mars 19, 2024

Tesis

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De : Alejandro Amenabar

Avec Ana Torrent, Fele Martinez, Eduardo Noriega, Miguel Picazo

Année : 1996

Pays : Espagne

Genre : Thriller

Résumé :

Angela est étudiante en communication de l’image et prépare une thèse sur la violence audiovisuelle. Son professeur se propose de l’aider à chercher des films extrêmement violents à la vidéothèque de la faculté.
Le lendemain, il est retrouvé mort dans une salle de projection. Avec Chema, un camarade de classe, elle décide de visionner la cassette qui se trouvait dans le magnétoscope : c’est un snuff movie, l’enregistrement d’un meurtre réel ! Une femme y est torturée à mort…
Terrifiée et intriguée à la fois, elle décide avec l’aide de Chema, d’en savoir plus… Angela glisse sur un terrain dangereux qui lui vaudra peut-être de devenir la « vedette » du prochain snuff

Avis :

Qu’est-ce que le snuff movie ? On en entend souvent parler, notamment dans les films d’horreur, mais on a peu d’explications sur ce genre de films à tendance sulfureuse. Utilisé dans le Motel de Nimrod Antal, ou encore dans Snuff 102, le snuff movie est en fait un film amateur montrant de vraies tortures sur des gens kidnappés. De nature très violente, le snuff se veut réel et n’est là que pour choquer le spectateur. Dans le cinéma, il est souvent la cause de problèmes sur de pauvres hères égarés. Pour son premier film, Alejandro Amenabar, cinéaste confirmé aujourd’hui, notamment pour son travail sur le film Les Autres, décide de prendre ce genre de média pour en faire un thriller haletant, mais qui prend le parti de ne rien montrer, afin de ne pas tomber dans un vulgaire film gore qui ne sert pas à grand-chose. Douze ans après son première sortie en DVD, Carlotta décide d’éditer un bluray exclusif, et ça tombe bien, car cela permet de se replonger dans cet excellent film.

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Je vais tourner un film où tu dois rester assise, tu verras, ça ne fera pas mal !

Angela écrit une thèse sur la violence. L’un de ses chapitres se focalise sur la violence dans les médias et notamment dans l’audiovisuel. Elle demande alors à son souteneur de thèse de faire des recherches pour elle sur les films ultra violents. En parallèle, elle va à la rencontre de Chema, un élève fan de films d’horreur et solitaire. Il va alors lui ouvrir sa collection de films extrême. C’est alors qu’elle retrouve son professeur mort devant un film, celui qu’il avait sélectionné pour elle. Par curiosité, elle regarde le film avec Chema et se rend compte qu’il s’agit d’une vraie scène de torture sur une ancienne élève de l’école. Avec Chema, elle va mener l’enquête pour trouver qui est le responsable de ce meurtre. Quand on lit le scénario, on se rend vite compte qu’il ne s’agit pas d’un film d’horreur ou de torture-porn, mais bel et bien d’un thriller avec une enquête. Et c’est là toute l’intelligence du réalisateur, qui rend son film passionnant grâce à un univers glauque et un déroulement des évènements bien dosé.

Ce qui tient vraiment en haleine, c’est la recherche du meurtrier, de ce type qui aime faire des snuff movies. Sans entrer dans le sensationnel et le gore, Amenabar tisse une histoire qui s’axe autour de trois personnages, dont la psyché mentale reste trouble. Angela, assez prude de prime abord demeure assez malsaine dans son développement, puisqu’elle va être fascinée par ces films d’horreur et petit à petit va devenir insensible aux images brutes. D’autant plus qu’elle aime jouer avec le feu, tombant sous le charme de l’hypothétique meurtrier et semant le trouble dans son investigation. Chema quant à lui est très touchant dans son personnage, cet adorateur de l’horreur sous toutes ses formes. Solitaire, mal aimé par ses camarades, il représente le geek boutonneux qui n’a jamais de chance avec les filles. Détestable au départ, il deviendra très touchant malgré les doutes qui vont peser sur lui. Enfin, il y a Bosco, le premier suspect, le tombeur de ces dames, c’est le personnage le plus trouble du film et il va d’ailleurs troubler tout le monde. Ces trois personnages vont jouer au jeu du chat et de la souris pour un film qui s’emboîte parfaitement pour un final qui tire vers le giallo.

D’ailleurs, beaucoup d’occurrences rappellent le giallo italien, puisque l’on aura un tueur mystérieux, une enquête qui va avancer lentement mais avec logique et des personnages qui sèmeront le doute chez le spectateur. La force de Tesis, c’est d’ailleurs la relation entre les personnages. Chema est colérique et cache quelque chose, Bosco est mystérieux et très, voire trop, entreprenant, alors qu’Angela joue les prudes mais cache bien son jeu. Ce trio sera tellement ambigu sur les relations qu’ils entretiennent que l’on ne sera jamais vraiment qui est le tueur et pourquoi. Certaines scènes sont vraiment réussies et prenantes, notamment lorsque le courant se coupe dans les méandres de la réserve de cassettes vidéos de l’école et où Chema et Angela ne peuvent s’éclairer qu’à l’allumette avec une présence. On ressent une véritable maîtrise dans la mise en scène et on aura continuellement peur pour l’héroïne, tombant dans un milieu violent qu’elle ne comprend pas toujours. On peut rajouter à cela un casting d’exception, avec une Ana Torrent fascinante, un Fele Martinez ambigu et un Eduardo Noriega troublant et inquiétant.

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Alors, maintenant, pour valider ta formation d’AFPS, tu dois pratiquer le massage cardiaque.

Au final, Tesis est une œuvre prenante et très intelligente. S’appuyant sur une dissémination d’indices au compte-goutte et avec des personnages loin d’être binaires, le film va se révéler efficace et assez angoissant par moments. Il s’agit là des premiers pas d’un réalisateur de talent et malgré ces presque vingt ans, le film n’a pas pris une ride. Reste que l’image du bluray aurait pu être mieux embellie. Et puis quel plaisir de voir autant de référence dans la chambre du fana de films d’horreur, comme des affiches d’Alien, de Cabal ou encore Cannibal Holocaust.

Note : 17/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Tesis »

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