avril 20, 2024

I Am Alive

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Résumé :

Adam tente de rejoindre son domicile dans un monde dévasté. Malheureusement, sa demeure et vide et il va arpenter Haventon à la recherche de sa femme et de sa fille.

Avis :

Lorsqu’un jeu souffre d’un développement chaotique, il en découle de nombreuses conséquences pour le moins déplaisantes. Reports constants de dates, soucis de gameplay, technique dépassée, les problèmes s’accumulent et la sortie du tunnel s’éloigne de plus en plus ; à tel point que certains projets n’ont jamais vu le jour. Dans ce cas de figure, la perle des arlésiennes est sans doute Duke Nukem forever (14 ans d’errance). Pour I am alive, il aura fallu patienter six ans, un changement de développeur (Ubi Soft Shanghai remplace Darkworks) et pas mal de frayeurs au bout du compte. Quelle est la finalité d’une telle versatilité ? Avons-nous droit à un jeu abouti ou une cruelle déconfiture fasse aux caprices de la production ?

À l’image de sa gestation, l’on plonge dans le chaos et la désolation. Une ville en ruines, un Soleil qui peine à percer des nuages de poussière, l’on est ébranlé par ce qui est arrivé à Haventon. On ne vit pas le cataclysme (dont on ignore la nature dans un premier temps), on subit ses conséquences. Tremblements de terre à répétition, environnement urbain scarifié de précipices et autres abysses insondables, effondrements de bâtiments… Tout concourt à créer une atmosphère lourde, désenchantée ou l’on ne peut que contempler une civilisation en décomposition. À ce titre, le climat post-apocalyptique qui émane des décombres évoque La route pour le ton dramatique employé, ainsi que sa narration aux influences très cinématographiques.

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La construction de l’histoire est assez simple. Adam tente de rejoindre son domicile pour retrouver sa femme et sa fille. Sur place, il ne trouve malheureusement qu’une maison vide et inhabitée. Commence alors pour lui un périple à travers les rues d’Haventon. Prétexte pour entamer l’aventure ou prévisibilité déconcertante, les bases possèdent tout de même le mérite d’apporter une charge émotionnelle à l’intrigue. De fait, l’on s’attache vite au personnage principal, ainsi qu’aux individus qu’il croisera. La trame ne donne donc pas forcément dans le spectaculaire, le mort-vivant ou le trip à la Mad Max, mais reste assez posée avec une approche nihiliste qui lui permet de se démarquer d’une masse parfois informe.

Contrairement à ce que l’environnement nous laisse à penser, la progression se révèle assez linéaire. Certes, il y a bien quelques choix d’itinéraires à faire (la carte peut vous venir en aide), mais les barrages, les décombres ou les excavations vous bloqueront facilement le passage pour, au final, suivre un fil rouge invisible. Il demeure néanmoins un sentiment d’exploration assez plaisant pour trouver quelques victuailles, des personnes en détresse ou un point de vue flatteur sur l’ampleur de la catastrophe. L’alternance jour/nuit est présente, mais s’avère anecdotique étant donné qu’elle s’effectue en fonction des épisodes.

On est donc loin de la liberté d’action d’Assassin’ s creed qui se rappelle à nous pendant des phases d’escalades avec une particularité en sus : la jauge d’endurance. En effet, cette barre (plus importante que la vie) sera la préoccupation principale du joueur. Étant donné qu’elle s’épuise rapidement, il faut constamment trouver le chemin le plus court (ou le plus efficace) pour atteindre un rebord ou une plate-forme pour récupérer. Si l’architecture des bâtiments reste bien pensée et correctement exploitée pour ne pas transformer le survival en un vulgaire jeu de plates-formes, on notera quelques bugs lorsque l’on fait se succéder les barres métalliques brinquebalantes ou des points d’appui assez peu visibles.

L’observation et la prudence sont de mises pour ne pas chuter bêtement. En ce cas, les checkpoints ne sont pas pénalisants, mais vous disposez de vies. Arrivé à zéro, vous devrez reprendre à l’un des points de sauvegarde qui, eux, sont plus espacés. Un choix qui tend à se rapprocher d’un gameplay exigeant qui rappelle les jeux d’antan sans toutefois sombrer dans une difficulté hardcore. L’environnement est donc tout aussi menaçant que les quelques survivants qui n’ont pas toujours de bonnes intentions à votre égard. Ceux-ci sont assez rares, mais permettent de varier les plaisirs avec une facette différente de l’aventure. Contrairement à bon nombre de jeu où « Je vois, je tire », il faut dans le cas présent jauger l’adversaire. Ami, personne apeurée ou ennemi, tout dépend de la situation. En ce cas, vos réactions seront primordiales pour décider de l’issue d’un combat qui peut se révéler très rapide dans un sens comme dans l’autre.

Mauvais choix ou réflexes précipités, les affrontements sont peu présents (tout comme les munitions ou les armes), mais apporte le dynamisme de la survie en milieu urbain. L’on remarquera que l’intelligence artificielle aura tendance à vous repérer alors que vous vous faites discret. Si l’infiltration n’est pas forcément de rigueur, elle vous permettra toutefois d’appréhender certaines situations avec plus de facilités, notamment dans la dernière ligne droite (l’hôtel ou la fête foraine). Soit dit en passant, le dénouement se veut très abrupt. Sans spoiler, sachez qu’il manque un pan de l’histoire, comme si l’épilogue serait l’objet d’un contenu additionnel ou d’une éventuelle suite qui n’est pas à l’ordre du jour. Étrange.

En ce qui concerne la rejouabilité, elle n’est pas très optimisée. Des succès à débloquer (au nombre de 14), un mode survie (oubliez le niveau de difficulté facile qui annule le concept avec des vies infinies) et, gros défaut du jeu, l’impossibilité de conserver sa sauvegarde tout en créant une nouvelle partie. Une fois les 12 épisodes achevés (comptez entre 5 et 7 heures), l’on ne reviendra pas forcément sur l’aventure si ce n’est pour secourir les ultimes rescapés (20 au total) ou, pour les plus acharnés s’occuper des succès. Terminer I am alive sans mourir relève tout de même de l’exploit. On notera également un aspect technique perfectible (quelques ralentissements), ainsi qu’un fog permanent qui limite l’affichage, mais se fond parfaitement dans l’ambiance.

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Au final, I am alive est un survival assez sobre qui refuse de céder aux sirènes du spectaculaire. Malgré des graphismes pas toujours irréprochables, quelques errances lors des phases d’escalade et une histoire assez simpliste, le jeu d’Ubi Soft multiplie les bonnes idées (la jauge d’endurance, le réalisme du cataclysme, les combats…) pour nous offrir une aventure plaisante. L’ambiance appuyée par des filtres saturés au niveau de la lumière et de couleurs, ainsi qu’une narration toute en retenue, laisse planer la désolation et le désespoir sur Haventon. Si certains pourraient lui trouver quelques ressemblances avec The last of us, il y a des chances qu’il ne supporterait pas la comparaison à tous les niveaux. Excepté leur thématique commune, l’approche se révèle dissemblable tant dans la vision artistique que les gameplays respectifs. I am alive reste tout de même une très bonne alternative, bien qu’un peu courte.

Note : 15/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=HZ6Aely9YrQ[/youtube]

Par Dante

IscarioteNote d’Iscariote: 14/20 Une bonne ambiance, de bonnes idées, mais le développement chaotique du jeu se fait sentir. Heureusement pour lui qu’il est sorti en version numérique à petit prix.

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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