avril 20, 2024

Melomaniak – Comprendo Horror

Avis :

On le sait, la musique traverse les frontières. Et qu’importe les styles prépondérants dans un pays suite à ses racines, on peut trouver de tout, dans tous les styles. Et même si dans certains pays, il faut fouiller un peu plus qu’ailleurs (je pense notamment aux pays du Moyen-Orient), on trouvera toujours des résidus de Métal. Malgré sa violence, malgré l’imagerie souvent sauvage que cela véhicule, le métal est un style présent de partout. Et cela même s’il faut fouiller un peu le net. La preuve en est avec Melomaniak, sombre groupe fondé en 2014 qui compte aujourd’hui deux albums, dont Comprendo Horror est le premier effort. Originaire du Chili, le groupe s’éloigne pourtant du Black d’un Tol Sirion ou encore d’un Thrash d’un Sepultura (si l’on veut rester en Amérique latine) pour arpenter le chemin sinueux d’un Heavy teinté de Hard, avec quelques élans Thrash.

Le skeud débute avec le titre éponyme de l’album. Dès le départ, le groupe ne fait pas dans la dentelle et démontre une volonté de faire de bouger les têtes. C’est plutôt rapide, bien rythmé, et même si on reste dans quelque chose de classique, on ressent les références du groupe qui allie le Thrash avec des riffs plutôt Heavy. Le résultat est assez plaisant, même si on voit bien que la production ne suit pas vraiment. Si c’est plus propre qu’à l’accoutumée, pour des produits autoproduits, on reste tout de même dans quelque chose de très moyen et qui manque d’envergure. Ici, on aura droit à un solo après le premier refrain, et ça manque vraiment d’un enregistrement de plus grande qualité. Avec La Oscuridad, le groupe essaye d’être un poil plus virulent, notamment dans le chant qui, à défaut d’être percutant, se révèle assez juste.

Les riffs sont bons, la ligne de basse permet de donner une bonne ambiance aux couplets, mais on reste dans un enregistrement de qualité très moyenne. On notera aussi les moments de faiblesse du chanteur lorsqu’il faut monter dans les tours, mais qui frôle de près la fausse note. Après, la langue espagnole ne colle pas forcément avec ce style musical. Si elle s’accorde parfaitement à du Power ou du Sympho, ici, ça manque de sons un peu plus gutturaux. Inconscienscia Colectiva lorgne du côté du Punk/Heavy pour un résultat rapide et assez prenant, mais qui, là aussi, manque d’ampleur. On a vraiment la sensation d’écouter un album fait par de jeunes garçons dans un garage. Alors si la qualité est tout de même un peu plus élevée par le talent des musiciens, ça reste très léger. Lejos va nous faire mentir, puisqu’il s’agit du meilleur titre de l’album.

Démarrant de façon légère et presque touchante, le morceau se montre plus complexe, allant chercher du côté du Nu-Métal sur certains aspects et c’est plutôt bien fichu, donnant vite envie de headbanger aux sons des riffs bien lourds. Demencia est un titre rapide à la frontière du punk harcore, sans jamais en avoir la hargne. C’est rigolo, ça tente des choses, mais ça reste très sage, peut-être même trop. On a la sensation qu’il s’agit d’un morceau fait pour faire rire… Estacion Final se veut plus sombre, plus scandé au niveau de la rythmique, mais là encore, ce qui pêche, c’est la voix du chanteur qui, s’il chante juste (contrairement à certains autres groupes hispaniques autoproduits que l’on a écouté), manque d’envergure, d’épaisseur, et par moments, on sent que ça force un peu trop. Reste Errante et son côté Thrash assumé qui permet de redresser un peu la barre.

Alors ça fait plutôt du mal de parler en mal d’un tel groupe qui fait des efforts considérables pour proposer un métal de qualité et fait avec le cœur. Le problème avec ce genre d’albums (et de groupes), c’est que ça manque de budget et d’un bon entourage qui permettrait au groupe de réellement décoller. Et la langue, puisque l’anglais permettrait une exportation dans le monde entier. Si cela donne une identité propre au groupe, ça restreint aussi sa résonance mondiale. Manipulation, par exemple, pourrait parfaitement faire le tour du monde avec son couplet calme et son refrain méchamment puissant, faisant directement référence à une sorte de Métal alternatif un peu désuet mais très attachant. Mais la langue… Alors oui, certains groupes ont réussi avec l’espagnol, comme Mago de Oz ou encore quelques titres de Diabulus in Musica, mais cela reste des groupes de Power.

Au final, Comprendo Horror, le premier album de Melomaniak, est un effort dont il faut saluer la prestation. Sympathique et fait avec le cœur, ce premier album recèle de bons moments et tente de varier les plaisirs en faisant des références à différents courants du métal. Le problème réside dans la langue, le chanteur ou encore une production faiblarde, propre à ce genre de petits groupes qui vivotent dans l’espoir d’un jour percer. Et avec une meilleure production, sûr que Melomaniak trouverait un bon label et de quoi fournir des albums bien plus ambitieux.

  • Comprendo Horror
  • La Oscuridad
  • Inconsciencia Colectiva
  • Lejos
  • Demencia
  • Estacion Final
  • Errante
  • Manipulacion
  • Arrancarme de tu Vida
  • El Ejecutor

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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