avril 19, 2024

L’Emprise des Ténèbres

EMPRISE

Titre Original: The Serpent and the Rainbow

De: Wes Craven

Avec Bill Pullman, Cathy Tyson, Paul Winfield

Année: 1987

Pays: Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé:

Dennis Alan, jeune médecin américain ayant découvert un secret vaudou qui transforme les humains en d’atroces zombies dans l’île d’Haïti, devient la proie d’un terrible chef des Tontons Macoutes. Avec l’aide d’une jeune psychiatre -qu’il aime- Alan va affronter les puissances des ténèbres et du totalitarisme politique.

Avis :

Certains réalisateurs sont capables du pire comme du meilleur. Il est assez évident que personne n’est parfait et qu’un faux pas est vite arrivé surtout dans le domaine du cinéma. Cela est d’autant plus vrai avec un certain Wes Craven, qui a consacré sa vie au cinéma d’épouvante et qui a fait des films introduisant des légendes du cinéma horrifique comme des merdes sans nom qui ont surfé sur son nom. On retient bien évidemment Les Griffes de la Nuit avec le magnifique Freddy Krueger ou encore Scream et son célèbre Ghostface. Mais on ne peut pas passer à côté du film Le Sous-Sol de la Peur ou encore La Colline a des Yeux 2. Cela étant dit, ce sont souvent les films les plus méconnus qui demeurent les plus surprenants et en ce sens, L’Emprise des Ténèbres ne fait pas exception. En effet, beaucoup plus profond que la plupart des films de Wes Craven, le film contient plusieurs lectures et en plus, une critique du monde social en Haïti, chose que Craven ne rééditera pas, ce qui est bien dommage. Alors en quoi ce film est-il sympathique ? De quoi traite-t-il ? Rendez-vous en terre inconnue avec les tontons Macoutes et ce n’est pas très drôle !

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Si la mariée a une sale gueule, elle est au moins souriante !

Il est assez rare de voir Wes Craven devant un scénario aussi complexe que celui-ci. Habitué aux films simplistes mettant en avant un tueur plus ou moins charismatique et une flopée de victimes dont une jeune donzelle qui s’en sortira, L’Emprise des Ténèbres fait presque figure d’ovni dans la filmographie du réalisateur. On va suivre les aventures d’un jeune médecin en Haïti. En effet, des zombies seraient apparus sur l’île et un laboratoire pharmaceutique veut mettre la main sur la plante ou la poudre qui donne cette propriété. Seulement, arrivé sur place, le docteur va faire des rencontre assez inattendues, notamment avec une jeune pédiatre très charmante, un tenancier de bar mystique et le chef des tontons Macoutes, police répressive et totalitaire qui a sévit en Haïti durant les années 60 à 80. Et c’est là, la grande nouveauté pour Wes Craven, il donne un élan social à son film, ce qui a pour cause de donner de l’empathie pour le médecin et la pédiatre, mais aussi une haine sans retenue pour le grand méchant. Le réalisateur s’appuie aussi sur les superstitions qui sont clivées avec les tontons macoutes comme le vaudou et les esprits. Ainsi, on découvre un Craven capable de profondeur et un sujet assez passionnant s’ouvrant sur une scène assez magnifique, autant mystique que porteuse de malheur.

Bien sûr, le scénario de L’Emprise des Ténèbres ne s’arrête pas à des rencontres, puisqu’il puise l’essentiel de son horreur dans la magie vaudou, qui est assez peu représentée au cinéma. De mémoire, je connais seulement La Porte des Secrets. Ce jeune médecin va donc se trouver confronter à la population locale, aux croyances des gens mais aussi au déterminisme exacerbé du chef des tontons macoutes qui veut le voir partir le plus loin possible. On se doute un peu de ce qu’il va se passer et on va vite deviner comment le chef de cette police arrive à asseoir son pouvoir. Mais l’ambiance du film est vraiment très bonne et bien prenante. Profitant de l’aspect historique de l’île, Wes Craven va mettre en avant un climat chaud, étouffant, une atmosphère assez délétère, et surtout des rites vaudou plutôt surprenant. Du coup, le spectateur se sent mal à l’aise durant une bonne partie du film et on a peur pour ce jeune médecin qui a finalement un cœur et qui décide de mettre à mal les tontons macoutes. Le film respire l’urgence, le danger et la peur de l’étranger, comme on peut le voir avec les policiers, mais aussi avec les zombies qui ont une conscience ou encore le jeune médecin blanc qui vient fouiner dans les affaires des haïtiens. Tout est mis en place pour rendre le spectateur angoissé, ressentant un sentiment de danger permanent.

