avril 25, 2024

Le Scandale

De : Claude Chabrol

Avec Anthony Perkins, Maurice Ronet, Yvonne Furneaux, Stéphane Audran

Année : 1967

Pays : France

Genre : Thriller, Drame

Résumé :

Paul Wagner dirige un négoce de champagne mais à la suite d’un très grave traumatisme crânien, il n’est plus capable de s’en occuper. Son entreprise devient alors la cible de nombreuses convoitises et des personnes commencent à être assassinées ! Les soupçons de la police se tournent alors vers Paul…

Avis :

Réalisateur faisant partie de la nouvelle vague, Claude Chabrol est un monument dans le paysage du cinéma français. Il faut dire que le metteur en scène a très largement contribué à embellir au cours de ses cinquante ans de carrière le cinéma français, imposant son lot de chefs-d’œuvre et de classiques. Tournant depuis une dizaine d’années, Claude Chabrol est, dans les années 60, un jeune cinéaste inégal certes, mais qui monte en flèche. Sa carrière, alors florissante, (il réalise pas moins de quinze films en dix ans) est parsemée de succès et d’échecs. Quoi qu’il en soit, cette jeune carrière déjà très riche montre toute l’envie et l’audace de Chabrol, qui s’essaie à tout.

Premier film à sortir en 1967, « Le scandale » est une œuvre qui m’intéressait pour plusieurs de ses points. Outre le fait que le film soit signé Chabrol, il avait la particularité de mettre en avant Anthony Perkins jouant en français. L’acteur qui parlait couramment le français a d’ailleurs fait quelques films chez nous, dont « Le glaive et la balance » d’André Cayatte, qui est un petit chef-d’œuvre… Bref, donc une fois ceci dit, revenons au « … scandale« , film qui piquait ma curiosité pour Perkins, Chabrol et bien sûr l’idée d’un thriller tout à fait Chabrolien, se déroulant dans une bourgeoisie que le metteur en scène n’allait encore une fois pas épargner. Malheureusement, si le film tient de bonnes idées, une belle ambiance, et une bonne interprétation, son intrigue demeure bien trop alambiquée pour ce qu’elle raconte au final et c’est bien dommage.

Paul tient une grande entreprise, mais à la suite d’une agression, il n’arrive plus vraiment à diriger seul. Son ami Christopher est là pour l’aider. Lors d’un voyage à Hambourg, les deux hommes passent une soirée animée dans un club, repartant tous deux aux bras d’une femme. Le lendemain, en quittant Hambourg, aucun d’eux ne sait que la femme qui était au bras de Paul a été assassinée et qu’il se pourrait bien que ce soit Paul lui-même l’auteur du meurtre.

« Le scandale » est une belle déception. Une déception qui pourtant tient de belles idées. Œuvre tout à fait Chabrolienne, on retrouve dans « Le scandale » des thèmes qui animent le cinéma de Claude Chabrol depuis toujours. La bourgeoisie, la critique de cette dernière. Le film a des allures de film noir mélangé au thriller. On trouvera une ambiance prenante, et au-delà de ça, une ambiance qui propose dans sa mise en scène des idées, notamment quand Chabrol met en scène les ravages de l’alcool. Puis il y a ces acteurs qui sont tous très bons. Maurice Ronet en patron largué, dépassé par les événements. Anthony Perkins dans un français parfait, excellent en ami fidèle. On pourra compter sur Yvonne Furneaux qui est magnétique, crevant l’écran dès qu’elle apparaît ou encore la très fidèle Stéphane Audran en femme fatale.

Mais voilà, une fois passé sur ces éléments, c’est tout ce qu’aura à offrir « Le scandale« , qui va dès lors se poser comme un cru Chabrolien bien mitigé. Si le film a vieilli et qu’il tient un côté kitsch, ce ne sera pas le plus dérangeant. Non, ce qui va avoir tendance à ennuyer, c’est son scénario. Certes, comme on pouvait s’y attendre, la bourgeoisie, une fois les portes closes, en prend pour son grade, mais ce n’est pas sur ce point que le scénario ne fonctionne pas. Non, ce qui ne marche pas ici, c’est tout le côté thriller et ces meurtres qui s’enchaînent. Outre le fait que le suspense est quasi absent, dans le sens où très vite, on comprend qui se cache derrière ces meurtres, on sera surtout déçu par tous les sentiers que va emprunter le scénario pour arriver finalement à cette résolution. « Le scandale » est un film qui se complique la trame pour pas grand-chose et cette complexité amène d’ailleurs beaucoup d’éléments et d’événements qui sont incompréhensibles et n’ont ni queue ni tête. La scène d’ouverture est un très bon exemple en soit, puisqu’il a fallu, après le film, que je lise le synopsis pour la redécouvrir et surtout la comprendre, enfin du moins essayer de la comprendre, car je ne suis toujours pas convaincu.

Une intrigue complexe aurait pu piquer notre intérêt, on aurait pu avoir envie de s’accrocher pour mieux en percer les secrets, mais du fait que l’on devine très vite ledit assassin, et qu’on voit tous les détours que prend le film pour arriver à ce résultat « déjà connu », fait qu’au lieu de s’accrocher, on finit par s’ennuyer devant ce « … scandale« , attendant que le film, finalement, se conclut de lui-même. Un sentiment qui est dommage, car même si l’on connaissait déjà le final, il faut bien dire que ce dernier est vraiment bien mis en scène. D’ailleurs, hormis le deuxième meurtre, qui est insupportable à suivre, avec cette musique bien trop envahissante et casse-tête, le reste du film demeure, sur bien des scènes, intéressant.

« Le scandale » est donc une déception. « Le scandale » est un film qui tient de bonnes idées, une ambiance et au-delà de ça, de bons comédiens, mais franchement, sur l’ensemble, cette intrigue a bien du mal à fonctionner et elle se trouve peu intéressante au final. Dommage, vraiment, mais vraiment, dommage.

Note : 09/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.