mars 28, 2024

Le Bal des 41

Titre Original : El Baile de los 41

De : David Pablos

Avec Alfonso Herrera, Emiliano Zurrita, Mabel Cadena, Fernando Becerril

Année : 2021

Pays : Mexique

Genre : Historique

Résumé :

Inspiré de faits réels. À la fin du XIXe siècle, Ignacio de la Torre épouse la fille du président du Mexique, Porfirio Díaz. Ignacio mène une double vie : il grimpe les échelons dans le monde traditionnel de la politique, tout en appartenant à une société clandestine. Il maintiendra cet équilibre délicat jusqu’à sa rencontre avec Evaristo, 42e membre de la société. Des secrets sont mis au jour et un scandale éclate lorsque la police débarque dans une de ses soirées, également connue sous le nom de « Bal des 41 ».

Avis :

Réalisateur mexicain ayant débuté sa carrière au milieu des années 2000, David Pablos fait partie de ces cinéastes encore inconnus, mais qui ont devant eux un bel avenir. Après deux courts-métrages, le jeune cinéaste réalise son premier long-métrage à vingt-neuf ans. Le film sera projeté au Festival de Venise et se fera remarquer. Par la suite, David Pablos oscillera entre courts et longs-métrages, et série télé.

Après un deuxième film sorti en 2015 et distribué par Netflix, David Pablos est de retour encore une fois sur la plateforme de streaming, pour son troisième long-métrage. Un troisième film plus ambitieux, que ce soit dans son projet, sa mise en scène ou encore dans son sujet. S’intéressant à un immense scandale qui est survenu au début du XXe siècle au Mexique, avec « Le bal des 41« , David Pablos livre là un beau film. Un film certes classique en un sens, mais qui malgré ça, tient une mise en scène raffinée, de très belles séquences et derrière ça, « Le bal des 41 » se pose comme un film courageux dans ses sujets, son histoire d’amour, ses apparences et bien entendu, ce scandale qui brisa bien des vies.

Mexique, 1901, Ignacio de la Torre est un jeune homme qui a un très bel avenir devant lui. Séduisant, sûr de lui, riche, Ignacio vient d’épouser la fille du président du Mexique. Or, derrière les apparences, Ignacio est très loin d’être heureux, homosexuel, Ignacio ne peut vraiment être lui que dans un club très fermé. Un club qui comporte quarante et un membres, tous des hommes de la haute société mexicaine. Ignacio arrivait jusque-là à préserver les apparences, mais le jour où il fait la rencontre d’Evaristo, les choses vont se compliquer et encore bien plus lorsque des événements et des soupçons vont commencer à faire surface.

Sorti en toute discrétion sur Netflix, « Le bal des 41 » est un film qui a d’emblée attiré mon œil grâce à son impressionnante et incroyable affiche qui ressemblait à un magnifique tableau de maître et vous l’aurez compris, j’ai bien fait de pousser ma curiosité, car le film de David Pablos est une bien belle surprise. Pour son troisième long-métrage, le metteur en scène mexicain s’aventure dans un triste drame, ainsi qu’une éphémère et très belle histoire d’amour. Fait inconnu chez nous, « Los 41 Maricones » est l’un des plus grands scandales qui eut lieu au tout début des années 1900, lorsque la police fit irruption dans une soirée privée de la haute société, où des hommes habillés de robes dansaient avec des hommes. Le scandale détruisit des vies et ébranla la société mexicaine. Parmi les hommes qui fréquentaient donc ce club, il y avait le beau-fils du président du Mexique et c’est sur cet homme que David Pablos a décidé de s’arrêter, car dans cette « rafle » de la honte, ce dernier eut une trajectoire à part.

« Le bal des 41 » est donc un film qui tient un sujet des plus intéressants, David Pablos parlant de la condition bien souvent clandestine des homosexuels, notamment dans un pays où encore aujourd’hui l’homophobie est monnaie courante.

Très joliment écrit notamment dans le sentiment « d’étouffement » de ses personnages, le film tient d’ailleurs des personnages troubles et troublés, « Le bal des 41 » offre un scénario très linéaire et classique, dans le sens où le récit que nous raconte David Pablos reste assez convenu, voire même sans grande surprise. Ici, tout se déroulant comme cela doit se faire à la ligne prêt, pourtant, malgré cela, « Le bal des 41 » n’en restera pas moins un film aussi beau que touchant.

Si le scénario ne sort pas des sentiers battus, cela n’empêchera pas son réalisateur de très bien raconter son histoire d’amour, la souffrance de son et ses personnages, et bien entendu de mettre en place tout ce qui fera au final éclater le scandaleux « Los 41 Maricones ». Ainsi, devant la caméra de David Pablos, « Le bal des 41 » parlera aussi bien de la politique de l’époque, que du paraître en société, et ça même en dehors de son sujet. Il y a beaucoup de choses faites autour du fait d’avoir des enfants, ce que cela envoie aux autres. Bien évidemment, la condition des homosexuels y est abordée, derrière les fenêtres closes et les portes fermés. Les soirées clandestines, « la normalité » en société et l’exubérance d’une certaine liberté enfin assouvie loin des regards qui pourraient juger.

Bien sûr, l’histoire étant ce qu’elle est, le réalisateur s’attardera au scandale et aux retombées sur ses personnages. Tolérance, homophobie et honte s’affrontent au cours de cette histoire, dont l’émotion et le sentiment d’injustice, au fur et à mesure des événements, prendront plus de place. D’ailleurs, c’est peut-être là le joli coup de David Pablos, car avec une histoire très convenue dans ses faits, le metteur en scène arrive sans mal à toucher de manière très juste, sans jamais en faire trop, ni pas assez.

Un ton juste qui trouve aussi ses notes grâce aux superbes interprétations d’un trio d’acteurs joliment touchant et talentueux. Ce trio, c’est d’un côté Alfonso Herrera qui tient presque le film sur ses épaules, étant le personnage principal de ce triste récit. Puis il y a Emiliano Zurita son amant, son amour et Mabel Cadena qui incarne parfaitement les tourments de sa femme qui peu à peu se rend bien compte des choses.

Puis derrière ce trio, « Le bal des 41 » c’est aussi une parfaite osmose entre tous les membres de ce club privé. David Pablos a réussi à capturer une très belle alchimie, qui se loge quelque part entre la poésie, la jouissance, l’amour, et même un soupçon d’érotisme. On peut dire sans mal que « Le bal des 41 » est superbement filmé et que malgré son classicisme, il tient une mise en scène raffinée, une lumière divine, un montage fluide et une reconstitution sublime.

On pourrait reprocher à David Pablos de ne pas avoir osé plus, et d’avoir fait très simple dans la façon de raconter les événements et cette histoire, mais au-delà de la simplicité de ceci, « Le bal des 41 » se pose surtout comme un drame intéressant du point de vue historique, comme une belle histoire d’amour tristement contrariée, comme le portrait d’un homme touchant et plus encore d’une société sombre et étriquée. Ce troisième film pour David Pablos est au final aussi beau que touchant et plus encore, l’espace de plusieurs scènes, il tient un cachet absolument sublime. En somme, une jolie découverte qui est en train de passer totalement inaperçue.

Note : 14/20

Par Cinéted

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