avril 24, 2024

Lucifer Code – Charles Brokaw

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Résumé :

À peine débarqué sur le sol turc, le professeur Thomas Lourds, éminent linguiste, est abordé par une séduisante admiratrice, moins innocente qu’il n’y paraît. Victime d’un enlèvement, il se retrouve mêlé à une fusillade impliquant une combattante de l’IRA, un agent de la CIA sans scrupules, des voleurs d’antiquités… Tous sont obnubilés par un mystérieux parchemin attribué à Jean de Patmos, l’auteur du livre de l’Apocalypse, disparu depuis un millénaire et que l’on vient de retrouver.
Seul Lourds est capable de déchiffrer ce code mortel, dont dépend le destin de l’humanité.
Au risque d’alerter le diable et de provoquer un affrontement ultime entre le bien et le mal.

Avis :

Atlantis code était un roman médiocre, prévisible, répétitif et peu réaliste. Malgré cela, le livre a trouvé son public ou plutôt un lectorat amateur de bons thrillers ésotériques. Charles Brokaw récidive et retrouve son pseudo-Robert Langdon, pardon Thomas Lourds, pour une nouvelle aventure. Même si l’enthousiasme et l’envie ne sont pas forcément présents après la déconvenue du premier tome, on espère toutefois que l’auteur sera parvenu à tirer les leçons de ses erreurs. Au moins, tisser une histoire originale et faire fi des trop nombreuses influences qui plombaient le semblant d’atmosphère instauré. Alors, avons-nous droit à un sursaut d’orgueil ou un récit à l’image de son prédécesseur ?

On commence sur un rythme effréné sans fioriture qui a le mérite de plonger le lecteur au cœur de l’action. Ces séquences disposent de descriptions assez toniques et ne sombrent pas si vite dans l’ennui. De ce côté, l’idée et le potentiel de départ sont aguicheurs. Toutefois, ce sera là d’un des rares points positifs à mettre à l’actif de ce Lucifer code. À l’image du titre, le scénario oublie l’originalité au profit des clichés de circonstances. Un mystérieux cahier à l’écriture indéchiffrable, deux groupes qui s’arrachent Lourds pour le traduire et une prophétie censée précipiter l’Apocalypse. On aurait pu trouver un intérêt moindre, si le développement n’était pas aussi catastrophique.

Multiplier les séquences d’action, c’est bien, leur donner un sens, c’est mieux. Elles se succèdent sans une véritable cohérence en les affublant d’un aspect comique des plus malvenus. La légèreté avec laquelle elles sont agencées et les réparties apportent un côté parodique et dédaigneux qu’on aurait préféré ne pas voir. L’auteur ne se contente pas de se moquer du monde, il ressasse ces moments dans des passages plus posés. En dépit d’une narration assez vive, l’histoire s’enlise rapidement et l’ennui devient inévitable. Et ne laissons pas de côté les inoubliables repas destinés à engrosser un panel de clichés ambulants tous plus irritants les uns que les autres. La gastronomie est, à ce titre, prépondérante tout en déséquilibrant la trame principale.

Thomas Lourds évolue de statut d’invétéré séducteur (et pâle figure de Robert Langdon) à celui de véritable obsédé. Outre ses plantureuses conquêtes, il se targue de se montrer aussi minable que pathétique. Un exemple ? Lors de son enlèvement au début du livre, sa ravisseuse le plaque contre un mur. Une érection s’ensuit presque immédiatement ! Et quand il ne se goinfre pas ou ne râle pas, il embrasse à tout-va et pratique du sport en chambre (certainement pour dépenser tout ce qu’il a ingurgité). Les personnages féminins ressemblent à des James Bond girls sans relief (hormis leur plastique) et les protagonistes secondaires ne rattrapent nullement la stupidité ambiante.

Comme si cela n’était pas suffisant, le style d’écriture se montre d’une lourdeur peu commune. Les constructions de phrases sont alambiquées, la syntaxe discutable et le choix des mots peu judicieux (Ex : « D’un air de ne pas rigoler »). À cela, les comparaisons et les métaphores desservent davantage l’histoire qu’elle n’installe une atmosphère. L’emploi d’expressions familières noie des dialogues d’une rare platitude. Charles Brokaw réussit également l’exploit de se contredire dans la même phrase (« Ça lui coûte des millions… mais il a eu de la publicité pour pas un sou »). Les incohérences sont légion à ne plus savoir qu’en faire, à tel point que l’on s’interroge sur le travail de l’éditeur et la traductrice pour combler cet amas de mots imbuvables.

Et n’escomptez pas un voyage aux quatre coins du globe. Entre la Turquie, de rares incursions en Arabie Saoudite et les États-Unis, le cadre s’efface très facilement et finit d’achever l’un des pires thrillers ésotériques qu’il m’ait été donné de lire. L’on trouve des défauts dans à peu près tous les coins et recoins de ce livre. Tant sur la forme avec un style lourd sans la moindre fluidité que sur le fond avec une histoire bancale, des incohérences à foison et des caricatures pénibles, Lucifer code ne possède rien d’attrayant pour attirer le chaland. La narration se montre longue, ennuyeuse et invraisemblable. Atlantis code ne marquait pas vraiment les esprits, mais Lucifer code sombrera dans l’oubli. À éviter.

Note : 05/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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