avril 20, 2024

Artillery – X

Avis :

Quand on évoque le thrash, on pense immédiatement à Metallica, et c’est assez logique vu la carrière du groupe. Cependant, on oublie que d’autres formations ont contribué à la démocratisation de ce genre, notamment en Europe. Et parmi les fers de lance, on retrouve Artillery, groupe danois fondé en 1982. Ils participeront au développement du genre durant les années 80 et le début des années 90 avant de séparer en 1993, pour se reformer cinq ans plus tard. On pourrait croire à un renouveau, mais le groupe décide de s’arrêter en 2000… pour se remettre de nouveau ensemble en 2007. Et malgré les changements de line-up et une carrière en dents de scie, le groupe est toujours parvenu à offrir un thrash de qualité, avec des albums qui ont bonne réputation. Affichant un line-up stable depuis 2012, on revient sur leur dixième album, X.

Le skeud débute avec The Devil’s Symphony et on ressent d’entrée de jeu une volonté d’en découdre. Les riffs sont brutaux, rapides et on reste dans un thrash très classique mais fait avec une certaine maestria. Les danois ne mâchent pas leur travail et balancent la sauce très rapidement, nous offrant un bon moyen de se faire une luxation de la nuque. Il en sera de même avec In Thrash we Trust, véritable ode à ce genre parfois conspué par les puristes qui ne visent que des solos de psychopathes dans un Heavy rétro. La voix du chanteur, assez claire, s’accommode parfaitement avec le rythme du morceau et surtout, on aura droit à de jolis chœurs sur le refrain qui rentre bien en tête. Quant à Turn Up the Rage, petit clin d’œil à Metallica, il s’agit d’un excellent titre qui tape fort et qui bénéficie d’une rythmique endiablée.

En proposant Silver Cross, le groupe s’oriente vers quelque chose d’autre. En effet, le morceau est peut-être le plus virulent de l’album et on sent une volonté de briser un peu les codes du thrash pour partir vers un Heavy teinté de Death sur certaines phases. Alors ça reste tout de même très ancré dans le thrash d’un point de vue rythmique, mais le groupe essaye autre chose et c’est payant. In Your Mind redescendra un peu, avec un riff redondant et un refrain assez facile. Néanmoins, on ressent un profond plaisir à l’écoute et une vraie authenticité dans la mélodie. Artillery se lambine pas et démontre une énergie dévastatrice. Avec The Ghost of me, le groupe montre une autre facette de son talent. Plus calme, plus touchant, le morceau arrive à faire un bel alliage entre thrash nerveux et moment plus éthéré, voir plus personnel.

Pour la suite de l’album, les danois vont proposer des titres dans la plus belle tradition thrash. Les mauvaises langues diront qu’il n’y aura rien de bien original, mais c’est justement cette authenticité qui fait tout le charme de l’album. Force of Indifference en est un parfait exemple avec des riffs rapides et brutaux et une rythmique endiablée. Autant dire que ça va bouger dans les concerts. Varg I Veum sera du même acabit avec une structure assez similaire, mais sur un rythme plus haché. Mors Ontologica va lui aussi taper fort, avec des breaks relativement intéressant et une volonté d’aller toujours plus vite et de ne jamais arrêter la machine. C’est bien simple, quand on enchaine tous ces titres, on se prend un train en plein figure et on en ressort le sourire aux lèvres, car rares sont les groupes de thrash à proposer quelque chose d’aussi qualitatif.

Sur la fin de l’album, le groupe proposera deux titres relativement puissants. Eternal Night va pousser les curseurs vers une mélodie fort plaisante et une rythmique hachée qui donne envie d’hocher la tête. Avec Beggars in Black Suits, le groupe va explorer un côté plus dark, presque gothique dans son introduction, pour mieux nous happer dans une atmosphère brumeuse et bien violente. Le solo du début est d’ailleurs dantesque. Pour les éditions de luxe, on retrouvera deux titres en plus, The Last Journey, qui sort du thrash pour s’adoucir et retrouver quelques élans dans le refrain. Un titre pas folichon mais qui fait sortir le groupe de sa zone de confort. Quant à Trapped Under Ice, le groupe frappe un grand coup et nous assène d’un dernier coup derrière la nuque. Un final explosif en quelque sorte.

Au final, X, le dernier album d’Artillery, est une belle réussite qui démontre toute la forme du groupe danois. Malgré leur âge, la formation propose un album franc du collier, qui tabasse fort et qui enterre bon nombre de jeunes groupes qui se revendiquent du Thrash. Même si on pourrait pester contre le manque de variété ou de prise de risque, le groupe offre tout de même un album compact, solide et quasiment sans fausse note. Bref, un très bon album dont il serait dommage de passer à côté.

  • The Devil’s Symphony
  • In Thrash we Trust
  • Turn up the Rage
  • Silver Cross
  • In Your Mind
  • The Ghost of Me
  • Force of Indifference
  • Varg I Veum
  • Mors Ontologica
  • Eternal Night
  • Beggars in Black Suits
  • The Last Journey
  • Trapped Under Ice

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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