mars 28, 2024

Devdas

De : Sanjay Leela Bhansali

Avec Kiron Kher, Jackie Shroff, Madhuri Dixit, Shah Rukh Khan

Année : 2002

Pays : Inde

Genre : Drame

Résumé :

Devdas, le fils d’un riche propriétaire, et Paro, la fille d’un modeste voisin, s’aiment passionnément. Malheureusement, le père de Devdas n’accepte pas l’entrée de Parvati dans sa famille en raison des différences de classe sociale.
Paro va alors épouser contre son gré un propriétaire plus âgé qu’elle, et Devdas, parti à Calcutta, sombre dans l’alcoolisme…

Avis :

Immense réalisateur indien, Sanjay Leela Bhansali est de la trempe de ces cinéastes qui ont su imposer un style, et se sont rendus très vite populaires. Considéré comme un pape du cinéma en Inde, on ne refuse rien à Sanjay Leela Bhansali et cette renommée, c’est sûrement avec son troisième film qu’il l’a acquis, quand il a décidé de se lancer dans l’adaptation de « Devdas« . Si part chez nous, « Devdas » ne nous évoque pas grand-chose, en Inde, il est à la base un roman écrit par Sarat Chandra Chattopadhyay, et ce roman s’est imposé au fil des années comme une œuvre essentielle de la littérature indienne. Il est d’ailleurs si populaire qu’il compte à ce jour une dizaine d’adaptations et il est considéré comme le « Roméo et Juliette » indien.

Au moment où Sanjay Leela Bhansali se lance dans l’adaptation de « Devdas« , il est un réalisateur qui a deux films à son actif qui ne sont pas plus connus que cela et pourtant, ça ne va pas l’empêcher de se lancer dans une adaptation démesurée, se posant même comme le film indien le plus cher jamais réalisé à l’époque. Dix-huit mois de tournage, des figurants par milliers, des conditions de tournage difficiles, pour ne pas dire chaotiques, et le résultat est bel et bien là, et « Devdas » est un film sublime. Un film qui n’est pas dénué de défauts. Le film tient un côté cheap et il est bien trop long, au-dessus de cela, son histoire est superbe, la mise en scène est démesurée et ses comédiens y sont bouleversants. Bref, en bon et pas terrible, le film de Sanjay Leela Bhansali est une petite merveille qui mérite bien son statut de film culte.

Inde, début des années 1900. Devdas est le fils d’un riche propriétaire. Après dix ans d’absence durant lesquels il était parti étudier le droit à Londres, Devdas est de retour dans la demeure familiale. Outre l’euphorie qu’enclenche le retour du fils prodigue à la maison, tout le monde a de beaux projets pour lui et parmi ces projets, un mariage avec un bon parti serait parfait. Or, Devdas est amoureux de sa voisine Parvati, une jeune femme issue d’un milieu modeste et ça, pour le père de Devdas, cet amour n’est absolument pas envisageable. Après plusieurs drames et disputes, la jeune femme va alors être mariée de force à un riche et plus âgé propriétaire, quant à Devdas, il va quitter la résidence familiale, renier sa famille et sombrer brutalement dans l’alcool.

Magnifique, tout simplement magnifique. « Devdas« , c’est une légende indienne, c’est un film qui a connu un tel succès qu’il s’est placé presque immédiatement comme culte dans l’image du cinéma indien et il est vrai qu’à la découverte de cette fresque de plus de trois heures, Sanjay Leela Bhansali a tout simplement sorti l’artillerie lourde. Des décors grandioses, des figurants par centaines, des costumes tous plus beaux les uns que les autres, des numéros chantés et dansés hypnotisants et soutenus par une BO qui est une merveille.

Bon, il est vrai que « Devdas » a ses défauts, le principal étant que malgré la passion qu’on peut avoir pour cette histoire, le film, dans sa dernière heure, commence à se faire long et les plus de trois heures que va durer ce grand drame auraient pu être quelque peu raccourcies, ce qui aurait fait gagner « Devdas » en puissance.

