avril 19, 2024

Nomadland

De : Chloé Zhao

Avec Frances McDormand, David Strathairn, Gay DeForest, Linda May

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle. De vrais nomades incarnent les camarades et mentors de Fern et l’accompagnent dans sa découverte des vastes étendues de l’Ouest américain.

Avis :

Réalisatrice chinoise, Chloé Zhao a quitté son pays à l’âge de quinze ans pour étudier le cinéma en Angleterre, puis aux Etats-Unis. La jeune cinéaste présente son premier long-métrage en 2015, « Les chansons que mes frères m’ont apprises » et depuis, Chloé Zhao a l’une des plus belles ascensions de ces dernières années. Son deuxième film, « The Rider« , se voit rafler des Prix un peu partout. Puis arrive « Nomadland« , son Prix à Venise, qui ouvre la route vers les Oscars en passant forcément par les Golden Globe.

Oscar du meilleur film et de la meilleure réalisatrice, voici donc que « Nomadland » arrive dans nos salles obscures. Fresque d’une belle heure quarante-cinq qui parcourt les Etats-Unis en compagnie d’une actrice authentique, « Nomadland » se pose comme un beau film. Un film intéressant et libre. Un film qui dresse le portrait de personnes dont on parle peu, voire pas du tout, ceux qu’on appelle les nomades. Solidarité, joie et détresse, voyage, sourires, routine, difficulté, le tout sur fond des fantômes d’une crise économique, si le film de Chloé Zhao se fait longuet, notamment dans sa dernière partie qui traîne un peu et a du mal à conclure, il n’en restera pas moins un petit bout de cinéma intéressant.

Fern, aux alentours des années 2010, a absolument tout perdu. Son mari est mort, et peu après, suite à la crise de 2008, l’usine dans laquelle elle travaillait depuis des années a fermé ses portes. Acculée, Fern a alors tout plaqué, s’est achetée un van et aujourd’hui elle parcourt les Etats-Unis, allant de petits boulots en petits boulots, et de voyage en voyage.

Le voici, le cap du troisième film pour Chloé Zhao. Le difficile cap du troisième, et autant dire que la réalisatrice a passé ledit cap très haut la main au vu de tous les honneurs qu’elle a pu avoir, allant jusqu’à remporter la récompense suprême.

Avec un tel parcours, commencé à Venise en Septembre dernier, « Nomadland » était l’un des films qui se faisait attendre avec la plus grande impatience pour la réouverture des salles et je dois bien avouer que malgré de très beaux et de bons côtés, ce nouveau Chloé Zhao se pose aussi comme une petite déception.

Une déception qui est agaçante, car la réalisatrice réunit bien des ingrédients dans son film pour que celui-ci soit une petite merveille. Intéressant dans ce qu’il raconte, très beau dans sa forme, qui pousse à la limite du documentaire tant la cinéaste a su capturer quelque chose de vrai, et le tout est tenu par une actrice formidable, Frances McDomand. Une actrice qui reçut pour l’occasion sa troisième statuette, ce qui est plus que mérité, tant elle est authentique.

Avec « Nomadland« , Chloé Zhao a décidé de parler de ceux que le cinéma a tendance à oublier, ou du moins de peu mettre en avant. Ces gens, ce sont les nomades, ceux qui sont sur les routes, parfois par choix et d’autres fois pas forcément. Dressant le portrait de l’une de ces voyageuses, la metteuse en scène livre un film brut. Un film lumineux, et pas tant que ça. « Nomadland« , c’est une plongée et une invitation au voyage. Ce qui est assez incroyable avec le film de Chloé Zhao, c’est la façon véridique à la limite du documentaire qu’il a pour mettre en lumière ces vies, ces parcours, ces envies et ces rencontres. À travers le portrait de son personnage, Chloé Zhao dresse surtout le portrait d’une partie de l’Amérique. Une Amérique qui a tout perdu avec la crise. Une Amérique hors du système, en rupture totale avec les standards de vie.

« Nomadland« , c’est un scénario qui aborde aussi bien la société en elle-même, le travail, la recherche de celui-ci, que le deuil (d’un proche ou d’une vie). Chloé Zhao parle des souvenirs, de la solitude, des choix imposés ou non, elle aborde un sentiment de liberté, et elle nous touche avec ce regard difficile et en même temps plein de beauté sur ce pays et ces vies.

En plus d’un scénario intéressant, c’est aussi un sublime voyage à travers l’Amérique. Certes, la comparaison avec le cinéma de Terrence Malik est facile, notamment quand la réalisatrice filme ces différents paysages, mais ça n’ira pas plus loin, « Nomadland » se concentrant plus sur son intrigue, ce qui n’était pas vraiment le cas des derniers Malick (hormis « Une vie cachée« ) qui sont plus des expériences. Bref, quoi qu’il en soit, « Nomadland » est magnifiquement filmé, et le tout est parcouru d’une BO signée Ludovico Einaudi, magnifique, même si on peut lui reprocher d’être parfois un peu trop appuyée.

Mais voilà, si le film enchaîne les bons points, s’il est beau et intéressant, comme je le disais, il se pose aussi comme une déception, et ce sentiment de déception vient de son traitement. « Nomadland » est un film qui demeure assez contemplatif, et même s’il raconte beaucoup de choses de l’Amérique et de ses personnages, il laisse aussi la sensation de traîner en longueur et de s’étirer, notamment dans sa dernière partie, où il se prolonge encore et encore. On a l’impression que le film cherche une façon de se conclure, une façon de nous quitter et plus il cherche et plus finalement, malgré beaucoup d’intérêt, on finit par s’y ennuyer.

Ce troisième film pour Chloé Zhao est donc un morceau de cinéma en demi-teinte. Intéressante et très belle, tenue par une Frances McDormand incroyable de vérité et de charisme, cette immersion dans la vie d’une laissée sur le bord de la route s’étire et se fait finalement longuette, et même ennuyante, ce qui est dommage. Je suis donc quelque peu partagé, même si je ne regrette pas de m’y être arrêté, car le voyage, malgré l’ennui ressenti, vaut son coup d’œil.

Note : 13/20

Par Cinéted

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