avril 18, 2024

Dark Water

De : Walter Salles

Avec Jennifer Connelly, Dougray Scott, John C. Reilly, Tim Roth

Année : 2005

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Récemment séparée de son mari, Dahlia Williams s’est trouvé un nouveau job et un autre appartement. Elle est bien décidée à surmonter l’échec de son mariage et à se consacrer à sa fille, Ceci. Mais quand la séparation tourne à la bataille rangée pour la garde de l’enfant, la situation se complique.
Son nouvel appartement, délabré et exigu, semble soudain prendre vie. Des bruits mystérieux et des phénomènes étranges la poussent à se demander qui est derrière tout cela. Et puis, il y a ces obsédantes infiltrations d’eau sombre…
Essayant de garder le contrôle de sa vie, Dahlia, plus que jamais résolue à protéger sa fille, va tenter de percer le mystère…

Avis :

Hideo Nakata est un très grand réalisateur japonais qui a, en quelque sorte, démocratisé l’horreur nippone en occident. Ring en est l’exemple le plus flagrant, qui donnera lieu à un remake américain au début des années 2000 par Gore Verbinski. Bien évidemment, le film est un succès et il est de bon ton de surfer sur la vague des dollars à Hollywood. S’ensuit alors quelques remakes américanisés de films d’horreur japonais, comme The Grudge de Takashi Shimizu ou encore Dark Water de ce même Hideo Nakata. Sorti en 2002 chez nous, il ne faudra attendre que trois ans pour voir débouler une nouvelle version sous la houlette d’un cinéaste brésilien, Walter Salles. Bien évidemment, il faut se poser la question de la légitimité d’un tel film. Après un temps si court, était-il nécessaire de faire un remake. Pas vraiment, d’autant plus quand ledit film n’est pas à la hauteur.

De l’eau de là-haut

L’histoire de film reprend la même trame narrative que son homologue japonais. On va suivre une jeune mère de famille en instance de divorce et qui se bat pour avoir la garde de sa fille. Elle aménage dans un appartement et sa fille va se comporter bizarrement. Ajoutons à cela des évènements incongrus pénibles comme des fuites d’eau interminables et tout est réuni pour que cette femme craque complètement. Dark Water, c’est un peu une plongée dans la psyché d’une femme au bord de la crise de nerf. Elle a du mal à joindre les deux bouts, trouve un boulot pas terrible et sa petite fille semble avoir du mal à se faire à son nouvel environnement. Le film proposé par Walter Salles pourrait se voir comme un drame psychologique, où l’immeuble vétuste correspond finalement au cerveau de cette femme en perdition.

L’évolution demeure assez balbutiante. Le film lambine sur des éléments qui ne sont pas forcément essentiels, mais surtout, il appuie beaucoup trop les éléments qui deviendront par la suite des fusils de Tchekov. Il y a un réel problème d’avancée dans le métrage. C’est parfois trop mou, trop lent, n’arrivant jamais à vraiment installer une ambiance prenante, puis sur d’autres moments, ça va bien trop vite. Certains personnages arrivent comme un cheveu sur la soupe et s’érige en chevalier blanc, comme cet avocat bienveillant (Tim Roth) et d’autres ne sont pas vraiment nécessaires comme l’agent immobilier (John C. Reilly). Ce Dark Water piétine dans la flotte et gère très mal sa montée en tension ou encore ses interactions entre protagonistes. La colère des deux parents, le caractère sauvage du gardien, les mensonges de l’avocat sur sa vie privée, autant de traits qui ne sont finalement pas assez exploités.

L’eau partout

On peut clairement dire avec ce film que l’eau est l’élément essentiel. C’est bien simple, elle est constamment présente. Il pleut tout le temps. L’intrigue se déroule sur une île. L’appartement du dessus est inondé. On a de nombreux plans sur le réservoir d’eau qui se trouve sur le toit de l’immeuble. Bref, on a bien compris que le danger venait de la flotte et Walter Salles tente, par tous les moyens, d’imposer une humidité omniprésente à son métrage. Et c’est plutôt réussi. L’ambiance du métrage, tout du moins son rapport avec l’eau, est intéressante et on sent un véritable effort de ce côté-là. Mais ce sera bien la seule chose de bien dans le film. Outre son intrigue qui manque de profondeur et d’intérêt, l’ambiance horrifique n’est pas au rendez-vous. Il manque au métrage une tension constante et une volonté de créer des effets de peur.

On reste dans du bas de gamme et du déjà-vu, avec une paire d’apparition, attendues et donc sans surprise. Mais l’autre gros défaut du film, c’est qu’il n’a pas de personnages percutants ou empathiques. Jennifer Connelly joue les mères courages et l’actrice est plutôt convaincante. Mais son rôle l’empêche de vraiment tabler sur un registre plus dramatique, voire tragique. On reste sur une maman qui subit, va faire des concessions et n’arrive pas à joindre les deux bouts. On pourrait y voir un parallèle entre ce qui lui arrive et les éléments qui se déchainent de plus en plus. Malheureusement, au niveau des interactions et des rôles secondaires, ce n’est pas la panacée non plus. Dougray Scott joue un père arrogant et pénible. John C. Reilly sort du registre comique mais ne sert à rien. Quant à Tim Roth, son personnage est étrange, mais sous-exploité.

L’eau paiera

Avec Dark Water, on aurait pu avoir un message social assez intéressant. Le combat d’une femme célibataire, avec un emploi pourri, qui va essayer de s’en sortir, mais qui a de nombreux obstacles face à elle. Malheureusement pour nous, le film de Walter Salles n’ira jamais vraiment dans le film social. On sent que le cinéaste brésilien a des envies, mais qu’il s’en empêche pour remplir un cahier des charges un peu trop lourd. On se retrouve donc avec des moments horrifiques pas originaux, qui occultent la bizarrerie de l’ensemble, et surtout le combat intérieur et extérieur de cette femme. Le film oscille entre les genres et ne trouve jamais de véritable équilibre entre ses tonalités pour rendre une copie complète et satisfaisante. C’est dommage, les meilleurs films d’horreur sont ceux qui arrivent à utiliser le constat social pour ensuite créer la peur.

Au final, Dark Water est un remake dispensable et décevant. N’arrivant jamais à reproduire l’aspect protéiforme du film de Nakata, Walter Salles se contente de faire un film sans âme, sans enthousiasme et sans implication. Le genre de remake aseptisé, qui ne sait ni jouer sur les aspects sociaux, ni sur une peur latente faite de sonorités redondantes et d’images insidieuses. Parmi la vague des remakes américains, celui-ci se pose comme l’un des moins bons et des moins intéressants.

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.