avril 24, 2024

Grand Corps Malade – Funambule

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Avis :

Le Slam n’est pas qu’un jeu télévisé où de vieilles personnes cherchent des mots dans une grille. C’est aussi un style de poésie et de chant. Au départ, c’est une mise en oral de poème, avec un champ libre pour exprimer les sentiments et déclamer ses vers. Démocratisé en Angleterre en 1986 par Marc Smith, le slam devient une manière de réciter des poèmes tout en faisant du stand-up avec des règles minimales d’intonation. Grand Corps Malade était destiné à une carrière de basketteur mais aussi de manager dans le sport. Un stupide accident va lui couter sa carrière et ses envies. En 2003, il découvre la scène slam et comme il est un amoureux des lettres, il va se lancer dans ce genre. Il obtient une petite notoriété en 2006, déclamant des poèmes et des textes sur la scène du Réservoir. Il sortira cette année-là son premier album, Midi 20 et ce sera un grand succès et une découverte du slam pour une majeure partie du pays. Il remportera d’ailleurs deux victoires de la musique en 2007. Très souvent à cappella, les textes de Grand Corps Malade sont mis en musique par certains arrangeurs, lui permettant d’explorer d’autres facettes de ce genre. Funambule est son quatrième album et reste dans la veine de ce qu’il sait faire.

Le skeud commence fortement avec les deux premiers titres qui sont vraiment très bons et très beaux. Le premier, Au Thèâtre, raconte l’histoire de la vie sous la forme de plusieurs pièces de théâtre. C’est bien écrit et très malin, voire même mélancolique, mais le tout fonctionne et c’est un vrai plaisir à entendre. Le deuxième titre, J’ai Mis des Mots est un exemple d’écriture, comme l’est Les Lignes de la Main. Les mots s’enchaînent, s’entremêlent, se mélangent, pour former un ensemble très poétique, mais qui raconte quelque chose de simple, de parfois drôle, mais souvent touchant. Et c’est là que l’on voit le talent de l’artiste et son amour pour les mots et l’écriture, car c’est vraiment très précis tout en étant très naturel et compréhensible par n’importe qui. Dans un sens, on se rapproche du rap tout en ayant des textes moins haineux et plus travaillé. Alors bien entendu, certaines chansons sont moins intéressantes que d’autres, par leur écriture ou par leur thème abordé. Le manège est fourni avec un refrain très mauvais et cassant le rythme, alors que Te Manquer, malgré son côté poétique est passe-partout et facilement oubliable. Certains titres sont aussi relativement faiblards dans la mise en musique. La Traversée est affublé d’un air de guitare sèche ultra simpliste et de trompettes lors des refrains qui ne servent pas forcément le propos. Et ce n’est pas le duo avec Francis Cabrel qui va changer quoi que ce soit. Pause ressemble à un simple morceau de rap sans envergure et c’est bien dommage et ce n’est pas les airs arabisants qui vont rendre ce titre plus attractif. Les 5 Sens est un titre joli et sympathique, mais encore une fois le piano qui accompagne est d’un classicisme ennuyeux tout comme l’instrument à vent que l’on entend sur la fin du titre.

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L’album dans son tout n’est pas désagréable à écouter et il contient même une pièce d’une grande force. Course Contre la Honte est un titre fort, contre le système, les laissés pour compte et la déshumanisation du système. Le titre est prenant, beau et l’accompagnement sert vraiment le propos. La fin, chantée par Richard Bohringer est d’une grande puissance et prend aux tripes. Il s’agit certainement du meilleur titre du skeud. Mais il y a encore une chose que l’on peut reprocher à l’album dans son sens général. Il y a beaucoup de titres mélancoliques et presque dépressifs. Dans les Vagues parle des gamins hospitalisé et est très dur tout comme Le Bout du Tunnel, qui parle d’un ancien taulard, et qui donne vraiment le cafard malgré la force du texte et du message.

Au final, Funambule, le dernier album de Grand Corps Malade est bien sympathique et comporte quelques bons moments. Malheureusement, tout cela est plombé par quelques titres passables et surtout des moments qui donnent envie de se foutre en l’air. Un skeud qui vaut le coup d’oreille, mais dont on ne fera pas des folies tant les titres sont moroses dans leur fond.

  1. Au Théâtre
  2. J’Ai Mis des Mots
  3. Le Manège
  4. Te Manquer
  5. Funambule
  6. Les Lignes de la Main
  7. Pause
  8. Le Bout du Tunnel
  9. La Traversée
  10. Les 5 Sens
  11. Course Contre la Honte
  12. Tant que les Gens Font l’Amour
  13. Dans les Vagues

Note : 12/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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