avril 20, 2024

Black Widow

De : Cate Shortland

Avec Scarlett Johansson, Florence Pugh, David Harbour, Rachel Weisz

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Super-Héros

Résumé :

Natasha Romanoff, alias Black Widow, voit resurgir la part la plus sombre de son passé pour faire face à une redoutable conspiration liée à sa vie d’autrefois. Poursuivie par une force qui ne reculera devant rien pour l’abattre, Natasha doit renouer avec ses activités d’espionne et avec des liens qui furent brisés, bien avant qu’elle ne rejoigne les Avengers.

Avis :

Cela faisait un petit moment que nous n’avions plus eu de Marvel au cinéma. Il faut dire que la fin de la troisième phase et les contrats des acteurs n’aidaient pas forcément à se projeter dans la phase IV. Et ajoutons à cela une pandémie mondiale qui a fait fermer les cinémas, et on a une entreprise qui a longtemps hésité à se jeter à corps perdu dans les plateformes de streaming. D’ailleurs, c’est un peu ce qu’il s’est passé avec des séries qui font le pont avec les films, séries qui sont disponibles sur Disney+, inaugurant ainsi cette fameuse phase, avec WandaVision. Au cinéma, c’est une autre paire de manche, puis c’est Natasha Romanoff qui ouvre le bal de cette phase avec Black Widow. Un film de super-héros et d’espionnage résolument féministe, jusqu’au choix de la réalisatrice. Mais dans les faits, est-ce que c’est bien Black Widow ?

Pour la patrie, camarade

Le film se déroule entre Captain America Civil War et Avengers Infinity War. On va y suivre une Black Widow qui se retrouve en cavale et qui doit remonter jusqu’à sa sœur, car elle est poursuivie par un type en armure qui semble un peu costaud. Sa sœur lui explique alors qu’elle a trouvé des capsules contenant un antidote pour faire retrouver la raison à toutes les veuves noires sur Terre, veuves contrôlées par un méchant pas beau. Elles s’allient alors pour retrouver cet homme qui a pourri leur enfance, et pour cela, elles doivent retrouver leur père et leur mère adoptifs. Le pitch de base est assez facile à comprendre. On a un méchant dans l’ombre, qui fait ce qu’il veut avec la géopolitique, insérant des espionnes de partout. Le passé refaisant surface, les deux frangines vont devoir faire équipe pour déjouer les plans de ce sale type.

Le film va alors s’appuyer sur la complicité des deux femmes pour tisser son intrigue et délivrer quelques pistes pour en savoir plus sur l’héroïne des Avengers. Le scénario montre alors deux espionnes qui vont apprendre à se connaître, abordant des passés distincts, l’une étant devenue une paria à éliminer et l’autre ayant pignon sur rue avec les Avengers. Le film ne joue pas trop sur cette dualité. Si on sent que Yelena a plus souffert et qu’elle a du mal à pardonner à ses parents adoptifs, Natasha est encore plus solitaire, reniant ce passé pour aller de l’avant. Le film joue alors sur l’affection que l’on peut avoir envers de faux parents qui ont pourtant eu de l’amour. C’est abordé de façon assez légère, mais c’est suffisant pour créer un background de poids à Black Widow, mais aussi à Yelena qui semble être une relève parfaite.

Géopolitique pour les nuls

L’autre point intéressant dans le scénario, c’est la géopolitique. On est clairement dans un complot mondial, avec un homme qui a distillé ses pièces un peu partout, et qui n’attend que le bon moment pour sortir de l’ombre. Ou redescendre de son nuage. Le problème, c’est que le film sait qu’il doit se faire abordable par le plus grand nombre, et on se retrouve avec des faits qu’il faut accepter, oubliant toute complications relationnelles entre les pays. De même, si on aurait pu avoir quelques sarcasmes autour de la guerre et de la rivalité factice entre Captain America et Red Guardian, c’est très frivole et frileux. On sent que le film, malgré une gravité dans le propos, ne se mouille pas et ne prend aucun risque. A titre comparatif, dans presque le même délire, Red Sparrow avec Jennifer Lawrence est plus couillu.

