avril 25, 2024

Rabid

De : Jen et Sylvia Soska

Avec Laura Vandervoort, Benjamin Hollingsworth, Greg Bryk, Stephen Huszar

Année : 2019

Pays : Canada

Genre : Horreur

Résumé :

Après un accident de moto qui l’a complètement défigurée, une jeune femme est soignée par un chirurgien esthétique. Il en profite pour faire une expérience aux conséquences inconnues.

Avis :

David Cronenberg est un réalisateur important qui a su insuffler un nouvel élan au film d’horreur durant les années 70/80. S’appuyant sur le Body Horror, le cinéaste canadien a poussé le gore à un nouveau stade, tout en racontant une histoire et en dénonçant certaines choses. Et si Frissons débutait dans un hôtel particulier, avec Rage !, il va poser la même intrigue, mais au sein de toute une ville. Le film, même s’il a vieilli, a marqué les esprits des amateurs d’horreur, et notamment des sœurs Soska. Reconnues pour leur travail sur American Mary, après quelques petits films d’horreur, les deux sœurs ont eu l’opportunité de travailler sur un remake. L’occasion parfaite pour refaire parler d’elles au sein d’un film qui se veut gore, mais qui n’a pas l’aura d’un Cronenberg. Pire, on va vite se rendre compte des limites d’un tel projet.

Dans ton corps

Rose bosse pour un tailleur connu dans le monde de la mode, mais elle a du mal à s’imposer. Après une soirée qui tourne au ridicule, elle décide de partir vite à bord de son scooter, mais elle va se faire renverser. Elle ressort de l’accident défigurée. Un médecin lui propose alors d’essayer une nouvelle méthode de chirurgie esthétique. Alors qu’elle retrouve sa beauté d’antan, elle prend plus confiance en elle, mais elle est percluse de cauchemars. Dès lors, elle va vite se rendre compte que les cauchemars sont une réalité et qu’une bestiole vit en elle. C’est là le point de départ de Rabid, qui va vite tourner au film d’horreur lambda, sans jamais vraiment chercher à travailler sont ambiance ou le côté Body Horror. Alors certes, on voit que les deux frangines s’éloignent du film original, mais il lui manque une chose essentielle, du fond.

D’entrée de jeu, on va vite savoir que les réalisatrices veulent critiquer le monde de la mode, mais aussi et surtout les apparences. Rose manque de confiance en elle. Elle se trouve moche, parle très peu et n’approche pas vraiment les hommes. Dans un milieu où gravitent des top modèles, elle ne se sent pas à sa place. Mais après son accident et sa greffe, elle va devenir une autre femme. Ses tenues changent tous les jours, elles s’approchent des hommes, devenant presque une prédatrice. Il y a un changement en elle qui provient du parasite qu’elle héberge inconsciemment. Le film va alors en profiter pour pointer du doigt la vacuité du monde de la mode et du culte de l’apparence. Mais il manque au film une volonté d’aller plus profondément dans le délire, de faire plus mal, d’appuyer là où ça fait mal.

Dans ta bouche

Rabid est trop léger dans sa critique, au profit de quelques effets gores qui ne masquent pas le vide du propos. Les sœurs Soska poussent rapidement les manettes du sanglant à fond les ballons. Le visage de la pauvre Rose est vite montré en gros plan, et certaines séquences poussent au malaise. Comme ce moment où elle temps de boire un pauvre milkshake dégueulasse. On sent bien que les deux cinéastes veulent en mettre plein la vue avec des passages gênants. Cela aurait pu apporter de l’eau au moulin, en montrant les difficultés de vivre avec un tel handicap, mais au final, cela ne sert à rien et s’avère totalement gratuit. Puis arrive alors les cauchemars, les quelques tueries et la mutation que l’on ne verra jamais vraiment. Le film s’égare alors dans des séquences aussi riches qu’un porno soft et pour lesquelles on n’aura guère d’affection.

A la rigueur, si le gore était là pour dénoncer quelque chose, mais il n’en est rien. Pire, il enfonce le film dans un kitsch qui démontre les limites budgétaires du métrage. Le film souffre de scories matérielles évidentes. On peut citer la lumière, qui est peu travaillée. Ou encore sur certaines séquences mal branlées à l’image du ver qui sort de sous le bras de la nana. Rien n’est vraiment marquant, et rien n’est fait pour réellement marquer, si ce n’est une paire d’effets sales ou une hyper sexualisation de l’héroïne, une fois sous l’emprise de la bestiole. Mais le vrai problème provient de la pauvreté de la mise en scène. Le film est trop dépouillé. La séquence du défilé est honteusement ridicule avec ses trois figurants. Les moments dans la ville manquent de vie. On a vraiment l’impression d’un film au budget maigrelet voué au marché du DVD…

Dans ton cul

Si la réalisation des sœurs Soska n’est pas à la hauteur des attentes, surtout en ce qui concerne un remake du grand Cronenberg, il faut aussi dire que les personnages ne sont pas du tout attachants. On ne ressentira aucune empathie pour Rose, cette pauvre femme qui va devenir tigresse à cause d’un ver. Le personnage est pénible à suivre, ne cesse de geindre et fait constamment passer ses envies professionnelles avant le reste. Pour les personnages secondaires, c’est la douche froide avec le cliché du tailleur insupportable, le photographe beau gosse ou encore la meilleure amie trop envahissante. Le film manque de naturel. Et ce n’est pas les quelques clins d’œil à l’univers de Cronenberg qui feront passer la pilule, comme les tenues de Faux-Semblants ou encore le portrait de l’infirmière dans Frissons

Au final, Rabid est un remake raté. Les sœurs Soska, qui semblent largement surestimées, loupent le coche de marquer encore des points dans le domaine de l’horreur. Kitsch au possible, baignant dans une technique digne d’un téléfilm, le métrage ne doit sa bouée de secours qu’à un gore exacerbé mais qui ne sert finalement à rien. Bref, un remake pas vraiment recommandable, qui n’apporte rien de nouveau et qui n’arrive jamais à s’élever sur des réflexions intéressantes. Dommage.

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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