avril 25, 2024

Hadès Palace – Francis Berthelot

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Auteur : Francis Berthelot

Editeur : Le Bélial

Genre : Fantastique

Résumé :

Paris, début 1979.

Maxime Algeiba est le mime-serpent, un jeune artiste au talent exceptionnel. Aussi est-il contacté par l’imprésario de l’Hadès Palace — demeure tentaculaire au luxe magnétique, palais prestigieux où les grands du monde se pressent pour assister aux représentations du gratin artistique international. Comment refuser pareille offre : un contrat au sein d’un lieu aussi mythique ? C’est un tremplin, une occasion inespérée. Pourtant, une fois logé dans les dorures du Palace, Maxime ne tarde pas à remarquer des faits étranges. Pourquoi ces hommes armés qui quadrillent théâtres et couloirs ? Et ce malaise qui pétrifie Maxime dès qu’il s’éloigne dans les jardins alentour ; cette terreur sourde qui paraît régner chez les artistes ; ou encore ces « trois cercles » évoqués à demi-mot par certains ? Des questions qui ne trouveront réponse qu’une fois percés les secrets enclos derrière le visage impénétrable du maître du Palace, Bran Hadès.

Mais à quel prix ?

Avis :

En général, les grandes bicoques austères sont la proie de fantômes et autres poltergeists en mal de reconnaissance. Les classiques de l’épouvante n’en démordent pas et renouvellent l’exercice avec plus ou moins de réussites. Ici, ce ne sont pas les spectres qui se donnent en spectacle, mais une bande d’artistes embauchés au sein de l’Hadès Palace, une sorte de manoir reconverti en cabaret de luxe pour l’élite mondiale. Coutumier de la littérature de l’imaginaire (comme la science-fiction), Francis Berthelot poursuit son exploration du fantastique avec Le cycle du démiurge, dont Hadès Palace s’inscrit comme le sixième volet.

Que l’on se rassure, il n’est nul besoin de connaître les précédents ouvrages pour se lancer dans la lecture. D’après les notes de l’auteur, l’on remarquera la présence de personnages récurrents dans des récits apparemment indépendants. Hadès Palace dispose d’une histoire intrigante, mais pas forcément dans sa construction ou de sa situation initiale qui se pose sur la découverte de la demeure et ses mystères. On distingue trois parties censées sonder trois cercles de dimensions différentes où les artistes résident selon leur comportement. La référence à La divine comédie est évidente et n’est que l’amorce à une multitude d’autres clins d’œil mythologique qui occupe les pages.

De ce point de vue, la progression reste assez lente et prévisible (l’on devine sans mal qu’on aura droit à une visite complète des cercles). On pourrait y déceler une certaine redondance au niveau des séquences où les numéros de spectacle s’avèrent un peu trop présents au fil du récit. Certes, cela étaye l’atmosphère singulière des lieux et ce sentiment impalpable que l’on éprouve au sein des couloirs. Même si ce n’est pas de l’effroi ou de l’appréhension, on a l’impression de tourner en rond jusqu’au prochain élément déclencheur. À cela s’ajoutent des descriptions souvent trop longues qui se perdent en détails et palabres dispensables.

Toutefois, l’auteur n’a pas son pareil pour dépeindre l’indiscernable, l’abstrait. Le style d’écriture très particulier fait la part belle aux métaphores, aux expérimentations littéraires des plus originales au plus saugrenues. Un traitement étonnant qui se rapproche de la poésie surréaliste tant dans ses fondements que les idées qu’ils véhiculent. L’onirisme divague dans des délires imaginaires surprenants qui peuvent parfois prêter à confusion. Le mélange entre la réalité et le rêve est bien dosé et laisse une illusion subtile que les deux niveaux de perception sont intriqués l’un à l’autre. Toutefois, certains passages nécessitent une relecture et une analyse approfondie pour saisir pleinement la vision de l’auteur ou le sens qu’il accorde aux mots.

En ce qui concerne les protagonistes, on a droit à une palette de caractères complémentaires et dissemblables qui forment la « ménagerie » du palace. Une sorte de cirque sédentaire où les rivalités ne sont pas forcément très présentes. En effet, l’on préférera se pencher sur la nature même de l’endroit et les événements paranormaux qui s’y déroulent. À ce titre, la demeure est un personnage à part entière qui recèle des émotions propres où sa part d’ombre est prépondérante. On la parcourt comme on explorerait les méandres de l’âme humaine avec ses tourments, ses joies et ses peines.

Au final, Hadès Palace est un roman fantastique qui divise. La progression se révèle lente et répétitive où les descriptions longuettes en perdront plus d’un. Toutefois, la touche lyrique inattendue qui émane de l’histoire s’avère surprenante. Cette approche originale et abstraite occulte quelque peu les défauts suscités pour laisser place à une vision fantasmagorique percluse de références en tout genre. La lecture n’est pas forcément aisée, notamment au niveau des introspections, des implications et d’un texte assez compact, bien que court (352 pages en format poche). Il en résulte un livre non dénué d’intérêt qui sort de l’ordinaire, mais dont la progression et le rythme auraient gagné à être aussi curieux et étranges que sa poésie.

Note : 13/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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