mars 29, 2024

La Jeune Fille et la Mort

La-Jeune-Fille-et-la-Mort

Titre Original: Death and the Maiden

De : Roman Polanski

Avec Sigourney Weaver, Ben Kingsley, Stuart Wilson, Krystia Mova

Année: 1994

Pays: Etats-Unis, Angleterre, France

Genre : Drame

Résumé :

Paulina Escobar, victime il y a quelques années de la dictature militaire de son pays, croit reconnaitre la voix et le rire de son tortionnaire dans l’homme, le docteur Roberto Miranda, venu raccompagner son mari tombé en panne.

Avis :

J’ai toujours aimé le cinéma de Roman Polanski. Je trouve que c’est un réalisateur extraordinaire et il ne m’a jamais déçu. Ses films sont toujours de bons, avoir de très bons et grands moments de cinéma, comme le sont pas exemple « Le pianiste« , « RoseMary’s Baby« , « Frantic« , « La neuvième porte » ou son dernier « La Venus à la fourrure » qui fut l’un de mes films préférés de l’année 2013, mais il y en a un que j’aime par-dessus tout. Un film qui, je trouve, se distingue dans la filmographie du réalisateur français.

Ce film, c’est « La jeune fille et la mort« . Sorti en 1995, je trouve que c’est un film oublié dans la riche carrière de Polanski. Un film fabuleux, dur et glauque à la fois, le réalisateur démontre encore une fois toute l’étendue de son talent dans le domaine du huis-clos. Un genre où il excelle, soit dit en passant.

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Le Chili vit encore le traumatisme de la dictature. Le nouveau président décide de mettre en place une enquête sur les crimes atroces qui ont été commis pendant cette période. L’avocat en charge de cette lourde affaire s’appelle Gerardo Escobar. Le soir de sa nomination, alors qu’il rentre chez lui, il crève une roue en rase campagne. Par chance, sur cette route déserte, il est pris en stop par le Docteur Roberto Miranda, un homme charmant. Pour remercier ce dernier, Gerardo l’invite à prendre un verre.

Paulina, la femme de Gerardo, est encore très traumatisé de son enlèvement des années plus tôt par la police secrète. Durant sa captivité, elle a subit toutes sortes de tortures et aujourd’hui il lui reste beaucoup de séquelles.

Alors qu’elle ne veut pas rencontrer le nouvel ami de son mari, préférant feindre la fatigue, seule dans sa chambre, elle entend la discussion des deux hommes. Et là, dans la pleine ombre de sa chambre, elle est prise de panique, elle croit, non, elle est sûre que cette voie si douce et charmante est celle de son bourreau. Très vite, elle décide de faire justice elle-même et de faire avouer au Docteur Miranda toutes les atrocités qu’il lui ont faites.

« La jeune fille et la mort« , c’est le titre d’une œuvre composée par Franz Schubert. Je trouve que c’est un titre accrocheur et qui sonne si bien pour ce film. Roman Polanski ayant réussi parfaitement à intégrer ce titre à l’histoire de son film, puisque le bourreau de la belle Paulina aimait passer cette musique quand il s’occupait d’elle. Avec ce film, le grand Roman Polanski revient à un genre dont il est passé maître, le huis-clos. Et je trouve que ce film est une totale réussite, aussi bien dans son fond que dans sa forme.

Sur le fond, je trouve le film génial, le réalisateur mêlant parfaitement réflexions politiques, historiques et le pardon, pour guérir et avancer. Ce scénario est une petite perle qui n’a pas fini de vous étonner. Une ancienne opposante au régime se retrouve face à l’homme qui l’a torturée. A la vue du traumatisme dont elle souffre et le comportement qu’elle a au début du film, le réalisateur créé le doute et pendant tout son film, on va se demander si cet homme, si sympathique, peut être ce bourreau dont elle va révéler les atrocités au fur et à mesure que l’histoire avance. On a envie de la croire, mais le réalisateur et surtout Ben Kingsley joue sur le regard apeuré et désabusé et ce doute va nous tenir sur tout son film.

Le film se révéle aussi parfait dans sa forme. Le cinéaste pose le décor de suite. Une nuit de tempête, une belle maison perdue dans la campagne, une panne d’électricité, les personnages éclairés à la bougie, tout est fait pour nous mettre la pression et il y arrive très bien. A chaque fois que je regarde ce film, je frissonne d’angoisse. Il y a quelque chose de glauque je trouve, de très malsain, de très lourd, de pesant et de très oppressant dans ce film. Aussi bien dans l’histoire que dans la mise en scène. Polanski prend son temps pour semer le doute. Il installe une ambiance pas possible. C’est un film intense et plus on avance et plus l’atmosphère s’assombrit. C’est vraiment excellent.

Le film est aussi nourri pas un trio de comédiens excellents. Le duel entre Sigourney Weaver et Ben Kingsley est incroyable. La comédienne est terrible dans la peau de cette femme brisée, presque folle. Je la trouve très émouvante, son jeu est touchant. Roman Polanski la réinvente pour ce film et elle a rarement été aussi bien. Je trouve que c’est même son meilleur rôle juste après le culte « Ellen Ripley ». Face à elle, on trouve Sir Ben Kingsley dans un rôle trouble. L’acteur en apparence tout sourire, peut-il être cet infâme bourreau ? Et c’est avec beaucoup de sincérité que le comédien va brouiller les pistes et s’amuser à nous perdre et il va tenir le ton juste, jusqu’à la fin. Stuart Wilson fera office de neutralité dans ce film, comme nous il va essayer de savoir où est la vérité et où est le mensonge.

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Avec « La jeune fille et la mort » Roman Polanski réalise-là un excellent film que j’adore me passer régulièrement. C’est un film si dur et sincère à la fois, c’est un film très réaliste. Un film qui pose une belle réflexion sur la justice et le pardon. C’est un film que je trouve méconnu à tort et avec ces quelques lignes j’espère vous donnez envie de découvrir ce petit chef-d’œuvre quelque peu oublié.

Note : 18/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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