mars 28, 2024

Hospitalité

Titre Original : Kantai

De : Kôji Fukada

Avec Kenji Yamauchi, Kanji Furutachi, Kiki Sugino, Kumi Hyodo

Année : 2010

Pays : Japon

Genre : Comédie

Résumé :

Au cœur de Tokyo, la famille Kobayashi vit paisiblement de l’imprimerie. Quand un vieil ami de la famille réapparaît, aucun ne réalise à quel point il est en train de s’immiscer progressivement dans leur vie… jusqu’à prendre leur place.

Avis :

Kôji Fukada est un réalisateur japonais qui a de plus en plus de visibilité en France. Ayant débuté sa carrière au début des années 2000 avec « La chaise« , un film auto-produit, Kôji Fukada s’est fait une très belle réputation au Japon et se pose, comme aux côtés de réalisateur comme Kore-eda Hirokazu, Naomi Kawasa ou encore Kyoshi Kurosawa, comme une belle relève du cinéma japonais « moderne ». Pourtant, à l’instar de ses collègues, Kôji Fukada aura mis du temps à arriver dans nos salles françaises, puisqu’il aura fallu une dizaine d’années, voire même plus, pour que ses films soient visibles. Or, 2021 a envie de changer la donne et ainsi Art House, société de production française, a décidé de sortir tout au long de l’été, les films du réalisateur et ça commence avec « Hospitalité« .

Sorti en 2011, « Hospitalité » est un film très surprenant, une sorte de « Parasite » avant l’heure. Jouant entre la comédie humaine et le thriller psychologique, le film de Kôji Fukada est un joli délire qui va se révéler bien plus profond qu’il n’y parait. Drôle et critique à la fois, « Hospitalité » est une belle et intelligente analyse de la société japonaise. Plein de surprises, imprévisible en un sens, subtilement tendu, « Hospitalité » laisse tout simplement éclater le talent de son réalisateur, et l’on aurait bien aimé passer plus de temps au sein de cette comédie délirante et tendue à la fois.

La famille Kobayashi est une famille comme les autres qui vit paisiblement dans un petit quartier de Tokyo. Un jour, un vieil ami de la famille réapparaît soudainement. Étant sans emploi et connaissant bien l’imprimerie, métier de la famille, Mr Mikkio décide de l’embaucher et par la même l’invite à vivre quelque temps dans la maison familiale, afin que ce dernier puisse se retourner. Ce geste plein d’altruisme va avoir des conséquences assez folles, car l’étranger en question va faire bien plus que de prendre ses aises.

« Hospitalité » est donc l’histoire d’une famille qui accueille un étranger chez eux, et ce dernier va prendre beaucoup trop de place. Derrière cette idée ô combien sympathique, Kôji Fukada va nous entraîner dans un film qui va n’être qu’une surprise.

Très bien écrit et très bien pensé, « Hospitalité » est un film qui sait parfaitement ce qu’il veut raconter et comment il va le faire. Commençant comme une petite comédie à la fois douce et amère, la trame va peu à peu muter et se transformer en un thriller comique et psychologique. Soutenu par des petits rebondissements bien pensés, « Hospitalité » installe une tension absolument divine et au-delà de cela, l’intrigue prend des allures de piège qui se referme sur cette famille, qui a gentiment accueilli cet étranger dans leurs murs. L’idée d’imposer un personnage qui va prendre de plus en plus de place, au point qu’on pourrait très facilement croire qu’il va finir par remplacer les habitants de cette petite maison est terrible, car le réalisateur tient notre intérêt et il en fait ce qu’il en veut, tant il est impossible de savoir jusqu’où le film va nous emmener.

Cette histoire tient aussi très bien sa route, car à travers elle, Kôji Fukada analyse la société japonaise et ces personnages se retrouvent pris en otage dans leur propre maison, à cause de cette dernière, à cause de leur éducation, de leur bienséance, et de la peur d’un jugement d’autrui. Le film sera aussi critique sur le regard que certains Japonais peuvent avoir sur les étrangers de manière générale. Après, si le scénario tient très bien sa ligne, et nous offre un délirant et tendu divertissement, il demeure que dans sa critique, il y a un part de mystère qui demeure, et même si le film tient des messages et des sujets qui sont très clairs, d’autres le sont moins. Mais l’un dans l’autre, au final, c’est bien le plaisir terrible ressenti qui prime et malgré une ou deux interrogations sur le message du film, « Hospitalité » se pose comme l’un des meilleurs métrages qu’on trouve en salle en ce moment.

Un métrage qui est aussi brillant dans sa mise en scène. Une mise en scène pleine de subtilités, qui va petit à petit se transformer au fur et à mesure que son intrigue se tend. Kôji Fukada nous offre de la comédie, il nous offre de bons moments de manipulations psychologiques, il tient une ambiance parfaite qui fait du bien et puis le réalisateur nous entraîne vers un final aussi délirant que jouissif. Un final qui part loin, et qui apporte assurément une saveur en plus qui fait s’envoler dans nos cœurs « Hospitalité« .

Une saveur qu’on trouve aussi avec ce casting, ô combien terrible. Un casting tout en retenue pour des personnages géniaux. Franchement, à plus d’une scène les regards décontenancés de Kenji Yamauchi, Kiki Sugino et Kumi Hyodo sont magiques. Puis, il y a Kanji Furutachi qui est absolument parfait dans le rôle de cet envahisseur de premier ordre.

Excellente surprise et joli coup de cœur, « Hospitalité » de Kôji Fukada est un film génial. C’est un bout de cinéma qui en plus de confirmer tout le talent de son réalisateur, nous propose une intrigue terrible à suivre. Une intrigue qui part dans tous les sens, une intrigue dont on ne sait où elle va nous emmener, mais une chose est sûre, c’est qu’on a diablement envie d’aller au bout de celle-ci. Bref, cette réouverture des salles, avec à la clef plusieurs films de Kôji Fukada à venir, est un régal.

Note : 17/20

Par Cinéted

Une réflexion sur « Hospitalité »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.