avril 20, 2024

Un Grand Cri d’Amour

De : Josiane Balasko

Avec Josiane Balasko, Richard Berry, Daniel Ceccaldi, Daniel Prévost

Année : 1998

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

Avant de divorcer Hugo et Gigi formaient un couple d’artistes épatants. Depuis leur séparation, Gigi a sombré dans la dépression tandis que son ex-mari tente de relancer sa carrière d’acteur de théâtre. La première représentation va bientôt avoir lieu, mais sa partenaire lui fausse compagnie… Gigi est choisie pour la remplacer, l’occasion pour elle de revenir sous le feu des projecteurs. Encore faut-il que les ex-amants acceptent cette idée !

Avis :

Actrice et réalisatrice française, Josiane Balasko, entre bons et mauvais films, tient une carrière tout à fait honorable. Si Josiane Balasko est connue de tous au cinéma, il se trouve aussi, et ça, on a tendance à l’oublier, qu’elle est aussi metteuse en scène de théâtre. Sa première pièce date de 1971 et depuis, Josiane Balasko a écrit et mis en scène beaucoup de pièces et plusieurs d’entre elles ont été adaptées aussi cinéma. Après le succès en 1995 de « Gazon maudit« , Josiane Balasko était retournée au théâtre en 1996 avec une pièce qu’elle a écrite, « Un grand cri d’amour« . La pièce fut un joli succès, et l’idée d’en faire une adaptation a germé.

Cinquième film réalisé par Josiane Balasko, « Un grand cri d’amour » était quelque peu passé inaperçu au moment de sa sortie cinéma et c’est bien dommage, car Josiane Balasko livre là l’une de ses meilleures comédies. Une comédie vacharde, qui tient une bonne idée, et surtout qui est emportée par des comédiens excellents, qui s’éclatent avec ces personnages qui ne cessent de se rentrer dans le lard. Ainsi, entre répliques tordues et tordantes et situations ubuesques, « Un grand cri d’amour » est un film devant lequel je me suis éclaté.

Hugo Martial et Gigi Ortega furent un couple mythique dans le paysage du cinéma et du théâtre français. Mais voilà dix ans qu’ils se sont séparés et qu’ils ne peuvent plus se voir en peinture. Elle est devenue alcoolique et elle a tué sa carrière. Lui, sa carrière est au point à mort, et tout le monde le sait, sauf lui. Alors qu’il bosse sur une pièce de théâtre, l’équipe se fait planter par l’actrice principale, car cette dernière est enceinte. Dès lors, il faut trouver une remplaçante. Sylvestre, l’agent d’Hugo, a alors une idée, et si le couple mythique se reformait… Mais comment leur faire pousser ce grand cri d’amour ?

Adapté une pièce de théâtre, même si on en est l’auteur, n’est pas si facile que ça, car ce qui fonctionne sur les planches peut avoir du mal à marcher à l’écran et Josiane Balasko en fera les frais dans l’avenir, quand elle va adapter une autre de ses pièces, « L’ex-femme de ma vie« . Heureusement, en ce qui concerne ce « … grand cri d’amour« , la metteuse en scène et réalisatrice ne se sera pas plantée, et avec cette confrontation entre elle et Richard Berry, soutenu d’un Daniel Prévost au bord de la dépression, ainsi qu’un Daniel Ceccaldi filou et menteur pour arriver à ses fins, donne un moment de comédie hilarante.

L’atout principal de cette comédie, c’est son écriture. Si du point de vue de son intrigue, l’ensemble est assez classique, voire même quelque peu prévisible, là où « Un grand cri d’amour » fonctionne totalement et nous amuse de son début à sa fin, c’est dans l’écriture de ses personnages qui vont être plus profonds qu’ils n’y paraissent. L’écriture de leur relation qui ne va cesser d’évoluer, et surtout dans l’écriture de ces dialogues, qui sont parsemés de répliques toutes plus mordantes les unes que les autres. Grossier tout en trouvant la juste mesure, grinçant et cinglant, peuplé de coups bas et autres allusions et reproches tordus et tordants, « Un grand cri d’amour« , c’est une heure et demi d’engueulades vachardes, de confrontations des egos, et le tout est étonnamment saupoudré de blessures amoureuses qui donnent un joli fond à l’ensemble.

Josiane Balasko instaure un très bon rythme, et sa comédie fuse en permanence, et faut entendre ce que le couple peut s’envoyer dans la gueule, entre deux distributions de baffes. Il y a vraiment de quoi s’amuser, surtout que l’on sent bien que ce quatuor d’acteurs s’éclate avec ces personnages. Car oui, derrière le couple terrible que forment Balasko et Berry, il ne faudrait pas oublier « le faux couple » que forment Prévost en metteur en scène, qui sait trop bien dans quel calvaire il s’engage, et Ceccaldi, qui en agent d’acteurs prêt à tout pour ne pas faire annuler cette pièce, fait des merveilles.

Si « Un grand cri d’amour » demeure assez classique dans sa forme, ça ne l’empêchera pas d’être un bon film, qui démontre bien que Josiane Balasko est une réalisatrice de talent. Outre le rythme qui ne faiblit jamais, « Un grand cri d’amour » tient bien la route, partagé entre huis clos, comédie burlesque, et un hommage aux acteurs, avec toutes ces scènes que le film refait encore et encore entre deux engueulades. Le film tient une jolie composition esthétique, que ce soit dans ses décors, ses costumes, génialement vulgaires pour certains, ou encore dans l’éclairage de ce théâtre. Josiane Balasko fait simple, mais elle fait efficace.

Passé inaperçu lors de sa sortie, devenant culte au fil des années, « Un grand cri d’amour » se pose comme l’un des meilleurs crus de Josiane Balasko. Comédie tordante qui n’arrête jamais. Comédie parsemée de répliques géniales, peuplée de coup bas et autres hallucinations, ce « … grand cri d’amour » est tout simplement un régal dont on ne se lasse pas.

Note : 15/20

Par Cinéted

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