mars 29, 2024

The Brave

De : Johnny Depp

Avec Johnny Depp, Frederic Forrest, Marlon Brando, Marshall Bell

Année : 1997

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

A Morgantown, bidonville aux confins de la prairie américaine, les gens, d’origine diverses, passent leur temps à boire. C’est là que Raphael vit avec sa femme Rita et leurs deux enfants, au pied du gigantesque dépôt d’ordures que les villageois exploitent pour gagner leur vie. Déterminé à faire vivre sa famille, Raphael se rend en ville à la recherche d’un emploi. Il y rencontre Larry, businessman, puis McCarty, l’ange de la mort, qui lui propose un pacte.

Avis :

Acteur aux multiples facettes, Johnny Depp, dans les années 90, c’était l’acteur « hollywoodien » anticonformiste. Alors qu’il avait la stature et la possibilité de participer à de gros projets, Johnny Depp choisit l’inverse et passe cette décennie-là à tourner dans de petites productions. Ces films, pour la plupart, sont réalisés par des cinéastes aux forts caractères artistiques tels que Jim Jarmush, John Waters, Lasse Hallström, Terry Gilliam, Mike Newell, Roman Polanski ou encore et bien sûr Tim Burton.

1997 est une année unique dans la carrière de Johnny Depp, car pour la première et seule fois, l’acteur américain décide de s’essayer à la réalisation. Ce film, ce sera « The Brave« , adaptation d’un roman de Grégory Mcdonald. Encore une fois, Johnny Depp va surprendre en livrant un film bien loin de ce à quoi l’on aurait pu s’attendre, et en même temps, quand on regarde bien « The Brave« , c’est un film qui transpire Johnny Depp de toutes ses pores. Que ce soit dans son histoire torturée, que ce soit dans la communauté qu’il a décidé de filmer, ou encore dans l’esthétique ou l’ambiance de ce film, « The Brave » est une petite perle magnétique, qui nous entraîne dans une intrigue singulière et bien plus riche qu’elle ne le laisse paraître.

Morgantown est un bidonville perdu dans un désert américain. Dans ce bidonville vit une communauté d’origine indienne. Raphaël, la trentaine, mari et père de deux enfants, est très loin d’être le père parfait et présent. Sans emploi, ce matin-là, il répond à une annonce d’emploi dans la ville voisine. Ce matin-là, Raphaël ne pouvait se douter que cette annonce allait sûrement changer sa vie, mais aussi celle de sa famille, car ce matin-là, Raphaël rencontre McCarty, un vieil homme qui lui propose cinquante mille dollars pour le torturer et le tuer dans une semaine…

Il est très difficile de poser des mots sur cette première et seule œuvre de Johnny Depp, tant « The Brave » est un film à part, tant « The Brave » est un film aussi beau et puissant que son histoire est d’une tristesse et d’une horreur absolue.

Posé sur un rythme très lent, emporté, sublimé et magnifié même par une BO incroyable signée Iggy Pop, « The Brave » est une expérience qui personnellement m’a énormément touché. Ici, Johnny Depp pose une très belle réflexion sur le sens de la vie et sur l’amour qu’on peut porter à sa famille et jusqu’où on est prêt à aller pour que cette dernière soit à l’abri du besoin. « The Brave« , c’est une intrigue qui est immensément riche en sujets et, fait particulièrement bon, tous les sujets qu’aborde Johnny Depp sont très bien traités et ça, même si parfois, certains prennent moins de place que d’autres. Il y a dans « The Brave » une osmose quasi parfaite qui s’échappe du film, un moment de grâce qui fait que tout est intéressant et touchant et ça, même si parfois, il peut y avoir, comme dans tout premier film, des maladresses.

Ainsi, Johnny Depp prend aussi bien le temps de parler de la communauté indienne, de sa survie, du regard que l’Américain pose sur elle, que de parler de la famille, de l’amour qu’on porte à cette dernière et des sacrifices qu’on peut être capable pour elle. Puis, il y a cette réflexion sur le temps qui passe, le temps qui est compté et quoi faire de ses derniers jours. L’ensemble est souvent dur, car il y a comme un « piège », ou comme un étau, qui se referme sur son personnage et si c’est l’ultime preuve d’amour qui sonnerait comme une rédemption, cette dernière est si injuste et si dure à accepter, que tout le film en devient éprouvant à suivre, car on est bousculé d’émotions contraires, ce qui fait énormément de bien au fond.

Si l’intrigue de « The Brave » est captivante et passionnante, ce sentiment est d’autant plus accentué grâce à la mise en scène de Johnny Depp. « The Brave » est singulier, et ne ressemble à aucun autre film. Johnny Depp maîtrise presque à la perfection son film, nous emportant dans un drame, une réflexion, un film d’amour, et même un film qui pourrait avoir des relents de thriller, tant il a tendance à se faire de plus en plus tendu, au fur et à mesure qu’on approche du jour fatidique. Tout en prenant le temps d’observer le monde qui entoure son personnage, tout en prenant le temps de raconter les laissés-pour-compte du grand rêve américain, Johnny Depp prend aussi le temps de faire un film à l’esthétisme sublime, un esthétisme qui conjugue très bien les images (certaines scènes sont incroyables notamment une dans une église, qui est le point culminant du film. Il est bien difficile de ressortir « normal » de cette scène), les sons, le rythme, et puis cette BO folle, prenante et habitée d’Iggy Pop.

Si Johnny Depp est derrière la caméra, il est aussi devant et il livre là l’un des plus beaux et courageux personnages de sa grande carrière. Incroyable, magnétique, beau, puissant, et tout en retenue, Johnny Depp livre une très grande composition, qui est toute en finesse et en justesse. Il est bien difficile de ne pas se souvenir de Raphaël, tant le personnage est marquant. On regrettera toutefois de ne pas trouver face à lui des rôles aussi forts et intéressants. Si toute la composition du film est remarquable, on notera un Marlon brandon extraordinaire dans un tout petit rôle, ou encore Elpidia Carrillo, Luis Guzman et Marshall Bell, Clarence Williams, mais aucun d’eux n’est aussi développés que Raphaël et surtout aussi marquants.

Beau et puissant, sombre, injuste et bouleversant de par tout l’amour qui transparaît de cette œuvre, si l’on nous avait demandé à quoi pourrait ressembler un film réalisé par Johnny Depp, on n’aurait pas vraiment su le dire, et à la découverte de ce bijou, « The Brave » respire Johnny Depp à tous les plans. Bouleversant, tendu et prenant de bout en bout, « The Brave » est une histoire inoubliable, et son personnage, Raphaël, l’est tout autant. Bref, en un sens, alors que je le connais déjà, je me suis repris une belle claque !

Note : 18/20

Par Cinéted

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