avril 20, 2024

Crypta – Echoes of the Soul

Avis :

Le métal se féminise de plus en plus et c’est tant mieux. Alors qu’auparavant, on trouvait des femmes à la tête de certains groupes, c’était plus pour ses performances lyriques que pour ses capacités à beugler de tous ses poumons. Les choses changent et maintenant, on trouve des groupes 100% féminin qui rivalisent sans rougir avec des groupes testostéronés. C’est en 2010 que se fonde au Brésil Nervosa, autour de la chanteur Fernanda Lira. Le groupe se fait remarquer dès son premier album, Victim of Yourself, puis confirme par la suite. Mais en 2020, la chanteuse décide de quitter la formation et embarque avec elle la batteuse de l’époque, Luana Dametto. Si Nervosa va rapidement recruter pour sortir un album en 2021, Perpetual Chaos, les deux transfuges ne vont rester en reste et elles fondent Crypta avec, notamment, Sonia Anubis de chez Burning Witches.

Et c’est donc la même année que le groupe sort Echoes of the Soul, qui pourrait presque se voir comme un concurrent du dernier né de Nervosa. Rivalité ou pas, les filles s’en moquent pas mal tant qu’elles jouent de la musique. Et si Nervosa verse dans un Thrash/Death un peu poussif, force est de constater que Crypta lorgne vers un Death pur et dur et que ce premier effort est une belle réussite. Un skeud puissant, percutant, mais qui n’oublie pas pour autant les mélodies et de construire ses pièves autour d’une ambiance particulière. Bref, vous l’aurez compris, on a choisi notre camp, on préfère Crypta, et on décrypte tout ça (jeu d mots, quand tu nous tiens).

Le skeud débute avec une introduction, Awakening, qui annonce un peu la couleur, une ambiance bien dark et une montée crescendo d’une violence latente. Et effectivement, il ne faudra pas attendre longtemps avant d’entendre les growls de la chanteuse. Starvation attaque sur les chapeaux de roues et délivre un rythme infernal d’entrée de jeu. Les musiciennes nous mettent K.O. de suite avec un titre purement Death qui défouraille sévère et ne laisse aucun répit. C’est violent, rugueux et ça se destine très clairement autant aux fans de Nervosa que de Crypta. C’est avec Possessed que le groupe passe un peu à autre chose. Non pas que le changement soit radical, mais on ressent une envie d’oppression et de mettre en avant une ambiance plus prégnante. Le travail de la batterie y joue beaucoup et on ressent une structure plus complexe aussi.

Le seul reproche que l’on peut faire à ce morceau, tout comme au précédent, c’est qu’il manque de moments vraiment marquants ou d’un refrain vraiment catchy. Concrètement, rien ne reste vraiment en tête et c’est dommage. Pourtant, le rythme est endiablé, les riffs sont puissants et on reste sur une mélodie très intéressante. D’ailleurs, le solo, aérien, rentre parfaitement dans le titre, plutôt lugubre. Il se dégage dès lors une ambiance morbide et brumeuse qui fait du bien. C’est là que la formation se démarque d’un Nervosa qui est bien trop brutal. Death Arcana viendra confirmer cet état d’esprit, avec un titre plus groovy, plus compact, mais qui garde en tête une mélodie aérienne, offrant une vraie identité à la formation. Certes, c’est violent, mais on est dans un Death technique qui sait où il va et qui arrive sans aucun mal à se rendre accessible.

La vraie puissance de Crypta se trouve, sans aucun doute possible, dans le recrutement d’une des guitaristes de Burning Witches. Cette dernière apporte sa patte, sa façon de faire, et une légèreté qui manquait cruellement au précédent groupe de la chanteuse. L’introduction de Shadow Within est là pour en attester. Encore une fois, Crypta trouve un équilibre parfait entre Death brutal et moments plus éthérés qui vont permettre d’affirmer une atmosphère plus douce. Cette dichotomie, on la trouve dans tous les morceaux, aussi bien le très sombre Under the Black Wings que le volent Kali. Ce dernier morceau est d’ailleurs porté par une batterie hérétique qui démontre tout le talent de la jeune femme derrière les fûts. Une maîtrise qui doit rendre vert de rage un certain Lars Ulrich. Le plus fort avec cet album, c’est que le groupe dévoile toute sa maestria sur les deux derniers morceaux.

Deux morceaux qui dépassent les cinq minutes et qui prouvent, si besoin l’en est, que le groupe est porté par des musiciennes d’un rare talent. Dark Night of the Soul se pare de tous les atours d’un Death à l’ambiance macabre et la voix aigue et particulière de la chanteuse fait le reste. On navigue dans un titre épique, dark et puissant, qui se découvre un peu plus à chaque écoute. Il en va de même avec From the Ashes, qui clôture l’album de manière percutante, virulente et achève l’auditeur avec une rare violence. Une violence maîtrisée qui donne toutes ses lettres de noblesse au groupe.

Au final, Echoes of the Soul, le premier album de Crypta, est une superbe réussite. En s’éloignant de Nervosa, batteuse et chanteuse ont su trouver un second souffle, en s’entourant de guitaristes de talent et en mettant plus de mélodie dans leurs morceaux. Il en résulte un album Death percutant, pertinent et qui laisse présager un très bel avenir au groupe. Du moins, on l’espère.

  • Awakening
  • Starvation
  • Possessed
  • Death Arcana
  • Shadow Within
  • Under the Black Wings
  • Kali
  • Blood Stained Heritage
  • Dark Night of the Soul
  • From the Ashes

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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