bute, sale camembert!

L’histoire de ce film est toute simple mais s’inscrit dans une réalité alarmante. Walter Kowalski vient de perdre sa femme. Il vit seul avec son chien dans un quartier populaire où une population asiatique s’est installée. Après une guerre de Corée qui l’a traumatisé, il déteste les asiatiques et leur fait comprendre. Un beau jour, il empêche un gang de prendre son jeune voisin qui n’a aucune envie de devenir un mauvais garçon. Il devient malgré lui le héros du quartier et prend sous son aile le jeune garçon en lui apprenant certaines valeurs comme le travail et l’entraide. Walt va alors s’apercevoir de la grandeur de ce peuple asiatique et changer de point de vue. Seulement, le gang qu’il a mis en déroute n’a pas dit son dernier mot. Au travers de cette histoire assez simple, Clint Eastwood va mettre en avant une flopée de messages à la portée puissante et qui manque cruellement au monde d’aujourd’hui.

Le premier message qui saute aux yeux concerne le racisme. Le personnage principal est un grand raciste, surtout envers les asiatiques, mais ce n’est pas le seul. En effet, on va voir que les gangs sont en fait des ethnies et qu’ils ne s’aiment pas non plus, montrant un racisme latent fait de provocations et de guérillas. Mais la force de Clint Eastwood dans ce film, c’est de mettre en avant un racisme pluriracial, montrant ainsi que le racisme touche tout le monde et provient de tout le monde. Il évite ainsi de stigmatiser une communauté. Par la suite, on va pouvoir voir un message sur la rédemption, le pardon. Encore une fois, le personnage de Walt est mis en avant, refusant de se confesser, cachant ainsi de grandes blessures, puis s’attendrissant au fur et à mesure du film, pour finalement acquérir une paix intérieure bienfaisante. Cela amène vers un autre message qui est la transmission des valeurs comme le travail, l’altruisme, l’entraide et ça fait du bien de voir un film positif, évitant de mettre tous les jeunes dans le même panier. Enfin, on peut voir que la perfidie n’amène à rien et qu’être proche de sa famille n’est pas chose aisée et provient du père comme du fils. Gran Torino c’est tout ça, mais c’est surtout monté intelligemment, ne visant personne et ne stigmatisant pas une certaine population ou ethnie.

Bien sûr, la narration est très classique et on voit à des kilomètres ce qu’il va se passer, mais on est pris dans ce tourbillon d’émotion et de belles valeurs. De plus, le cinéaste a l’intelligence de jouer avec nous, en alternant des phases dramatiques avec des phases plus légères, plus drôles, renforçant ainsi un final étourdissant et très poignant. Certains passages se font écho, comme lors du confessionnal puis avec la porte grillagée entre Walt et Tao et c’est vraiment très puissant et fort dans sa symbolique.

Le tout est porté par des acteurs de grand talent. Clint Eastwood en tête qui livre là une prestation sans faille et d’une grande puissance émotionnelle. On se prend rapidement d’affection pour ce personnage bourru mais qui cache un grand cœur et qui semble perdu sans sa femme. Mais les autres acteurs, quasiment inconnus, sont vraiment très bons. Ahney Her qui incarne la sœur de Tao est excellente et très touchante, elle sera d’ailleurs le tampon entre Walt et sa communauté. Bee Vang, qui joue Tao, est bluffant et demeure lui aussi très touchant, notamment grâce à son caractère, il est profondément bon et gentil, mais aussi grâce à ses réactions et son écoute.

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On ne rigole pas avec moi!

Au final, Gran Torino n’est plus seulement le nom d’une sacrée bagnole, c’est aussi le nom d’un pur film, un chef d’œuvre qui emporte tout le monde sur son passage et qui se révèle très intelligent. Un film classique mais qui est voué à devenir un grand classique dans quelques années. Clint Eastwood livre surement l’un de ses meilleurs films et le plus touchant dans un contexte historique toujours d’actualité où le racisme est un fléau qui détruit l’homme à petit feu.

Note: 19/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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