avril 19, 2024

Taps

De : Harold Becker

Avec George C. Scott, Timothy Hutton, Ronny Cox, Sean Penn

Année : 1981

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Après le meurtre accidentel d’un élève à l’Académie militaire de Bunker Hill, le conseil d’administration décide de vendre au plus vite les lieux. Tandis que les jeunes recrues doivent impérativement quitter l’endroit, ces derniers se rebellent et organisent une mutinerie contre l’autorité de leurs supérieurs : ils ont la ferme intention de prendre le contrôle du camp.

Avis :

Harold Becker est un réalisateur qui est assez oublié aujourd’hui et c’est bien dommage, car c’est un cinéaste qui a une filmographie très intéressante. Une filmographie qui, plus je la découvre et plus elle se révèle autre que de simples petits thrillers ou petits films divertissants, comme il a pu en livrer, notamment dans la dernière partie de sa carrière.

Après s’être fait grandement remarquer dans les années 90, notamment avec son deuxième film, « Tueur de flics« , Harold Becker continue sont très joli bonhomme de chemin et c’est en 1982 qu’il pose l’un de ses meilleurs films. Tenu par un casting de luxe qui regorge de futures stars, Timothy Hutton, Sean Penn (dont c’est le premier film), Tom Cruise, Giancarlo Esposito ou encore Evan Handler, « Taps » est un film très surprenant par ce qu’il raconte. Film critique et politique, réquisitoire contre les armes et la violence qu’elle engendre, avec « Taps« , Harold Becker nous entraîne dans une œuvre sous pression, qui ne fait que se tendre au fur et à mesure que l’étau se referme sur ses personnages. On en ressort surpris, étonné, et touché. Bref, assurément, « Taps » est l’un des meilleurs films de son réalisateur.

Brian Moreland, tout juste la vingtaine, est élève dans l’école militaire de Bunker Hill. Idéaliste, ayant un fort attachement au sens de l’honneur et une admiration sans borne pour le général Harlan Bache qui dirige l’académie, Brian vient d’être promu Major. Un soir, le général en question est accusé de meurtre, et suite à cela, l’école qui devait être mise en vente l’année suivante, est fermée sur le champ. Pour Brian, perdre un monument comme Bunker Hill n’est pas tolérable, et avec tous les élèves de l’académie, le jeune homme monte une révolte, et ainsi, ils défient l’autorité des dirigeants, dans l’espoir que ces derniers voient que l’enseignement à Bunker Hill est l’un des meilleurs du pays, et qu’ils forment des soldats qui ont des convictions et qui sont prêts à se battre pour une cause.

Des élèves d’une école militaire prennent les armes pour s’opposer à la destruction de leur école, en voilà un synopsis qui est intéressant et loin de ce que l’on a l’habitude de voir.

Très bien écrit, très bien pensé, très bien mis en scène, ce qui est le plus intéressant dans « Taps« , c’est tout ce que l’on peut y trouver entre les lignes. Harold Becker, avec cette histoire, livre une critique assez dure contre sur l’idée que prendre les armes pour défendre une cause, si bonne soit-elle, amène souvent au drame, et au-delà de ça, transforme la juste cause, l’idéalisme, en barbarie. S’il est vrai que le scénario est parfois un peu hollywoodien, mettant des bâtons dans les roues de ses personnages, cela ne l’empêche pas d’être passionnant de bout en bout. Harold Becker exécute très bien son film, et arrive même à rendre puissant ce qui est assez prévisible au final. Toujours du côté de l’écriture, « Taps » est un film sur la perte de l’innocence, passant de l’adolescence à l’âge adulte, de simples élèves à des soldats responsables, questionnant le sens de l’honneur et de l’engagement. « Taps » questionne aussi le rapport à la justice, il s’aventure sur les sentiers du capitalisme, dénonçant, ou plutôt opposant les traditions d’un côté et l’argent de l’autre.

Et au-dessus de ces sujets, il y a l’évolution de ces personnages et notamment celui campé par Timothy Hutton. Il est vraiment intéressant de suivre ce personnage aux fortes convictions, qui petit à petit finit par comprendre un peu trop tard que d’autres solutions auraient pu être possibles. Ainsi, il y aura l’amour des traditions, le sens du devoir et de l’honneur. Il y aura les mises en garde amicales, les soutiens, les espoirs et surtout l’engrenage et l’orgueil qui ne font que monter. Jusqu’à quand, et jusqu’à où peut-on aller pour ses idées, et défendre mal une juste cause ? Bref, ce scénario et ses personnages sont passionnants et que ce soit tout ce qui est dit entre les lignes ou encore le final et le destin de ces personnages, tout est exécuté de manière admirable, ce qui offre un film puissant et marquant.

Du côté de la réalisation de Harold Becker, on retiendra surtout cette montée en puissance. Si le film commence pratiquement comme une petite comédie, il se mute petit à petit en un drame qui comme je l’évoquais plus haut, sera puissant, marquant et très touchant. Pour cela, Becker offre des images fortes et des moments intenses. On appréciera les instants où le réalisateur, avec de très bons stratagèmes, installe le doute dans la tête de certains de ses personnages. On appréciera aussi le fait que le film ne tombe à aucun moment dans la caricature militaire, ou encore dans le patriotisme à outrance. Bien sûr, avec de tels sujets, il y a du patriotisme, mais Becker arrive toujours à nuancer les idées et les actions de ses personnages. On retiendra aussi la BO de Maurice Jarre qui souligne à la perfection les actions, les décisions et les émotions. Reste néanmoins que l’ensemble est très hollywoodien par moments, et que même si l’ensemble est passionnant, « Taps« , étalé sur plus de deux heures, a ses petits coups de mou, ou ses moments où l’intrigue tourne un peu en rond. Mais bon, face à tous les très bons éléments que réunit le film, c’est bien peu et l’ensemble est vraiment très bon et passionnant.

Enfin, comme je l’ai cité plus haut, « Taps » est un film au casting affolant. Un casting fait de jeunes premiers qui pour la plupart vont devenir des poids lourds du cinéma américain. Si évidemment on retiendra Tom Cruise dans ce rôle assez fou dont on soupçonne très facilement que le personnage est une cocotte-minute qui ne demande qu’à exploser, il est vrai qu’on sera bien plus touché par le petit rôle de Sean Penn qui se pose comme le raisonnable et raisonné du groupe, ou encore celui de Timothy Hutton, dont l’évolution et les découvertes que fait ce personnage sont franchement prenantes, voire même un peu plus.

« Taps » est donc un excellent film, très surprenant. Un film puissant, qui pose de bonnes réflexions et qui n’hésite pas à se faire dur dans sa critique, comme dans ses images. Très bien exécuté, parfaitement pensé dans l’évolution de ses personnages, dans les situations ou encore dans la tension qui ne fait que se tendre, « Taps » est bel et bien l’un des meilleurs films de son réalisateur. Et il est bien dommage que Harold Becker soit presque totalement oublié aujourd’hui, car plus je découvre ses films et plus je me dis qu’il faudrait le réhabiliter.

Note : 17/20

Par Cinéted

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