On pourrait aussi rajouter quelques scories dans l’écriture même du film. On a un Taskmaster surpuissant, qui intervient de manière incongrue, mais qui n’est pas omnipotent. Ce qui est un peu con, puisque visiblement, avec son arsenal, il sait exactement où se trouve les antidotes qui peuvent poser problème. Très souvent, le film se repose sur des moments de parlotte pour relancer l’intrigue, alors qu’il ne devrait pas vraiment y en avoir, avec des méchants et des espionnes un peu partout. On voit alors la limite de la mise en scène et du script. On aurait pu avoir un truc à la The Raid d’un point de vue action, mais le film est obligé de prendre des poses pour relancer inlassablement son intrigue, ou peaufiner les backgrounds des deux sœurs. C’est dommage, car les scènes d’action présentes sont plutôt bien fichues, malgré des coupes toutes les deux secondes.

La bonne dose

On le sait bien, les coupes sont présentes pour donner du rythme aux scènes d’action, mais ici, on a la sensation que tout cela est factice et que les scènes auraient eu plus d’impact en un seul plan. Ce n’est pas le choix de Cate Shortland, dont c’est le premier gros film. La réalisatrice a reçu l’appui de Scarlett Johansson, qui avait adoré sa manière de gérer son personnage féminin dans Lore. Et franchement, la réalisation est assez propre. Peut-être même trop, car l’ensemble manque de caractère et d’identité visuelle, mais ça reste honorable. Par contre, Florence Pugh crève littéralement l’écran, et cela malgré un personnage un brin agaçant. Comme tout Marvel qui se respecte, il faut de l’humour à toutes les sauces, et là, on va en prendre plein la tronche. Si c’est moins foutraque et débile qu’un Ant-Man, le scénario ne s’y prête pas vraiment.

Et là, ce n’est clairement pas un bon point. On se retrouve avec des passages tendus, où la vie des personnages est en jeu, et pourtant, on a droit à des blagues plutôt mal venues. Le coup de la pose de Black Widow reproduite par sa sœur à la fin du métrage est une mauvaise idée. Le personnage de Red Guardian est insupportable du début à la fin. Là où il y avait une carte à jouer pour rendre un personnage attachant dans un rôle de paternel maladroit, on se retrouve avec un gros balourd dont l’apport est plus que secondaire. Et cet humour phagocyte un peu la gravité du propos et tout l’aspect espionnage qui passe alors au second plan, préférant toujours la vanne à la tension. Un peu comme dans la scène post-générique.

Des méchants au rabais

Pour vraiment marquer le coup, il aurait fallu aussi que le film intègre des méchants avec un fort potentiel. Ce que nous n’aurons pas ici. Le Taskmaster est une belle menace, mais il est mal mis en avant et semble être un cache-misère, comme a pu l’être Ghost dans Ant-Man et la Guêpe. Il n’est qu’un soldat à la solde d’une crapule qui veut dominer le monde. Un sale type qui pourrait s’apparenter à un politique, ou à un lobbyiste, mais le film ne va jamais plus loin pour ne pas créer de liens tumultueux. Reste alors les espionnes, qui ne vont pas durer bien longtemps et qui n’ont pas d’impact fort. On aura bien une séquence où ça se tabasse, mais c’est vite résolu. Il manque à Black Widow un antagoniste à la hauteur des deux sœurettes et qui aurait plus mis en valeur leur background.

Au final, Black Widow relève tout de même un peu la barre des derniers Marvel en date (et hors séries bien entendu). Entre une réalisation plaisante, de bonnes scènes d’action et des actrices investies (Florence Pugh !), Marvel propose un métrage calibré, certes, mais qui fonctionne. Si on peut pester contre les scories propres à ce genre, comme un humour en décalage, certaines situations grotesques et un montage très coupé, il n’en demeure pas moins que Black Widow reste un bon divertissement, et c’est déjà pas mal.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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