avril 19, 2024

Vénus Beauté (Institut)

De : Tonie Marshall

Avec Nathalie Baye, Audrey Tautou, Mathilde Seigner, Samuel Le Bihan

Année : 1999

Pays : France

Genre : Comédie, Drame, Romance

Résumé :

Angèle est esthéticienne à Vénus Beauté, un institut de quartier dirigé par Nadine où clientes et clients confient leurs petits et grands malheurs entre deux soins. Quand Angèle a terminé sa journée, elle drague des hommes avec lesquels elle tente d’établir un rapport minimal fait de sexe et de camaraderie. Elle échoue la plupart du temps. Elle ne croit pas à l’amour et elle a ses raisons. Mais un matin, dans une gare, elle croise Antoine, qui va l’aimer d’un coup et le lui dire d’un trait.

Avis :

Scénariste, comédienne et réalisatrice française, Tonie Marshall a tout d’abord débuté sa carrière devant la caméra de Michel Demy dans les années 70. Par la suite, elle se diversifie énormément, enchaînant les seconds rôles. C’est en 1989 qu’elle réalise pour la première fois. Dès lors, elle délaisse la comédie pour se consacrer presque uniquement à la réalisation. Entre 1989 et 2017, elle réalisera alors dix longs-métrages et reste à ce jour la seule femme qui ait décroché le César de la meilleure réalisatrice pour le film sur lequel on s’arrête aujourd’hui.

Succès surprise de l’année 1999, porté par un bon bouche à oreille et des critiques élogieuses, « Vénus beauté (institut)« , quatrième film de Tonie Marshall, avait attiré pas moins d’un million quatre cent mille spectateurs, et au-delà de ça, il fut l’année suivante le grand gagnant de la première cérémonie des César des années 2000.

Tranche de vie au féminin, « Vénus beauté (institut) » est un petit film plaisant, sans pour autant être le film incroyable et merveilleux vanté partout. Inégal, le film de Tonie Marshall oscille facilement entre des moments amusants, des portraits de femmes, qui pour certaines sont intéressants, mais aussi des longueurs et des incohérences, certains personnages arrivant à se contredire d’une réplique à l’autre.

Angèle, quarante ans, travaille au Vénus Beauté (institut), un salon de beauté de quartier à Paris. Angèle ne croit plus en l’amour, et même si elle cherche l’affection des hommes, elle ne va jamais plus loin. En journée, Angèle voit passer à l’institut toutes sortes de clientes, et chacune, entre deux soins, se confie sur sa vie, ses amours, ses malheurs et ses espoirs.

« Vénus beauté (institut) » est un film duquel je ressors quelque peu partagé. Partagé face à un film qui arrive à proposer sur son ensemble quelque chose de sympathique, et très bien tenu par cette galerie d’actrices en pleine alchimie. Mais face à cela, le film de Tonie Marshall, alors césarisé pour son scénario, a bien du mal à tenir ses promesses et ses arguments sur sa longueur.

« Vénus beauté (institut) » est un film au féminin. C’est un film mis en scène par une femme, tenu pour beaucoup par des femmes et c’est un film qui parle des femmes. Le scénario de Tonie Marshall est intéressant, surtout dans la première partie de son film. La réalisatrice dresse le joli portrait d’une jeune quarantenaire paumée, qui se perd dans sa propre vie. Cette jeune quarantenaire est campée par une Nathalie Baye absolument divine. Une Nathalie Baye à fleur de peau, en retrait, qui n’ose jamais aller au bout de ce qu’elle veut et de ce côté-là, l’actrice nous amuse, autant qu’elle nous touche. Malheureusement, si ce portrait est intéressant et joli, il laisse aussi un sentiment d’inachevé. On a l’impression à plus d’un instant que malgré ces bons arguments et ces bons traits, Tonie Marshall ne sait pas vraiment quoi faire à la longue avec son personnage qui arrivera à certains moments à se contredire d’une réplique à l’autre, qui nous laissera très perplexe, et plus largement encore, la réalisatrice peine quelque peu avec son institut.

Certes, « Vénus Beauté (institut) » est parcouru de répliques amusantes, il est parcouru de situations absurdes et pathétiques, qui peuvent amener à sourire ou être touché face à ces femmes qui cherchent un bien-être dans cet institut, afin de combler (ou non) un vide. Mais une fois ceci acquis, une fois ceci compris, finalement, le film de Tonie Marshall donne l’impression de n’être qu’une présentation de ces femmes. Certains portraits sont jolis et bons, puis c’est très bien filmé, mais jamais, ou rarement, la réalisatrice ne va plus en profondeur, ce qui est dommage. Et ce sentiment-là véhicule une demande, une question, qui ne trouve pas vraiment de réponse. Si le début est dynamique, et l’on se plaît à aller et venir dans cet institut, à la longue, outre le fait d’être quelque peu répétitif, « Vénus beauté (institut) » enchaîne les petites longueurs et nous laisse dans l’attente que le film décolle enfin. Et si le film ne décollera jamais vraiment, il restera, entre ses défauts et ses qualités, suffisamment intéressant pour gentiment nous divertir. Le film ira même jusqu’à tenir une très belle scène finale. Une scène qui rehaussera l’ensemble du film.

Si ce que nous raconte Tonie Marshall à travers son film est assez inégal, « Vénus beauté (institut)« trouve beaucoup de couleurs et d’attachements à travers tout ce microsome que sa réalisatrice met très bien en scène. Cette galerie de personnages, au premier comme en arrière-plan, est amusante et surtout, entre doux et amer, entre haut en couleurs et neutre, « Vénus beauté (institut) » est tenu par des actrices qui sont toutes parfaites dans la peau de ces personnages. Tonie Marshall a réuni un casting assez incroyable, Nathalie Baye, Mathilde Seigner, Audrey Tautou (césarisée meilleur espoir féminin pour l’occasion), Bulle Ogier, Samuel Le Bihan, Jacques Bonnaffé, Robert Hossein, Claire Nebout (absolument tordante), Hélène Fillière, Brigitte Roüan, Edith Scob, Micheline Presle, Emmanuelle Riva, Catherine Hosmalin, Gilbert Melki… Bref, ce casting est sans limite, et même si parfois les portraits auraient mérité d’être plus tenus, ils demeurent pour beaucoup, grâce au dynamisme de ses actrices et acteurs, amusants, sympathiques et attachants.

« Vénus beauté (institut) » est donc un petit film qui, malgré ses défauts, et ce sentiment de ne pas aller jusqu’au bout de son scénario, demeure assez amusant. Un peu long, c’est vrai, ayant une tendance à tourner en rond, Tonie Marshall arrive pourtant à séduire pour un petit moment de cinéma qui, s’il ne marquera pas vraiment, (c’est très étrange qu’il soit autant césarisé) restera sur l’instant gentiment divertissant. Aucunement essentiel, mais si jamais vous tombez dessus, pourquoi pas…

Note : 12/20

Par Cinéted

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