avril 19, 2024

Cruella

De : Craig Gillespie

Avec Emma Stone, Emma Thompson, Paul Walter Hauser, Emily Beecham

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Comédie

Résumé :

Londres, années 70, en plein mouvement punk rock. Escroc pleine de talent, Estella est résolue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Elle se lie d’amitié avec deux jeunes vauriens qui apprécient ses compétences d’arnaqueuse et mène avec eux une existence criminelle dans les rues de Londres. Un jour, ses créations se font remarquer par la baronne von Hellman, une grande figure de la mode, terriblement chic et horriblement snob. Mais leur relation va déclencher une série de révélations qui amèneront Estella à se laisser envahir par sa part sombre, au point de donner naissance à l’impitoyable Cruella, une brillante jeune femme assoiffée de mode et de vengeance…

Avis :

Discret, l’australien Craig Gillespie s’est assuré un joli petit bout de carrière depuis ses débuts en 2007. Si le nom du metteur en scène n’évoque pas grand-chose aux yeux et aux oreilles du grand public, Craig Gillespie a pourtant trouvé de jolis succès. Des succès qui sont d’abord restés plutôt confidentiels, le cinéaste commençant dans le cinéma d’auteur en livrant le merveilleux « Une fiancée pas comme les autres« , puis Craig Gillespie s’est vu tenir de plus gros budgets avec « The Finest Hours » ou encore le génial « Moi, Tonya« .

De manière tout à fait personnelle, je n’ai jamais été déçu par un film de Craig Gillespie et pourtant, malgré ça, je dois bien dire que cette origine story sur le personnage de Cruella avait quelque chose qui me faisait croire à moitié au projet, notamment Emma Stone, actrice que j’aime énormément, et dont les premières bandes-annonces dans la peau de la terrible et infecte Cruella n’arrivait absolument pas me convaincre. Mais bon, la curiosité l’emportant sur les craintes, je suis donc allé voir ce nouveau Craig Gillespie et ce « Cruella » fut une surprise terrible. Ce « Cruella » est un film fun, punk, décalé, bipolaire et au-dessus de tout ça, un film jouissif, et même touchant, ce qu’on n’avait clairement pas vu arriver, peignant un personnage blessé, tenu par une Emma Stone qui s’éclate de bout en bout de film !

Londres, les années 70, Estella est une jeune femme qui survit comme elle peut, montant des arnaques et troussant des passants avec ses deux compères, deux gamins des rues qui l’ont recueillie il y a une dizaine d’années de ça. Estella se fait brillante, et elle rêve de travailler dans la mode, d’être styliste et pourquoi pas plus encore. Un matin, alors que la journée aurait mal commencé, Estella va taper dans l’œil de la Baronne, la Reine de la mode à Londres. Si la jeune femme croit alors toucher son rêve, de terribles souvenirs vont lui remonter en pleine figure et bientôt, Estella va laisser place à Cruella…

« Cruella » revu et corrigé par Craig Gillespie est le film que je n’avais pas vu arriver. Vous savez ce genre de projet où l’on pourrait en avoir déjà des idées toutes faites avant même de l’avoir vu et grand mal m’en aura pris, car la surprise fut de taille et « Cruella » s’est posé comme un divertissement purement jouissif.

Un divertissement qui, raison gardée, reste assez facile en un sens avec son côté clippé, ou encore en véhiculant avec lui son lot de prévisibilité, de petites incohérences, ou encore de bons sentiments, abordant la famille, avec celle qu’on se crée, mais franchement, face à tout ce que le film se permet en délires, surprises, ambiance et même en folie, ces petits « défauts » sont très vite oubliables, car on s’éclate tout bonnement devant le film de Craig Gillespie.

La première chose qui vient en tête, c’est Emma Stone dans le rôle de l’horrible Cruella. Si à première vue l’actrice n’était pas le choix le plus évident, très vite, elle s’impose comme un choix terrible. Géniale de bout en bout, Emma Stone compose une Cruella tordue et tordante. Une Cruella bipolaire qui passe d’un extrême à l’autre, et l’on adore la suivre dans toutes ses facettes, car finalement, on ne sait jamais à quoi s’attendre avec ce personnage. Puis au-delà de ça, on sent vraiment qu’Emma Stone s’éclate dans la peau de ce personnage, qui au fil des traits que peint le scénario va se révéler être bien plus complexe qu’il n’en a l’air. On sera même surpris d’être touché par ce personnage blessé. Certaines blessures ne se referment jamais vraiment et peuvent définir une trajectoire et Cruella est de ces personnages.

Ensuite, derrière le personnage, « Cruella » est aussi un film qui se pose comme jouissif pour tout ce qu’il peut avoir comme idées derrière. Baignant dans le Londres des années 70, Craig Gillespie propose un film punk, qui ne cesse d’être créatif, aussi bien dans sa mise en scène que dans son ambiance, ou encore dans ce qu’on pourrait appeler « le choc des Emma », qui se livrent une bataille acharnée, délirante, démesurée et tordante (à noter une Emma Thompson terrifiante dans la peau de La Baronne, une Reine de la mode qui pourrait faire de l’ombre à Meryl Streep dans « Le diable s’habille en Prada« ).

Puis derrière ce choc des Emma, « Cruella » est un film qui part dans tous les sens, allant chercher du côté du film de braquage et d’arnaque, jouant subtilement dans la comédie sans jamais en faire de trop, et puis bien sûr Craig Gillespie n’oublie jamais de peindre une bonne origine story, qui expliquera beaucoup pour la suite qu’on connaît tous. Toutefois, au milieu de tous ces bons points, le film tient des effets spéciaux très mal foutus de certains chiens qui sont dignes d’un téléfilm sans budget, ce qui est d’ailleurs assez étrange au milieu de tout ça, de voir à quel point d’un coup, c’est raté.

Côté jouissif, même si c’est très facile et ça peut donner des allures d’immense clip, Craig Gillespie s’est fait plaisir en nous offrant une BO qui rassemble une très belle tranche de tubes années 70. La soundtrack list est un festival où se côtoient Blondie, David Bowie, Les Stone, Nina Simone, Black Sabbath, les Bee Gees, Nancy Sinatra, Ohio Players, Tina Turner, Queen, Les Clash et cette ouverture de film sur Supertramp (d’ailleurs, un film qui s’ouvre sur Supertramp ne peut pas être mal). Bref, ça n’arrête pas une minute.

En plus des Emma, on peut aussi compter sur des personnages secondaires cools et bien tenus, notamment par Joel Fry (« You, me and the Apocalypse« ) et Paul Water Hauser (« Le cas Richard Jewell« ), acteur qui se démarque encore une fois.

Cette origine story pour « Cruella » est donc la surprise de cette fin de moins de Juin. Réussi, drôle, triste, tordu et surtout bipolaire, c’est bien le mot qui décrit le mieux le personnage et au-delà de ça, le film de Craig Gillespie qui avec cette idée de folie/vengeance gentiment méchante (on reste chez Disney, il ne faut pas l’oublier non plus), livre là un film très amusant, qui peut même se vanter d’être l’un des meilleurs dans sa catégorie.

Note : 15/20

Par Cinéted

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