La Casa del Fin de los Tiempos

De : Alejandro Hidalgo

Avec Ruddy Rodriguez, Rosmel Bustamante, Gonzalo Cubero, Guillermo Garcia

Année: 2013

Pays: Venezuela

Genre: Fantastique, Horreur

Résumé:

Dulce est une mère qui va vivre un calvaire dans sa vieille maison. Elle est sujette à des apparitions et lorsque l’on retrouve son mari tué et son fils disparu, elle est accusée et écope de 30 ans de prison. A sa sortie de prison, elle regagne sa maison et est bien décidée à comprendre les raisons de ces apparitions. Elle va alors se confier à un prêtre qui croit en ce qu’elle dit.

Avis:

Parmi tous les films d’épouvante et fantastiques qui sortent, on sent une nette différence suivant le pays d’origine. Que ce soit dans l’approche de l’intrigue ou dans la façon de susciter la peur, on ressent vraiment la culture de tout un pays derrière chaque métrage. Prenons un exemple frappant, les films d’horreur hispaniques sont très différents de ceux que nous pondent les américains par centaine. Plus lent, dans une ambiance plus délétère et plus mystérieuse, les films horrifiques venant d’Espagne ont une personnalité plus marqué que ceux des américains, plus formatés et sans surprise (sauf cas exceptionnel). On peut faire un rapprochement entre les films ibériques et les films d’Amérique du Sud tant la culture semble identique à quelques exceptions près. La Casa del Fin de los Tiempos vient du Venezuela et c’est un fait assez rare pour être notifié. Dans la même veine qu’un Time Crimes ou qu’un Detention en beaucoup plus sombre, le film a le mérite d’être efficace, original et de tenir la route. Il est d’ailleurs l’exemple même du film surprise, qui mériterait un meilleur sort et une distribution dans notre pays.

Mamy constate les dégâts…

L’histoire se concentre sur une famille qui ne se porte pas au mieux. Le travail du mari ne rapporte pas assez et ça ne colle plus avec sa femme qui le rejette. Les deux enfants du couple s’amusent comme ils peuvent avec leur bande, mais une rivalité malsaine s’installe entre les deux frangins. De cette rivalité va naître un drame et de ce drame va découler une vérité qui sera terrible. En plus de cela il faut rajouter une maison qui fait des siennes, puisque des apparitions et des bruits vont se faire entendre. Si on regarde cela de plus près, on se rend vite compte qu’il n’y a rien de neuf devant notre écran. En effet, le film va jouer sur trois arcs narratifs qui se déroulent à des époques différentes mais dans un même lieu et avec les mêmes personnages. En ce sens, le rapprochement avec d’autres films hispaniques sur les voyages temporels sont inéluctables, comme par exemple Time Crimes. La narration est très efficace, car elle permet au spectateur de rentrer directement dans le vif du sujet et apporte un élément d’épouvante dans un film fantastique. Certes, tout n’est pas parfait et certaines longueurs sont présentes, mais le film reste bien foutu, surtout pour un film vénézuélien.

Que faire avec un budget limité ? C’est la question qui a dû hanter le réalisateur Alejandro Hidalgo surtout quand on voit la réflexion sur certains plans. Difficile de faire un film fantastique avec un petit budget, et sans ennuyer celui qui regarde. Néanmoins, il s’en sort avec les honneurs puisque le film va happer le spectateur grâce à une grande intelligence dans l’écriture du script mais surtout grâce à une ambiance léchée et efficace. La photographie est superbe et les teintes, tout en marron, beige, noir sont bien trouvées. La maison est d’une architecture qui appelle le mystère et la recherche de certains plans est très efficace. On peut noter l’emboîtement parfait des trois arcs narratifs qui se complètent parfaitement et qui donnent toutes les réponses que l’on attend. La fin reste d’ailleurs très troublante et relativement bien amenée, restant vraiment innovante. On notera aussi le soin apporté au message social. Le réalisateur dépeint une société qui s’appauvrit avec des gens qui n’ont plus les moyens de se payer une baraque ou à bouffer. On va aussi voir les dégâts de ce chômage sur la vie personnelle et la vie de couple et cela est franchement intelligent.

Enfin, les acteurs sont tous très bons dans leurs rôles respectifs. Bien évidemment, pour nous, pauvres hères européens, ils sont tous inconnus au bataillon et demeurent pourtant intéressants. Ruddy Rodriguez joue une mère de famille meurtrie, durant trois âges, et elle est très convaincante. On regrettera seulement son maquillage assez grossier. L’acteur jouant le père de famille est aussi très bon, on le sent torturé et à bout de force, ne comprenant pas sa femme. Sa réaction finale reste très dure mais justement jouée. Les deux enfants jouent aussi parfaitement et les scènes de joie avec les enfants du groupe sont plutôt intéressantes et bien fichues. Seulement, elles sont parfois un peu longues et abusent de ralentis par forcément justifiés.

Brulons un cierge pour ce maquillage tout vilain !

Au final, La Casa del Fin de los Tiempos est un film assez intéressant et vraiment méconnu. Doté d’un scénario original et qui tient la route, le film s’emboîte parfaitement et offre finalement une réflexion assez sombre sur le relationnel entre mère et fils et sur une société en perte de vitesse. Si tout n’est pas parfait, le film reste très agréable et n’a pas à rougir de la comparaison avec d’autres métrages dans le même genre mais avec une réalisation dégueulasse et une histoire imbuvable.

Note : 13/20

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Par AqME