avril 18, 2024

Caligula

Titre Original : Caligola

De : Tinto Brass

Avec Malcolm McDowell, Teresa Ann Savoy, Guido Mannari, Peter O’Toole

Année : 1980

Pays : Italie, Etats-Unis

Genre : Drame, Historique

Résumé :

La vie de Caligula, Empereur de Rome, sur fond d’orgies et d’intrigues. Une reconstitution historique impressionnante de la décadence érotique romaine au Ier siècle de notre ère.

Avis :

Réalisateur italien, Tinto Brass est un metteur en scène au parcours assez atypique. Passionné de cinéma, il quitte l’Italie très jeune pour être archiviste à la cinémathèque française. Influencé par la nouvelle vague, il retourne en Italie et devient alors assistant réalisateur. En 1963, il tourne son premier film qui est alors un produit de son influence française. Par la suite, il s’essaie à la comédie et au polar, il quitte même l’Italie pour aller tourner une série de films à Londres. En 1976, on lui propose un film érotique, « Salon Kitty« . Le film sera remarqué par Bob Guccione, fondateur du magazine pour adulte, « Penthouse ». Guccione le choisit alors pour adapter la vie de Caligula sur grand écran.

Film à problèmes, avec notamment un après-tournage plutôt chaotique qui verra le renvoi manu militari de Tinto Brass à cause d’un désaccord artistique avec Bob Guccione. Film à la réputation on ne peut plus sulfureuse. Tournage en grande pompe et projet pour le moins très atypique, cela fait maintenant plus de quarante ans que « Caligula » intrigue et déchaîne certaines passions. Il existe deux versions du film de Tinto Brass, une courte et une longue, une tout public et une censurée, refusée par son réalisateur lui-même. Piqué à vif dans ma curiosité, cela fait des années que je voulais m’arrêter sur ce film culte porté par l’immense Malcolm McDowell et je dois dire que même si je n’ai pas été transcendé, car sa version censurée tient ses défauts, je ne peux pas dire non plus que j’en sois déçu, car entre ses défauts et ses qualités, sa légende et ses faits, j’ai passé un moment un peu longuet, mais au final, bon.

En l’an 37 sur l’île de Capri, l’Empereur Tibère rend son dernier souffle. Son successeur sera alors le jeune Caligula, un jeune homme plein d’ambition et d’envie de pouvoir. Une fois sur le « trône », si le jeune empereur va se faire au départ aimer de son peuple, il va aussi prendre peu à peu confiance et se transformer en un véritable tyran, assassinant sans remords tous ceux qui l’ont aidé à arriver à la place qui est la sienne. Entre fêtes, orgies, manipulations et complots, le jeune empereur ne régnera pas longtemps.

« Caligula« , œuvre provocatrice et démesurée qui tient une sacrée réputation depuis qu’elle est apparue, il faut aussi dire que Tinto Brass et surtout Bob Guccione n’y sont pas allés de main morte pour offrir un spectacle inoubliable. Comme on le sait, il existe une version soft de « Caligula« . Une version de deux heures qui mélange péplum et cinéma érotique, Tinto Brass s’aventurant à filmer la décadence de l’Empire Romain. Puis il y a l’autre version, celle qui a fait couler tant d’encre et vaut le départ de son réalisateur qui désirait rester dans l’érotique, alors que Bob Guccione voulait filmer les orgies romaines sans filtre et ainsi faire dans la pornographie.

« Caligula » est une œuvre dont il est difficile de parler, car en fait, elle est plusieurs œuvres en une seule. « Caligula« , c’est la vie et surtout le règne d’un jeune Empereur manipulateur. Le film le suit dans son ascension au pouvoir jusqu’à sa chute. Si le scénario est intéressant dans certaines de ses idées, et au-delà de ça, dans son côté historique, racontant donc la vie du jeune Empereur, il faut aussi dire que dans sa version longue, de plus de deux heures et demi, « Caligula » est un film qui est inégal. Intéressant d’un côté, il se fait long de l’autre et notamment sur des rajouts opérés par Guccione après le départ de Brass. Si l’idée de filmer la décadence romaine et les orgies au plus près et au plus réel n’est pas mauvaise, on regrettera toutefois l’insistance sur certaines scènes de sexe, qui se prolongent volontairement, par pur désir du patron de « Penthouse ». En plus de ne pas épaissir l’intrigue, ça casse le rythme et l’on attend que le film passe à autre chose. Ce sentiment est d’autant plus dommage, car il faut aussi dire que sur l’ensemble des scènes d’orgies que le film propose, il se dégage quelque chose d’assez fou et si certains plans pornos sont très insistants, sur ceux qui sont plus « dans un naturel », ou dans un ensemble, ça donne des fresques sublimes et un très beau cachet au film. « Caligula » n’a clairement pas besoin de gros plans, ou d’une scène lesbienne d’une dizaine de minutes, pour être érotique, beau et même excitant.

Comme je le disais, le scénario est intéressant, notamment dans le portrait qu’il fait de l’Empereur. Sa vie, ses amours, enfin son sens de l’amour, la relation avec sa sœur, sa haine du Sénat, sa folie, ses vices, ses ambitions, sa dureté, sa paranoïa, faisant assassiner tous ceux qui ont pu l’aider… Bref, ce portrait est très bon, et il est très intéressant sur bien des lignes, car le personnage est tout en nuances. Puis il y a aussi le fait que « Caligula » soit tenu par un très grand Malcolm McDowell, qui est purement génial dans la peau de l’Empereur. Du côté du casting, il faut mentionner Peter O’Toole qui est très troublant dans le rôle de l’Empereur Tibère. À noter aussi les excellentes Teresa Ann Savoy et Helen Mirren.

« Caligula » est un film qui est très beau dans sa démesure, outre les scènes d’orgies qui sont démentes pour la plupart, Tinto Brass nous a concocté un film très grand. Ses décors sont grandioses, ses costumes le sont tout autant, tout comme les couleurs, la densité de ses scènes, la violence démesurée de certaines, et au-delà de ça, la mise en scène de Brass (et de Guccione) est assez incroyable. Le réalisateur laisse faire ses personnages dans ces scènes et il profite de toute l’ampleur de ses décors, qui habillent parfaitement et très étrangement à la fois, avec des standards classiques.

« Caligula » est un film osé, très osé, qui n’est, dans sa version longue, clairement pas à mettre devant tous les yeux. Loin du péplum ordinaire, Tinto Brass livre là un film violent, gracieux et « désireux ». Un film où vices, vertus, décadence et folie sont de rigueur, et même si le film tient ses défauts et que parfois, il fut un peu longuet, ou pas toujours très bien vu, je ne regrette en rien de m’y être arrêté, tant l’expérience fut intéressante, aussi bien du côté de l’image, de l’ambiance, que du personnage.

Note : 14/20

Par Cinéted

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