Toujours du côté des défauts, le film tient parfois des moments et des allures cheaps. Il y a quelque chose de forcé et théâtral qui s’échappe de temps à autre dans la mise en scène, dans le jeu de ses comédiens, ou encore dans la photographie qui peut avoir une tendance à saturer les couleurs.

Mais bon, ces défauts vont être bien peu de chose face à toutes les qualités et l’immensité de l’œuvre de Sanjay Leela Bhansali. La première chose qui passionne avec « Devdas« , c’est son intrigue et surtout la richesse folle qu’on trouve dans la peinture de l’Inde de l’époque.

Outre cette histoire d’amour impossible et bouleversante au possible, à travers l’histoire de ces amoureux contrariés, « Devdas » est un film qui aborde les castes sociales en Inde. Il existe en Inde une sorte de pyramide de classes sociales et il est évident que ceux qu’en haut ne peuvent fréquenter ceux d’en bas et « Devdas » aborde ça sans détour ou hypocrisie. Le film abordera les intérêts familiaux, l’honneur de la famille, la sorte de déshonneur qu’inspirent directement les gens issus du bas de la pyramide. Évidemment, l’amour impossible et les destins presque fauchés car mis sous scellé pour « sauver » l’honneur de la dite famille au détriment donc du bonheur et tout simplement de l’amour sont au centre de l’intrigue. L’histoire ira plus loin encore, avec tout ce qui pourra être fait autour de la condition des femmes, l’hypocrisie de l’aristocratie, qui cherche l’honneur à tout prix, mais fréquente les bordels. On sera surpris aussi par tout ce qui sera fait et dit autour des femmes qui tiennent ces bordels, femmes autant aimées derrière les murs, que conspuées en dehors, étant relayées plus bas que terre. Puis bien sûr, il y a l’autodestruction des héros, ce qui les amènera de manière certes prévisibles, mais tellement puissante et triste, vers cette fin, qui tient tout du conte ou de la légende indienne.

Si le film est aussi beau et puissant, c’est aussi parce qu’il est superbement tenu par ses comédiens. Il est difficile de ne pas citer Shah Rukh Khan et Aishwarya Rai, tant ces amants contrariés sont magnifiques. Certes, parfois, on peut avoir un sentiment de surjeu, on peut se dire qu’ils en font un peu trop, et que plus de nuances auraient été le bienvenu, mais on se laisse prendre par cette ambiance, ce Bollywood, et toute cette démesure dans les sentiments. Puis en plus de ces deux acteurs, le film est truffé de personnages intéressants et impeccablement tenus, ainsi donc, impossible de ne pas non plus citer Madhuri Dixit qui incarne une courtisane, ou encore le rafraîchissant Jackie Shroff en pote de beuverie.

Enfin, la dernière puissance de « Devdas« , c’est la démesure folle de sa mise en scène. Sanjay Leela Bhansali livre encore une fois un film incroyable en tout point de vue. S’il a parfois ses longueurs et son ventre mou, qui se tord en accordéon, l’ensemble de « Devdas » est passionnant et nous offre des scènes incroyables. « Devdas« , c’est du drame, de la comédie, des sentiments exacerbés, et le tout est parsemé par des scènes de danse assez incroyables, qui trouvent à chaque fois leur juste place. On ajoutera à cela les décors grandioses et impressionnants de détails, tout comme les costumes ou encore les idées de mise en scène de Bhansali qui met tout en œuvre pour que le spectacle soit aussi grand que la passion interdite de ces deux personnages.

« Devdas » est une très grande œuvre. C’est du Bollywood dans toute sa splendeur. Alors oui, ceux qui ne sont pas réceptifs à cet esprit Bollywoodien, « Devdas » risque fort de passer comme trois heures de calvaire, entre son côté cheap, ses longueurs, et toute cette théâtralité dans le jeu et l’histoire, mais pourtant, malgré ces défauts, la puissance de cette histoire et surtout sa richesse les efface d’un coup. On s’amuse, on rit, on est touché, on voyage, aussi bien visuellement qu’émotionnellement. Bref, « Devdas » est démesuré, il est surprenant, déroutant même, et finalement, entre bon et pas terrible, on a tout simplement adoré cette plongée dans cette superbe, grande, triste histoire d’amour.

Note : 14/20

Par Cinéted

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