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J’ai trop picolé hier soir, j’ai une de ces gueules de bois !

Au niveau des acteurs, on a un gros bonnet du cinoche américain et une palanquée de jeunes acteurs pas spécialement connus. Mais comme on le sait tous, ce n’est pas la quantité d’acteurs connus qui fait la qualité du film, et encore une fois, L’Emprise des Ténèbres en est la preuve. Bill Pullman joue le héros du film et il ne porte pas le film sur les épaules, bien au contraire. Spécialement taillé pour cette aventure, il incarne parfaitement le jeune Indiana Jones du commerce pharmaceutique qui va en prendre plein la tronche malgré sa jolie gueule. Il est parfait dans ce rôle et investit complètement le personnage. On attachera aussi beaucoup d’importance à la belle Cathy Tyson qui incarne avec une grande justesse une femme médecin dans un milieu difficile et dans des conditions déplorables. Reflétant une certaine fragilité mais aussi une grande force dans la religion vaudou, elle est le parfait exemple du personnage avec lequel on ne sait pas sur quel pied danser. Mais le meilleur personnage reste sans aucune demi-mesure le grand méchant, incarné par Zakes Mokae que l’on a vu dans Waterworld ou Un Vampire à Brooklyn. Jouant avec un faciès peu avenant, il arrive à faire passer de la folie et une certaine violence au travers son regard et son sourire. Il est vraiment glaçant. Le reste du casting tient bien la route, comme le gentil Lucien ou encore le délirant Mozart.

Quand on regarde un vieux film, on a toujours une appréhension, du moins, j’ai une appréhension, c’est celle de voir un film qui a pris un coup de vieux et qui possède des effets spéciaux plutôt mal foutus. Mais avec Wes Craven aux commandes, on peut être sûr que le moindre passage un peu sale sera bien fait, comme dans Les Griffes de la Nuit. Ainsi, si les passages gores sont peu nombreux dans L’Emprise des Ténèbres, il reste bien sympathique et ont le mérite de faire sursauter parfois. Profitant de certaines croyances et la présence des zombies, Craven va se faire un malin plaisir avec une scène très sympathique avec une mariée zombie qui va ouvrir bien grand la bouche. La scène mouche et renforce le côté fantasmagorique du métrage, laissant le spectateur osciller entre rêve et réalité. Le combat final est lui aussi bien prenant et complètement délirant, montrant la folie du méchant mais aussi sa force, rappelant le passage de la maison qui tourne dans Les Griffes de la Nuit. Enfin, on n’échappera à la scène de torture qui fait mal, surtout si l’on est un homme et qui montre à quel point la société haïtienne est tenue par les couilles, au sens propre comme au sens figuré. Alors on pourra peut-être reprocher un rythme lent et un final aux effets spéciaux datés, mais quand même, ce film possède une aura vraiment particulière.

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Pour faire briller mes dents, je n’utilise pas Colgate, j’utilise le sang de mes victimes !

Au final, L’Emprise des Ténèbres est un bon petit film de la part de Wes Craven. Donnant une réelle profondeur au récit grâce à la situation politique en Haïti, Craven parvient à faire un film d’horreur correct où la violence psychologique côtoie la violence physique. Un film à part dans la filmographie du papy de l’horreur, qui accuse peut-être un rythme langoureux et une absence de gore. Mais putain, quelle ambiance !

Note : 14/20

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AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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