avril 19, 2024

Le Jeu du Faucon

Titre Original : The Falcon and the Snowman

De : John Schlesinger

Avec Sean Penn, Timothy Hutton, Pat Hingle, Joyce Van Patten

Année : 1985

Pays : Etats-Unis, Angleterre

Genre : Thriller

Résumé :

Peu après le scandale du Watergate, un jeune homme employé dans l’électronique de pointe et en possession d’informations gouvernementales ultra-secrètes, décide de vendre des renseignements à l’URSS. Il convainc son meilleur ami de traiter avec les diplomates soviétiques de l’ambassade de Mexico. Mais ce dernier multiplie les maladresses et les deux espions en herbe se trouvent bientôt engagés dans un engrenage fatal…  

Avis :

Réalisateur britannique à la carrière prolifique, John Schlesinger est de ces metteurs en scène que l’histoire a un peu tendance à mettre de côté. S’il a connu de grands, très grands, succès de son vivant, s’il fut couronné d’Oscar et de Bafta, sur les dix-sept films que John Schlesinger a réalisés, bien souvent, il ne reste aujourd’hui que « Macadam Cowboys » et « Marathon Man » et c’est vraiment dommage, car le metteur en scène londonien a réalisé des films qui valent sacrément le coup d’œil et qui méritent d’être découvert ou redécouvert.

Après avoir explosé dans les années 70, posant notamment les deux films cités plus haut, les années 80, pour John Schlesinger, commencent très mal puisque sa comédie « Honky Tonk Freeway » qui jouissait d’un budget colossal à l’époque, fut une catastrophe et l’un des plus cuisants échecs dans la carrière du réalisateur, allant jusqu’à ne rester qu’une unique semaine sur les écrans. Pour se remettre, John Schlesinger change complétement de registre et s’aventure dans un film critique aux allures de thriller d’espionnage. Tenu alors par deux jeunes acteurs à l’avenir très prometteur, le tout jeune Oscarisé Timothy Hutton et Sean Penn, « Le jeu du faucon » se pose comme une œuvre passionnante pour ce qu’il dit de l’Amérique des années 70, de la guerre froide ou encore du rêve américain.

Christopher Boyce est un jeune homme d’une vingtaine d’années bien sous tous rapports. Le jeune homme vient de mettre ses études entre parenthèses, car il vient de décrocher un poste dans la compagnie d’électronique la TRW. Cette compagnie traite entre autres des messages ultra confidentiels venant de satellites de la CIA. Par envie de risque, sans jamais penser que ça marcherait, Christopher se met à sortir des messages de l’agence, et avec son meilleur ami, Dautlon, un petit dealer de seconde zone, il va se mettre à vendre ces renseignements à L’URSS dans son ambassade de Mexico.

Voici donc un joli coup de cœur, pour un film qui est quelque peu oublié et c’est bien dommage. S’inspirant de faits réels, je pensais tomber sur un petit film d’espionnage à la sauce hollywoodienne des années 80 et quelle ne fut pas ma surprise de trouver un très bon thriller, qui s’est avère bien plus profond, dans ce qu’il dénonce, qu’il n’en avait l’air.

« Le jeu du faucon » est un film qui s’arrête sur une désillusion et une déception. Trouvant sa trame peu après les événements du Watergate, John Schlesinger nous propose de suivre deux fils de bonnes familles, qui vont prendre des trajectoires qu’eux-mêmes n’avaient pas vu venir.

Doté d’un scénario qui est signé Steven Zaillian (C’est d’ailleurs son premier scénario et par la suite, avant d’être réalisateur, Zaillian va devenir la crème de la crème des scénaristes, signant comme ça, « La Liste de Schindler« , « L’Éveil« , « Mission impossible » ou encore dernièrement « Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes  » et « The Irishman« ), Schlesinger va s’aventurer dans un film très critique, qui mettra en avant cette déception mélangée à de la naïveté, quand il s’arrête sur ces espions en herbes. Un film qui critique aussi l’Amérique et ses institutions, notamment avec le job que décroche le jeune Christopher, découvrant des secrets et des manipulations. D’ailleurs, cela renvoie à une certaine forme de naïveté aussi de la part de la CIA, qui peut confier des postes sur de simples pistons. Toujours du côté de l’Amérique, bien sûr en sous-texte,  on évoquera les événements du Watergate, qui ont grandement « affecté » les jeunes en question et mené entre autres au désamour du pays, notamment, et là encore via le personnage incarné par Timothy Hutton. Le scénario abordera aussi l’American Dream, cette envie de réussir et de le montrer. Puis évidemment, le film aborde la guerre froide, et de l’autre côté les manipulations de L’URSS. Là où je pensais trouver un petit thriller sommes toutes sympathique, « Le jeu du faucon » fut une belle surprise, proposant quelque chose de plus profond, de plus critique, et donc de bien plus passionnant que ce que j’avais pensé. D’ailleurs, même si l’ambiance a tendance à s’essouffler quelque peu vers la fin, l’intrigue et le devenir de ces deux jeunes gens qui sombrent petit à petit nous tient en haleine jusqu’au bout.

« Le jeu du faucon« , c’est aussi deux jeunes acteurs de très grand talent. Deux acteurs qui se retrouvent d’ailleurs trois ans après le très critique et terrible « TAPS » de Harold Becker. Ces deux acteurs, c’est bien sur Sean Penn, qui est excellent en jeune homme gauche, déconnecté, naïf au possible, et qui sombre de plus en plus. Puis il y a Timothy Hutton qui n’a clairement pas eu la carrière qu’il méritait. Oscarisé à vingt ans, espoir du cinéma américain, le jeune acteur est encore une fois grandiose dans un rôle bien plus complexe qu’il n’en a l’air. Un rôle qui n’est pas évident, et que Hutton transcende de bout en bout, même si parfois, il est vrai aussi qu’on aurait aimé que le scénario appuie un peu plus sur sa relation père/fils ou encore sur le profond impact que les événements du Watergate ont pu avoir sur le personnage.

Du côté de la réalisation de John Schlesinger, le cinéaste propose un thriller entre espionnage et politique, honnête. S’il faut bien dire que l’ensemble a pris un petit coup de vieux et que la BO est quelque peu en décalage avec l’intrigue, le tout sonnant très années 80 alors que cette dernière se déroule dans les années 70, « Le jeu du faucon » reste un bon film qui tient un joli cachet, un bon rythme, même si celui-ci s’essouffle un peu vers la fin. On appréciera l’idée de paranoïa qui se fait de plus en plus présente et l’on sera même étonnamment touché par la tournure que prend cette histoire et ces personnages.

Ainsi donc, « Le jeu du faucon » est une bonne surprise. Bien différent de ce à quoi je pouvais m’attendre, avec ce film, John Schlesinger nous propose un film plus intéressant que le simple thriller d’espionnage de base. Prenant racine dans un post Watergate, « Le jeu du faucon » s’inspire de faits réels, et parle très bien de l’Amérique, des désillusions qu’elle a offertes, de ces institutions et de sa guerre froide. Si l’ensemble a quelque peu vieilli, il n’en demeure pas moins un film prenant, intéressant, touchant et surtout tenu par deux acteurs grandioses.

Note : 16/20

Par Cinéted

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