avril 25, 2024

Eldritch – Tasting the Tears

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Avis :

Quand on parle de métal français, on se fait rapidement une idée du paysage culturel, avec des groupes devenus référentiels au fil des années comme Lofofora ou Tagada Jones. Mais on oublie souvent de citer des petits groupes qui sortent des skeuds en douce et qui ont un peu de mal à se faire connaître ou reconnaître. Sauf si vous êtes un fin amateur de riff agressifs et de voix grondante et vous connaissez des groupes comme Eths, AqME, Enhancer ou encore The Arrs. Mais il faut croire qu’il n’y a pas que dans notre beau pays que les groupes ont du mal à se faire un nom et à bousculer un peu les frontières pour faire écouter leur gros son. Il faut savoir que Eldritch est un groupe italien qui tourne depuis 1997. Alors comment cela se fait-il qu’après près de 17 ans d’existence et pas moins de 10 albums, on entend parler d’eux que maintenant ? et encore, parler est un bien grand mot, car si on ne farfouille un peu le net et les étalages de commerçants s’y connaissant, on est aux abonnées inconnus encore. Bon, la faute est peut-être aussi du côté du groupe, qui change de line-up comme de chemise, ne gardant que le chanteur et le guitariste, possédant un nom bizarre et ayant changé de registre depuis leur début, passant d’un métal progressif à un thrash métal plus classique. Tasting the Fear (Goute mes larmes pour les allergiques de la langue de Shakespeare) est le dixième album du groupe et on va voir ce qu’il a dans le ventre.

Le skeud s’ouvre sur un morceau très long et assez classique dans le domaine du thrash métal, sauf que Inside You possède quelques passages assez prog avec notamment un clavier permanent. Le titre nous gratifie d’un immense solo de grattes et d’un refrain assez accrocheur mais peut-être un poil trop pop par rapport au reste du morceau qui demeure agressif et prenant. Tasting the Tears est encore plus long et montre toute l’étendue de ce que peut faire le groupe. C’est rapide, relativement burné, le clavier rajoute une sonorité pas dégueulasse, mettant le groupe dans une volonté d’évolution, mais la voix chevrotante du chanteur gâche un poil le plaisir. Avec de tels riffs et un tel rythme, on s’attend bien plus à du growl ou à quelque chose de plus nerveux et c’est par là que pêche un peu le groupe et l’album. Ce morceau possèdera d’ailleurs un moment purement prog métal avec un solo de clavier juste avant un solo de guitare. Pour cette première moitié de skeud, le goupe sort son premier moment calme avec Alone Again. Le titre est assez sympathique, mais il reste peu en tête notamment à cause d’une voix peu marquante et d’une rythmique qui se réveille trop tardivement. D’ailleurs, on va vite entendre les limites du chanteur sur certains passages peu convaincants. Waiting for Something est un titre court par rapport à tout ce qu’à proposer le groupe jusqu’à présent. Mais il ne marquera pas les esprits pour autant malgré des riffs puissants. En effet, le titre possède un refrain qui n’est pas agréable et dont on préférera oublier. Heureusement pour nous, les solos de guitares et de clavier sont énormes. Seeds of Love tient plus du hard rock que du métal et le titre reste assez anecdotique. Ce sera d’ailleurs le plus gros reproche que l’on pourra faire à cet album, proposer des titres très bons techniquement, mais qui ne fonctionne qu’à moitié parce qu’ils ne possèdent de moments vraiment marquants hormis les solos. The Trade, qui marque la moitié du skeud est un très bon titre, très technique, mais qui pêche encore une fois par son absence de refrain marquant et puissant.

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Something Strong entame la deuxième moitié du skeud et il commence très fort avec de gros riffs bien agro et qui envoient du pâté. On est purement dans un style thrash métal, mais encore une fois, la voix vient un petit peu gâcher la fête car pas assez agressive. Heureusement, le refrain bien pêchu redonne de la valeur à ce titre et l’appui d’une autre voix masculine apporte une véritable plus-value au morceau. Don’t Listen et un autre titre assez anecdotique. Un poil plus calme que la moyenne, avec un semblant de faux rythme, on restera sur notre faim avec ce morceau qui semble venir d’un autre âge tant on a l’impression d’avoir entendu cela des tonnes de fois. Arrive alors Iris, la ballade de l’album. Tout en piano, elle reste jolie mais quelque peu chiante car le groupe ne prendra aucun risque avec ce titre, n’explorant pas d’autres facettes que la ballade classique et qui fait un peu pièce rajoutée sur le skeud. Love From a Stone possède un très bon rythme lors des couplets, s’en allant vers les contrées égarées du métal avec quelque chose de scandé et de puissant. La suite du titre sera moins réjouissante, s’évertuant à ralentir le rythme sur les refrains pour permettre au chanteur de poser sa voix. Clouds est un excellent morceau, qui fait carrément métal industriel et qui pour le coup change de ce que l’on a pu entendre dans l’album. C’est intéressant et ça rentre pile poil dans les cordes (vocales) du chanteur. I Will Remember clôt cet album et il s’agit d’un titre acoustique, très simple plutôt mignon, et qui permet une pause avant de repartir pour un tour de skeud. Néanmoins, ce titre permet d’entendre toute la maestria du groupe et la cohésion qu’il peut y avoir entre chaque musicien et le chanteur, qui s’en sort bien pour le coup.

Au final, Tasting the Tears, le dixième album de Eldritch n’est pas un mauvais album, bien au contraire. Il s’agit d’un skeud plaisant à l’écoute, très technique et qui va du thrash au prog avec un talent certain. Mais le plus gros défaut de cet album, c’est qu’aucun titre n’est vraiment marquant et ne rentre dans la tête et pour le coup, c’est vraiment dommageable, empêchant le groupe d’être plus connu. On notera tout de même une superbe production et un album qui tient la route à quelques rares exceptions près.

  1. Inside You
  2. Tasting the Tears
  3. Alone Again
  4. Waiting for Something
  5. Seeds of Love
  6. The Trade
  7. Something Strong
  8. Don’t Listen
  9. Iris
  10. Love From a Stone
  11. Clouds
  12. I Will Remember

Note : 13/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ALn8nOF56M8[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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