avril 25, 2024

Le Temps des Luttes

Titre Original : Gli anni amari

De : Andrea Adriatico

Avec Nicola Di Benedetto, Sandra Ceccarelli, Antonio Catania, Tobia De Angelis

Année : 2021

Pays : Italie

Genre : Biopic, Drame

Résumé :

Le Temps des luttes retrace la vie de Mario Mieli, l’un des fondateurs du mouvement de libération LGBT en Italie créé au début des années 70. Il naît d’une famille de la bourgeoisie industrielle juive qui a fait obstacle au développement de sa personnalité jusqu’à le faire interner dans un hôpital psychiatrique. Adulte il devient activiste, écrivain et performeur, une figure emblématique du panorama culturel italien de l’époque. Si ses combats parviennent à faire évoluer les mentalités d’une société alors encore très conservatrice, sa vie personnelle sera très compliquée avec notamment une histoire d’amour difficile et intense avec Umberto Pasti, jusqu’à son suicide à l’âge de 31 ans.

Avis :

Andrea Adriatico est un nom qui ne nous évoque pas grand-chose et pourtant en Italie, il est un metteur en scène important. Ayant fait une très grande partie de sa carrière au théâtre, metteur en scène et acteur depuis la fin des années 80, il a joué ou monté une trentaine de pièces. Entre deux-pièces, le metteur en scène s’intéresse forcément au cinéma. Il commence alors a réalisé en 2002, réalisant coup sur coup, un court, puis un long-métrage. Aujourd’hui, le réalisateur propose au Festival Chéries-Chéris son quatrième film.

Inconnu chez nous, « Le temps des luttes » est un biopic qui s’arrête sur l’une des grandes figures de la lutte pour les droits des homosexuels dans l’Italie des années 70. Avec ce film, Andrea Adriatico s’intéresse donc à Mario Mieli un militant LGBT et il propose un biopic aussi intéressant qu’il demeure toutefois assez classique dans sa forme. Personnage haut en couleurs, lutte dans une époque conservatrice, et hommage et mise en lumière d’un personnage qu’on ne connaissait pas, « Le temps des luttes » est un petit film intéressant, mais qui ne marquera pas forcément plus que ça les esprits.

Mario Mieli est un jeune homme d’une vingtaine d’années qui préfère qu’on l’appelle Maria. Fils d’un riche entrepreneur, Mario est homosexuel et n’en a absolument pas honte, au grand drame de sa famille, qui aurait aimé qu’il soit bien moins exubérant. Lors d’un voyage à Londres, le jeune découvre le militantisme gay, et décide de s’engager dans la lutte. De retour en Italie, Mario va peu à peu s’affirmer comme un activiste révolutionnaire, prenant l’égalité des droits pour tous dans un pays où l’homosexualité est encore considérée comme une maladie mentale et étudiée. Entre réunions, doutes, histoires d’amour douloureuses, provocations et autres prises de paroles, la vie du jeune homme est mouvementée et elle va permettre une certaine libération.

Débarqué directement en DVD chez Optimal, « Le temps des luttes » est un film tout à fait appréciable, qui nous présente un personnage haut en couleurs qu’on ne connaissait pas. Loin d’être parfait ou totalement passionnant, le film d’Andrea Adriatico n’en demeure pas moins un petit morceau de cinéma intéressant et je ne regrette pas de m’y être arrêté, ne serait-ce que pour la présentation de la vie de cet homme qui a tant contribué à mettre en lumière des inégalités et plus largement des hommes et des femmes jugés malades.

Autant le dire tout de suite, le scénario, et le film en lui-même d’ailleurs, est on ne peut plus classique. « Le temps des luttes« , c’est le biopic type qui est linéaire, qui ne prend aucun risque dans sa mise en scène, ou son écriture. On peut même dire que des biopics sur des personnages de cette trempe-là, on en a déjà vu, et en mieux. Malgré ce côté-là, ça ne va nullement empêcher « Le temps des luttes » d’être intéressant et ça, sur plus d’un point.

Ainsi donc, on appréciera le personnage en lui-même et toutes ses nuances et autres contradictions. On appréciera découvrir sa vie, son engagement, ses doutes, et sa courte, mais belle, histoire d’amour. Histoire d’amour qui tient de jolis moments intimes, plein de complicité et de poésie. Andrea Adriatico réussit très bien à retranscrire l’époque dans laquelle évolue son personnage. Là encore, ce côté-là est très intéressant, ainsi, on y trouve des réunions pour « analyser » l’homosexualité entre d’éminents spécialistes, on y trouve une révolution culturelle qui foisonne, venant de partout (Angleterre, France, Allemagne). Le film s’intéresse au regard des autres, à la force qu’il faut pour être soi-même et s’assumer, tout comme le film ira aussi jeter un regard du côté de la famille de Mario, du regard qu’ils portent, entre compréhension et gène. Bref, si le film ne sort pas vraiment des sentiers battus, qu’il offre tout ce à quoi on pouvait s’attendre dans un biopic comme celui-là, il n’en demeure pas moins qu’il reste intéressant.

Puis « Le temps des luttes » est aussi intéressant car il est tenu par un acteur divin, qui trouve là un rôle complexe. Un rôle dans lequel il était facile de tomber dans la caricature, et ce n’est pas le cas ici, Nicola Di Benedetto composant et livrant un jeu touchant. On notera parmi les personnages et les acteurs marquants, Tobia De Angelis, qui incarne l’amoureux de Mario, l’écrivain Umberto Pasti.

Si du côté de scénario, c’est simple mais sans faille, du côté de la réalisation, ce n’est pas toujours ça. S’il faut dire que le tout est bien filmé, que la reconstitution est aussi belle qu’impeccable, on notera d’étranges problèmes techniques, comme un montage qui saccade parfois, comme des problèmes de son, avec des accroches du micro, ou encore quelques objets dans le champ. Des problèmes qui nous sortent quelque peu de notre séance et qui nous laisse interrogatif, un peu comme si la version proposée n’avait pas fini sa post prod.

Quoi qu’il en soit, sur l’ensemble, malgré ses problèmes et son côté très classique, voire même académique, « Le temps des luttes » reste un bon film, intéressant pour son personnage, pour son portrait, pour son époque ou encore pour son acteur qui s’en sort si bien. Certes, le film ne marquera pas grandement les esprits, et au vu du portrait qui est brossé, son personnage méritait à coup sûr un film plus fort, mais malgré ça, je ne regrette pas de m’y être arrêté. Sans être essentiel donc, « Le temps des luttes« , si jamais vous tombez dessus, reste à voir.

Note : 13/20

Par Cinéted

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