mars 19, 2024

Appartement 16 – Adam Nevill

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Résumé :

Certaines portes devraient toujours rester fermées… À Barrington House, un immeuble de grand standing dans un quartier chic de Londres, un appartement est inoccupé. Personne n’y entre, personne n’en sort. Et c’est comme ça depuis cinquante ans. Jusqu’au jour où Apryl, une jeune Américaine, débarque à Barrington House pour visiter l’appartement que lui a légué une mystérieuse grand-tante. Cette dernière, morte dans d’étranges circonstances, a laissé un journal intime où elle révèle avoir été impliquée dans des événements atroces et inexplicables, plusieurs décennies auparavant. Résolue à découvrir la vérité sur ce qui est arrivé à sa tante, Apryl commence à reconstituer l’histoire secrète de Barrington House. Une force maléfique habite l’immeuble et l’entrée de l’appartement seize donne sur quelque chose de terrifiant et d’inimaginable…

Avis :

La maison hantée est une thématique des plus classiques du fantastique. Nanti de codes stricts et d’exigences littéraires assez soutenues (narration, rythme…), il ne faut pas perdre de vue d’immerger le lecteur pour qu’il frissonne et ressent un sentiment d’angoisse et d’oppression permanent. Hormis les indétrônables ténors du genre (décédés ou pas), il est très difficile de percer avec une histoire de fantômes, a fortiori quand on en est à ses premières armes. Après Banquet for the damned, roman qui n’a pas encore fait les honneurs d’une traduction française, Adam Nevill poursuit son chemin dans le surnaturel avec un immeuble en proie à des phénomènes inexpliqués. Alors, coup de maître ou coup d’essai ?

Annoncé comme une véritable révélation, les critiques ne tarissent pas d’éloges sur Appartement 16. « Effrayant » « Inquiétant » sans oublier la petite référence marketing en rapport avec Stephen King et l’on a l’impression de tenir entre les mains le renouveau d’un genre qui peine à offrir d’angoissantes histoires, à tout le moins surprenantes. Ajoutons à cela une couverture du plus bel effet et l’envie d’ouvrir le livre et de le parcourir suffit à se laisser tenter. Seulement, cette façade aguicheuse est similaire à une magnifique bande-annonce. Des promesses sur le fond, sur la forme, pour un résultat mitigé, voire décevant. A vrai dire, il s’agit là de la même déconvenue que le film The Innkeepers (Ti West) peut procurer. Préparer les coussins moelleux, oubliez vos somnifères.

L’entame demeure très classique. Un décès survient dans une famille qui n’avait plus entendu parler de la défunte depuis des décennies. L’occasion de faire le tri dans les affaires de la grand-tante et de ressasser quelques sombres secrets. La trame ne propose aucune surprise de taille dans son ensemble, même si l’on dénichera de bonnes idées çà et là. La présence d’un artiste maudit n’est pas non plus nouvelle (Le portrait du malGraham Masterton), mais trouve une place de choix au sein de l’intrigue. À vrai dire, l’occultisme mélangé aux œuvres du peintre est le principal attrait du roman pour peu que le sujet vous parle. En parallèle, l’on suivra Seth, l’un des employés de Barrington House, en proie aux plus terribles hallucinations.

Toutefois, ces deux histoires parallèles se révèlent d’un intérêt inégal. Entre la découverte du capharnaüm de l’appartement, son rangement, le quotidien morne de Seth et ses visions paranoïaques, Appartement 16 est d’une rare lenteur. Ce n’est pas tant l’intrigue qui manque cruellement de rythme que la lourdeur du style de l’auteur qui en est responsable. Adam Nevill étire ses descriptions à l’extrême avec des phrases longues aux tournures pas toujours adéquates. Certes, l’on saluera la débauche de vocabulaire au fil des lignes, mais s’attarder pendant une ou deux pages sur une indécision, représenter un lieu ou un personnage, enlise le récit dans une routine lénifiante.

De fait, les séquences où les manifestations paranormales surgissent perdent toute leur contenance. On occultera les portes qui claquent, les ombres dansantes ou les fenêtres qui s’ouvrent brusquement pour se pencher sur les hallucinations de Seth. Elles sont assez récurrentes au cours de l’histoire, mais se révèlent trop abstraites et alambiquées pour pleinement surprendre le lecteur. On ne sait pas trop ce qu’a voulu accomplir Adam Nevill. À mi-chemin entre Clive Barker et Lovecraft, ces passages exposent des monstres difformes, de la violence brute, mais se montrent beaucoup moins percutants que ses modèles. On ne ressent ni dégoût ni frisson, encore moins une véritable peur qui vous hérisse les poils des bras.

À l’instar d’une trame narrative assez séduisante, l’atmosphère est noyée sous un flot de longueurs pénibles. Il faut parfois revenir en arrière, du moins sur le début d’une séquence, pour se faire une idée précise de la situation. Hormis les pénombres de circonstances, les couloirs déserts, les voisins antipathiques, on ne décèle aucune fulgurance qui accroche et sort de l’ordinaire. Cette remarque se vérifie auprès des protagonistes. Ils ne sont pas détestables, mais furieusement banals, voire niais à certains égards. Trop d’atermoiements, de discussions inutiles pour une prise de risque minimale. Les personnages hésitent plus que de rigueurs et ne font rien pour rattraper l’impression moyenne qui se dégage du roman.

Si Appartement 16 suscitait une certaine attente, l’on restera mitigé sur le résultat final. L’on trouvera une histoire très classique et sans surprise qui se fourvoie dans des descriptions interminables et beaucoup trop longues. À cela, l’on parcourt le livre sans éprouver le moindre sentiment d’appréhension. Les émotions et les implications du lecteur demeurent au point mort. Malgré un potentiel évident et un sujet que d’autres maîtrisent beaucoup mieux, on a du mal à poursuivre. La lourdeur du style d’écriture associée à une volonté certaine d’étirer son récit comme un vieil élastique usé contribue à plomber les quelques bonnes idées présentes. L’ordinaire succède à l’extraordinaire dans une indifférence quasi totale. Il en ressort une petite déception et un goût d’inachevé.

Note : 11/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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2 réflexions sur « Appartement 16 – Adam Nevill »

  1. Bon oui c’est vrai qu’à la fin, ça part un peu en vrille. Son dernier bouquin « Derniers jours » est de qualité supérieure parce que l’histoire est crédible. Et parce que c’est Black Metal 😀

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