mars 28, 2024

L’Inspecteur Harry

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De : Don Siegel

Avec Clint Eastwood, Andrew Robinson, Harry Guardino, Reni Santoni

Année: 1971

Pays: Etats-Unis

Genre: Policier, Action

Résumé :

Si la police de San Francisco ne remet pas immédiatement 200 000 dollars à un homme qui vient de commettre un crime, il recommencera au rythme d’un assassinat par jour. L’inspecteur Harry Callahan est sur ses talons.

Avis :

Il y a des personnages qui colle à la peau de certains acteurs et qui ont un mal fou à s’en défaire. Cela est très prégnant dans les séries-télé, mais on commence à retrouver cela dans le cinéma, notamment dans les grandes sagas. Daniel Radcliffe sera toujours rattaché au personnage de Harry Potter. Orlando Bloom sera toujours un elfe dans le cœur de ceux qui ont aimé Le Seigneur des Anneaux. Parfois, ce n’est pas tant le personnage, mais le caractère du protagoniste. On pourra citer en vrac, Vin Diesel dans le rôle du gros bourrin de bas étage, Jason Statham dans le gentil qui faut pas faire chier, Client Eastwood dans le rôle d’un personnage bourru et bourrin. Et ça tombe bien, car s’il y a bien un personnage auquel le grand acteur, par la taille et le talent, sera toujours associé, c’est L’Inspecteur Harry. Premier volet d’une saga en cinq films, c’est aussi l’un des premiers rôles de Eastwood en dehors d’un militaire. Datant de 1971, le film commence à se faire un petit peu vieux. Mais comme on le sait, non seulement c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures, mais la qualité d’un film c’est d’être toujours d’actualité. Et c’est bien le cas avec L’Inspecteur Harry !

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T’as dit un truc sur ma coupe ?

Le scénario est très simple. Un tireur fou sévit dans les rues de San Francisco. Il tue une jeune femme et envoie une lettre à la police. Il réclame alors 100 000 dollars sinon, il tuera encore. Son nom de code est Scorpio. Pour résoudre cette affaire, la police et le maire font appel à Harry Callahan, un flic bourru, brute et aux méthodes expéditives. La traque va alors commencer. Pour aujourd’hui, le scénario peut sembler assez léger, mais il faut recontextualiser le film. Tourné en 1971, le polar noir a connu des formes extrêmes et bizarres, mais n’est jamais allé aussi loin que L’Inspecteur Harry. Parce que sous ces apparences classiques se cache un film sombre, avec des personnages troubles et surtout un genre de nihilisme très surprenant. C’est d’ailleurs cela qui va démarquer ce film des autres productions de l’époque.

L’ambiance du film est très surprenante. Si le début est presque amusant avec une musique gentiment rétro et un flic bourru qui défouraille facilement du cambrioleur de banque, le film va sombrer dans une ambiance glauque et poisseuse grâce à un tueur pas forcément charismatique, mais franchement haïssable et sans aucun scrupule. Et c’est là que le film tient sa force, c’est dans la rupture d’ambiance, dans ce détournement qui fait que le film est noir et violent dans son propos. Don Siegel n’hésite pas à balancer des nanas nues en frontal ou de faire mourir des innocents voire des enfants. Ce qui serait vu comme un traumatisme dans le cinéma policier d’aujourd’hui est utilisé dans ce film pour rendre le propos plus acerbe et plus cynique.

Parce que L’Inspecteur Harry n’est pas qu’une succession d’action et de course-poursuite. C’est aussi une critique maline du système judiciaire américain. On remarquera toute la défense qui se met en place autour du tueur et comme le gentil flic qui fait son job est envoyé à l’abattoir. C’est inattendu dans le film et montre toute l’incompétence des supérieurs qui ne bossent que dans les bureaux et qui demeurent en dehors des réalités. On retrouve aussi, avec l’acolyte que Harry se trimballe, une réflexion sur le métier de policier, ses risques, leurs rôles et les compensations ainsi que leur formation. En effet, le coéquipier est formé en sociologie et pas forcément en pour faire flic, peu expérimenté sur le terrain. On voit que les deux personnages se posent des questions sur leur avenir et sur le devenir de leur métier. Tout cela est très bien fichu et n’entache absolument pas le récit, l’enquête et la poursuite.

Enfin, si le film est une réussite et qu’il sera porteur de quatre suites, c’est aussi et surtout grâce à la prestation sans faille de Clint Eastwood. Sortant de ses rôles de militaire, il endosse à la perfection le personnage de Harry Callahan. Ce n’est pas tant dans le look que l’on remarquera l’acteur, mais surtout dans ses réactions et son faciès. Il est dur, n’hésite pas à prendre des risques comme s’il n’avait plus rien à perdre et il demeure très efficace. Si le personnage est attachant, c’est parce qu’il garde des secrets, on sent qu’il y a quelqu’un d’autre derrière cette carapace et qu’il faut la percer pour voir le véritable Harry. D’un autre côté, on a Andrew Robinson qui campe un tueur psychotique de la plus belle des façons. Il est détestable, complètement hystérique et ne possède aucun scrupule hormis sa personne. L’acteur joue tellement bien ce rôle qu’il recevra par la suite des lettres de menace de certains cinéphiles. La scène où sa folie est la plus visible, c’est lors de la prise d’otage du bus scolaire.l_inspecteur_harry_photo_2

Je sais ce que tu te dis. A-t-il tiré 6 coups ou lui reste-t-il une balle ?

Au final, L’Inspecteur Harry est un excellent film qui n’a pas souffert des affres du temps. Toujours aussi pêchu et d’actualité, le film livre une vision acerbe du système judiciaire et un personnage emblématique qui se rapprochera des action heroes comme Charles Bronson, Tom Selleck et compagnie. Un indémodable à voir et à revoir sans concession.

Note : 17/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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