mars 28, 2024

Quelques Heures de Printemps

De : Stéphane Brizé

Avec Vincent Lindon, Hélène Vincent, Emmanuelle Seigner, Olivier Perrier

Année : 2012

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

A 48 ans, Alain Evrard est obligé de retourner habiter chez sa mère. Cohabitation forcée qui fait ressurgir toute la violence de leur relation passée. Il découvre alors que sa mère est condamnée par la maladie. Dans ces derniers mois de vie, seront-ils enfin capables de faire un pas l’un vers l’autre ?

Avis :

Stéphane Brizé est un réalisateur français qui a réalisé son premier film en 1999 et qui depuis ce premier métrage n’a fait qu’accroître sa réputation. Après avoir passé les années 2000 calmement mais avec assurance, la carrière de Stéphane Brizé décolle vraiment avec son quatrième film, « Mademoiselle Chambon« , film pour lequel il va même recevoir un César de la meilleure adaptation. « Mademoiselle Chambon » est un film particulier dans la carrière de Stéphane Brizé, puisque c’est aussi avec ce film qu’il commence à collaborer avec Vincent Lindon. Une collaboration qui s’est grandement enrichie et comptabilise aujourd’hui quatre films.

Trois ans après « Mademoiselle Chambon« , Stéphane Brizé retrouve Vincent Lindon pour un sujet des plus sérieux, la fin de vie, la perte d’une mère pour un fils et plus largement encore le suicide assisté et son choix. « Quelques heures de printemps » était un film qui avait tout pour intéresser, et même bouleverser, le sujet, les choix des acteurs ou encore le fait de retrouver Stéphane Brizé derrière la caméra, mais malheureusement, malgré tous ces arguments, je suis resté dans l’attente que ces « Quelques heures de printemps » m’entraîne et surtout me touche et c’est avec une profonde tristesse et un profond ennui que je constate que ce n’est jamais arrivé.

Alain vient de sortir de prison après avoir fait dix-huit mois. Alain a quarante-huit ans, et il est obligé de retourner vivre chez sa mère. Alain et sa mère, malgré l’amour, on bien du mal à vivre ensemble et plus largement à se supporter. Un jour, Alain découvre que sa mère est malade et que le mal dont elle souffre est incurable, c’est pour cela qu’Yvette, en toute connaissance, a décidé que le moment venu, elle irait en Suisse pour mettre fin à ses jours en toute dignité et légalité. La découverte de la maladie de sa mère peut-elle rapprocher Alain et Yvette ?

Franchement, il y avait tout dans ce film. Le sujet, rien qu’à son évocation, est une source infinie d’émotions, de sujets en lui-même, car il véhicule avec lui des débats, des polémiques, des controverses et il se pose toujours autant d’actualité. Pour son cinquième film, Stéphane Brizé a décidé de parler du suicide assisté et d’une relation mère/fils qui est pour le moins compliquée. Je me voyais déjà les émotions en vrac et les yeux on ne peut plus humides, me laissant emporter par ces personnages qui se retrouvaient pour de derniers instants de partage. Mais voilà, ce film-là n’arrivera pas malheureusement. « Quelques heures de printemps » a de bons éléments pour l’habiller, comme l’interprétation sans faille de ces deux comédiens et, notamment Hélène Vincent qui est absolument formidable ou encore l’envie de faire un film qui s’éloigne de tout pathos, et c’est d’ailleurs sur ce point-là que ces « Quelques heures de printemps » vacille. L’idée de faire un film qui ne prendrait pas nos émotions en otage est très bonne et tout à fait louable, mais c’est aussi une idée et une intention qui est somme toute très casse-gueule, car entre le trop et le trop peu, la frontière est terriblement mince et c’est ce qui se passe avec ce film.

Je pensais être bouleversé par cette histoire et finalement, j’ai passé mon film à attendre que cette histoire me touche. Bien sûr, les tous derniers instants sont durs, touchants pour le coup, mais pour arriver à cela, il faut presque, si je peux dire ça ainsi, se farcir un hors sujet, où l’on se retrouve devant un film qui tient des personnages on ne peut plus désagréables. Des personnages qui ne savent pas communiquer, des personnages têtus, qui tirent la gueule en permanence et surtout qui ne font que se clasher pour rien. Du coup, ce « Quelques heures de printemps » devient épuisant, et surtout, on reste dans l’attente qu’enfin Stéphane Brizé s’empare de son sujet. On attend qu’il en parle, qu’il réagisse à cette décision terrible et ça ne vient pas, ou trop rarement, et quand c’est abordé, il y a peu de discussions possibles, car bien souvent, ça repart en clash.

L’idée de conjuguer ce thème à celui d’une mésentente familiale était bonne dans ses intentions, car là encore, cette dernière est source d’émotions, mais là encore aussi, l’émotion n’arrive pas. Une émotion dont l’absence est aussi accentuée par la réalisation de Stéphane Brizé qui est très froide, voire même mortifère. Il n’y a pas de vie et de chaleur dans ce film, en témoigne tous les silences entre deux clashes. Silences qui sont le refuge dans lequel les personnages se réfugient pour ne pas communiquer et ça, on le retrouve aussi en dehors de cette relation mère/fils, car bien souvent, on s’aventure dans la vie d’Alain, le constat est le même, on se retrouve avec un personnage qui ne communique pas, qui ne sait pas communiquer, sauf pour hurler. Bref, difficile alors d’être touché par ces personnages qui, je le répète, sont pourtant parfaitement incarnés par ces deux comédiens qui, dans ce que Stéphane Brizé leur demande de jouer, sont immenses.

Petit bémol de plus, « Quelques jours de printemps » se drape d’une BO somptueuse empruntée à un grand film, « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford« . Cette BO composée par Warren Ellis et Nick Cave est une merveille en elle-même, et dans le film d’Andrew Dominik, mais chez Brizé, elle ne fonctionne absolument pas, et elle habille très mal ce film, ou les émotions qu’il aurait pu avoir.

Je ressors donc déçu, infiniment déçu, de ce Stéphane Brizé. Comme je le disais, il y avait bien des arguments pour livrer un film aussi intéressant que bouleversant, mais à force de personnages qui tirent la gueule, au point d’en devenir désagréables, Stéphane Brizé peine à toucher, et au-delà de ça, à force de se concentrer sur la non communication de ces deux êtres, il finit pas très peu aborder son sujet de base, car si l’on regarde bien, le suicide assisté et le choix de cette femme est vraiment abordé sur quatre scènes, en une heure quarante-cinq de film. Bref, « Quelques heures de printemps » est donc une déception.

Note : 07/20

Par Cinéted

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