avril 19, 2024

Paprika

Titre Original : Papiruka

De : Satoshi Kon

Avec les Voix Originales de Megumi Hayashibara, Torû Furuya, Kôichi Yamadera, Katsunosuke Hori

Année : 2005

Pays : Japon

Genre : Animation

Résumé :

Dans le futur, un nouveau traitement psychothérapeutique nommé PT a été inventé. Grâce à une machine, le DC Mini, il est possible de rentrer dans les rêves des patients, et de les enregistrer afin de sonder les tréfonds de la pensée et de l’inconscient.
Alors que le processus est toujours dans sa phase de test, l’un des prototypes du DC Mini est volé, créant un vent de panique au sein des scientifiques ayant développé cette petite révolution. Dans de mauvaises mains, une telle invention pourrait effectivement avoir des résultats dévastateurs.
Le Dr. Atsuko Chiba, collègue de l’inventeur du DC Mini, le Dr. Tokita, décide, sous l’apparence de sa délurée alter-ego Paprika, de s’aventurer dans le monde des rêves pour découvrir qui s’est emparé du DC Mini et pour quelle raison. Elle découvre que l’assistant du Dr. Tokita, Himuro, a disparu…

Avis :

Dans le domaine de l’animation japonaise, on parle très souvent des studio Ghibli. Et c’est normal. Hayao Miyazaki et Isao Takahata ont marqué de leur empreinte le dessin animé nippon, en y apportant une certaine douceur et une belle poésie. Cependant, ce n’est pas le seul studio a tenté des choses d’un point de vue graphique. Si certains indépendants ont réussi à se démarquer (Ghost in the Shell, Akira, pour ne citer qu’eux), Satoshi Kon fait partie de ces auteurs qui ont une marque de fabrique et qui proposent à chaque fois des animés de qualité. Ou tout du moins qui ont des idées de mise en scène et de scénario très intéressantes. Perfect Blue, Millenium Actress ou encore Paprika sont autant d’animés signés Satoshi Kon qui ont laissé une trace indélébile sur l’animation japonaise.

A un tel point que cela a inspiré des réalisateurs américains pour certains de leur film. A commencer par Christopher Nolan et son Inception.

Le rêve dans le rêve… dans le rêve

Le scénario de Paprika peut sembler simple dans sa mise en place, mais il va vite s’avérer complexe, notamment dans la volonté de son réalisateur à nous perdre. Afin de soigner des gens atteints de problèmes psychologique, une société a créé une machine qui permet de rentrer dans les rêves des patients. Paprika est l’alter ego de l’une des créatrices de la machine. Malheureusement, un homme s’est emparé de la machine et s’insinue dans les rêves des gens, les poussant au suicide ou à faire des choses étranges dans le monde réel. Une enquête se met alors en place, aussi bien dans le monde des rêves que dans le monde physique. Et c’est bien là toute la saveur de Paprika, qui va s’amuser à emmêler deux univers pour mieux perdre le spectateur dans une histoire tortueuse et sinueuse. Comme d’habitude avec ce genre d’œuvre, il faut s’accrocher pour tout comprendre.

Dès le départ, Satoshi Kon nous plonge dans un univers onirique très marqué. On va vite comprendre que nous sommes dans le domaine du rêve lorsque l’expérience se termine, mais pour autant, ce démarrage peut laisser sur le carreau. Dès lors, le film démarre alors avec un homme qui devient fou, commence à dire des choses incohérentes, sans que cela ne nous soit clairement explicité. On se demande alors ce que l’on regarde, avant de capter qu’il est sous l’emprise d’un autre homme qui lui rentre dans la tête à cause de la machine. Et le film de partir en cacahuète, aussi bien d’un point de vue scénaristique que graphique. L’histoire devient nébuleuse. Certaines personnes rêvent, d’autres non, le monde devient impalpable, les limites entre fiction et réalité sont constamment brouillées. Ce qui est le but de Satoshi Kon, nous forçant à vivre son film comme une expérience sensorielle.

Rêve ou cauchemar

Cette expérience sensorielle unique et étrange va être à double tranchant pour le spectateur. Soit on se laisse porter par le délire visuel, soit on essaye de comprendre et le mindfuck est total. Le réalisateur parvient parfaitement à retranscrire la folie des rêves et leur côté parfois cauchemardesque, ou au contraire idyllique. On va vite voir au départ les limites entre fiction et réalité, notamment grâce à des rêves délirants, où une farandole de poupées et autres créatures défile dans la rue. Cependant, au fur et à mesure de l’intrigue, la limite se brise, et on ne sait plus vraiment où l’on se trouve. On a la désagréable sensation de se faire manipuler durant tout le métrage et e ne pas vraiment comprendre tout ce qui se passe à l’écran. Si parfois c’est grisant, l’aspect bordélique l’emporte sur le reste.

Fort heureusement, Satoshi Kon se rattrape sur sa direction artistique. Paprika est un film tout simplement sublime. Les dessins sont magnifiques et l’animation et complètement dingue. Les rêves sont partagés entre onirisme, délire euphorisant et cauchemar coloré dans lequel des poupées prennent la parole. On peut y voir aussi de nombreuses références à la culture nippones, aussi bien dans les poupées précédemment citées, ou encore dans les créatures du folklore nippon, voire même dans les mechas, avec le personnage de Tokita. Paprika est un film qui digère bien ses références, et qui va même en devenir une pour certains réalisateurs. La ressemblance des plans entre Inception et Paprika est troublante, surtout quand on sait que les deux films abordent les thèmes du rêve et de la manipulation.

La puissance des rêves

Si l’on écarte son aspect nébuleux et sa propension à vouloir nous perdre, Paprika recèle de bien des thèmes intéressants. La manipulation par la pensée, le contrôle des rêves, mais aussi les avancées technologiques et leurs dérives, Satoshi Kon livre un film très riche, qui explore beaucoup de thèmes en très peu de temps. Néanmoins, ils n’auront pas l’impact voulu, la faute à des personnages assez peu attachants. Si chaque protagoniste est marqué physiquement, allant même jusqu’à la caricature, ils leur manquent du background, de l’épaisseur pour que l’on ressente de l’empathie pour eux. Même le méchant n’est pas très intéressant et on ne comprend pas vraiment ses enjeux. On reste sur une palette de personnages qui jouent plus sur leur physique que sur leurs intentions ou caractères et c’est dommage.

Paprika 2006 real : Satoshi Kon COLLECTION CHRISTOPHEL

Au final, Paprika est un film qui n’est pas dénué d’intérêt. C’est un film qui a marqué les années 2000 et prouve à quel point Satoshi Kon est un réalisateur qui a influencé beaucoup de monde avec ses œuvres. Néanmoins, entre son côté bordélique, nébuleux et son intrigue qui tente à chaque fois de brouiller les pistes pour mieux nous perdre, Paprika s’avère beau mais complexe et il peut laisser un bon nombre de spectateurs sur le carreau…

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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