avril 19, 2024

Rois & Reine

De : Arnaud Desplechin

Avec Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos, Catherine Deneuve, Hippolyte Girardot

Année : 2004

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Deux histoires disjointes : d’une part le couronnement de Nora Cotterelle, qui s’apprête à se marier, et d’autre part la déchéance d’Ismaël Vuillard, interné par erreur dans un asile psychiatrique et sur le point d’en sortir en piètre état. Ces deux intrigues se rejoignent quand Nora propose à Ismaël l’adoption de son fils Elias…

Avis :

Arnaud Desplechin est un réalisateur français qui s’est imposé dans le paysage du cinéma français, notamment au cours des années 2000 où plusieurs de ses films vont rencontrer de jolis succès. Venant et se revendiquant du cinéma d’auteur, si jusque-là Arnaud Desplechin s’est fait remarquer par un certain public, c’est bien en 2004 avec son « Rois & Reine » que le metteur en scène s’envole.

De manière personnelle, je ne suis pas un fan absolu du cinéma d’Arnaud Desplechin. S’il y a des films que j’ai apprécié, voire même beaucoup aimé comme « Un conte de Noel » ou « Roubaix, une lumière« , le réalisateur a su aussi me laisser sur le bas-côté, et beaucoup m’ennuyer et là, je pense au « … fantômes d’Ismaël » qui fut une véritable épreuve. Fort de ces expériences partagées, je demeure toujours curieux d’un film signé Desplechin, et dans sa filmographie, « Rois & Reine » se pose comme un incontournable. Un incontournable qui malheureusement n’aura pas su distiller ses charmes à mon encontre. Très long, confus, et même agaçant, « Rois & Reine« , même s’il tient de très jolis moments, notamment autour du personnage tenu par Emmanuelle Devos, se sera surtout posé comme un long et ennuyant moment de cinéma, ce qui me fend le cœur.

Nora, parisienne d’une trentaine d’années qui tient une galerie d’art à Paris, se rend chez son père pour l’anniversaire de ce dernier. Ce week-end-là, Nora va apprendre brutalement la maladie incurable de son père. À Paris, Ismaël, un musicien excentrique, a bien des problèmes dans sa vie, entre un internement en asile psychiatrique à la demande d’un tiers et des problèmes avec le fisc. Ces deux personnages, qui ont été amants un temps, vont alors se croiser entre drame et comédie absurde.

Une déception, ou plutôt une belle déception, tant « Rois & Reine » a su grandement me décevoir alors qu’il avait bien des ingrédients en lui pour faire bien plus que me convaincre, mais malheureusement, la sauce n’aura jamais pris et c’est bel et bien l’ennui qui s’est invité ce soir-là.

Parmi tout cet ennui ressenti, « Rois & Reine » ne tient pas que « du mauvais ». Non, bien au contraire, au milieu de longueurs, d’un coup, Arnaud Desplechin arrive à livrer de très belles scènes et de très jolis moments de cinéma. Beaucoup de ce qui est fait autour du personnage d’Emmanuelle Devos est intéressant. Le futur deuil, l’arrivée brutale de la maladie de son père, les derniers instants, des dernières conversations entre une fille et son père. Arnaud Desplechin capture de beaux instants qui savent se faire touchant. De l’autre côté, avec le personnage d’Ismaël, on pourra se raccrocher à un Mathieu Amalric en totale déconnexion, qui arrive parfois à nous faire sourire. L’acteur, même si au final tient un personnage lourd, est excellent de bout en bout et son César du meilleur acteur lui est bien mérité.

Mais voilà, si le film offre des accroches pour ne pas pleinement sombrer dans l’ennui, ce ne sera pas suffisant pour l’éviter, car hormis de jolis moments et de très bons acteurs, « Rois & Reine » demeure un film surfait, qui n’arrive pas à intéresser ou vraiment toucher. Le scénario est extrêmement compliqué. D’ailleurs, il se complique la trame pour pas grand-chose. On a du mal à être touché par cette histoire qu’on ne comprend pas vraiment, tout comme on a du mal à être touché les personnages et leurs problèmes. Tenants et aboutissants sont confus, à force d’entrecroiser les intrigues, ainsi que le présent et le passé, l’ensemble part dans tous les sens, et il en ressort une confusion. Puis « Rois & Reine » tient des dialogues ultras travaillés qui finissent par alourdir tout le film, créant longueur sur longueur, et laissant le désagréable sentiment que tout ce petit monde s’écoute parler. De plus, le scénario a bien du mal à nous convaincre, car beaucoup de ce qui en ressort sonne faux. Ça se veut touchant, ou délirant, selon les personnages, mais c’est outrancier (franchement tout ce qui est fait avec le suicide du premier mari, au secours !) et pour si peu de chose à l’écran, c’est très long, clairement, on voit passer ces deux heures et demi de films.

Arnaud Desplechin est un très bon réalisateur, qui même si parfois a tendance à alourdir ses films, il arrive aussi à offrir de très belles scènes et « Rois & Reine » ne va pas être exsangue de cette règle. Parcouru de scènes qui, quand on les prend seules, sont fabuleuses, malheureusement, sur l’ensemble, et surtout en deux heures et trente minutes de film, ça ne fonctionne pas. Certes, ce sera parfois touchant, ou parfois amusant, mais très vite, ces sentiments sont cassés par la lourdeur de l’ensemble, qui fait que plus « Rois & Reine » avance péniblement, et plus l’on finit par se décrocher et se ficher de ce qui peut arriver à ces personnages.

« Rois & Reine » avait bien des arguments pour me convaincre et surtout me faire passer un très joli moment de cinéma. Arnaud Desplechin à la réalisation, de très bons acteurs au casting, Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric, Catherine Deneuve, Noémie Lvovsky entre autres, des histoires qui s’entrecroisent, mais malgré de jolies parenthèses, finalement, « Rois & Reine » aura été plus pénible et ennuyant qu’autre chose et comme je le disais, ça, ça me fend le cœur, d’autant plus que si l’on écoute la presse, le film est censé encore être aujourd’hui le meilleur, le plus beau et le plus touchant de son metteur en scène.

Note : 07/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.