avril 19, 2024

La Révolution

D’Après une Idée de : Aurélien Molas et Gaïa Guasti

Avec Amir El Kacem, Marilou Aussilloux, Lionel Erdogan, Isabel Aimé Gonzalez Sola

Pays : France

Nombre d’Episodes : 8

Genre : Horreur

Résumé :

Royaume de France, 1787. Enquêtant sur une série de meurtres mystérieux, Joseph Guillotin – futur inventeur de la guillotine – découvre l’existence d’un nouveau virus : le sang bleu. La maladie se propage au sein de l’aristocratie et pousse la noblesse à attaquer le peuple. C’est le début d’une révolte … Et si on nous avait menti depuis plus de deux siècles ? Voici la véritable histoire de la Révolution Française…

Avis :

Il est adage, en France, comme quoi nous sommes incapables de fournir de bons films, ou séries, d’horreur. Cela n’est pas vrai. Des talents, dans le genre, il y en a des tonnes, mais quand ils voient les barrières des producteurs pour faire de l’horreur ou du fantastique, ou de la science-fiction, ils préfèrent voir ailleurs. Ce fut le cas pour Alexandre Aja après Haute Tension, mais aussi de Julien Maury et Alexandre Bustillo malgré leur volonté de rester en France, ou encore de Pascal Laugier. Bref, on a des réalisateurs qui aiment l’horreur, mais qui sont obligés de partir pour faire ce qu’ils ont envie de faire. Dans le monde de la série, c’est une autre paire de manches. Car si Netflix permet de s’ouvrir un peu plus, on ne peut pas dire que la qualité soit au rendez-vous.

Qu’est-ce qui coince ?

Pour cela, il suffit de voir la piètre qualité de Vampires, ou les résultats désastreux de La Révolution, série qui nous préoccupe aujourd’hui. En France, on a beau essayer, on n’arrive pas à faire un produit horrifique de qualité, du moins depuis une paire d’années. Pourtant, on sait qu’il y a un public pour cela. Les entrées sur les « gros » films d’horreur sont toujours bonnes et il semblerait que le genre est celui qui cristallise le plus les cinéphiles (si l’on excepte la tendance geek, on trouve plus facilement des sites spécialisés dans l’horreur que sur de la comédie ou du drame). Alors clairement, qu’est-ce qui coince dans les productions françaises d’horreur, même celle soutenues par Netflix. La réponse pourrait bien se trouver dans La Révolution, série en huit épisodes disponible sur Netflix depuis la fin d’année 2020.

Se trainant une réputation calamiteuse, ayant des critiques assez acerbes sur les réseaux sociaux par des gens qui n’ont pas dépassé le deuxième épisode, il faut essayer de voir ce qui ne va pas avec cette série, très vite annulée, faute de téléspectateurs et de bons retours. Et il est évident que la première chose qui fâche, c’est bien entendu le scénario. Si l’idée de placer des « zombies » juste avant la révolution et de mettre le sang bleu (les nobles) comme une horde ambitieuse et affamée était bonne, les incohérences seront alors légion. C’est bien simple, il y a beaucoup de contradictions, de liberté prise, qui ne collent pas. A titre d’exemple, pourquoi le rat infecté par le sang bleu a le cœur qui bat, alors que les humains infectés n’ont plus le cœur qui bat.

Relations factices

Et des problèmes d’écriture de ce style, il y en a plein. De même, les personnages sont assez vite expédiés et écrits, à un tel point que l’on ne ressent pas de l’empathie pour eux. C’est un véritable problème car à cause de cela, on ne rentrera pas pleinement dans l’histoire de La Révolution et on n’aura pas ce côté viscéral qui est pourtant présent d’un point de vue visuel. Les relations entre les personnages sont plutôt factices, voire même téléphonées, sans réel effort pour contrecarrer ce que l’on pense. Ainsi donc, le médecin se tapera son apprenti et trouvera un remède au sang bleu, ce qui rendra chafouin les nobles. Le frère infecté qui a appris à se battre en Louisiane et qui revient en héros fait un peu tâche. Les rebelles, qui ont tous des gueules cassés, font pâle figure avec leur stratégie et leur couardise.

Et que dire du nouveau baron, psychotique en diable et qui est en perpétuel surjeu. Bref, on a connu mieux. Néanmoins, on peut lire çà et là que les acteurs jouent relativement mal, et là-dessus, on émet un bémol. Certes, le « méchant » est une énorme caricature, mais globalement, il n’y a rien de honteux dans le jeu des personnages et le phrasé fait partie intégrante de l’époque à laquelle se passe la série. Ensuite, La Révolution possède des thèmes qui sont assez intéressants. La lutte incessante du peuple contre la répression des puissants, la volonté de restaurer un équilibre dans les privilèges, l’aspect un peu historique avec la Grande Peur qui s’installe avant la révolution, on a tout un tas de thèmes qui sont amenés ici avec un aspect frontal parfois un peu ridicule, mais avec une belle énergie et une volonté de raconter quelque chose.

Du sang et de l’ambition

Il faut tout de même saluer l’ambition graphique de la série. Quoi qu’on en dise, c’est beau. Certes, les ralentis sont trop nombreux et la stylisation est parfois un peu lourde, mais la série veut taper dans l’œil. Certains plans sont de jolis tableaux et il y a vraiment des trouvailles fort sympathiques. On peut évoquer l’arbre avec les esclaves enchainés qui servent de pâture aux sangs bleus. On peut parler de ce ralenti dans le dernier épisode du cheval en feu dans la ruelle. On peut aussi citer les différents moments bien gores qui parsèment les épisodes. La série veut démontrer qu’en France, on sait aussi découper des têtes et se faire violence quand on part dans l’horreur. Alors oui, le coup de la gamine et de cette espèce de fantôme fait un peu tâche, mais ça rajoute un côté ésotérique pas dégueulasse.

Au final, La Révolution est une série qui s’est arrêtée bien trop tôt. Malgré de nombreux défauts qui peuvent salir le visionnage, il n’en demeure pas moins que les français ont fait montre d’une belle volonté pour mettre en avant une réalisation classieuse et des effets gores probants. Il est juste dommage que le public n’ait pas fait l’effort d’aller plus loin que quelques épisodes pour se faire un avis. Comme d’habitude avec Netflix, on nourrit de contenu et ce qui ne marche pas du premier coup finit à la poubelle. Ce fut le cas pour La Révolution qui n’aura pas de fin, malgré de nombreux arcs narratifs en suspens. Pour une fois que les français faisaient preuve d’ambition dans du genre…

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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