avril 18, 2024

Tendre Voyou

De : Jean Becker

Avec Jean-Paul Belmondo, Mylène Demongeot, Nadja Tillier, Stefania Sandrelli

Année : 1966

Pays : France, Italie

Genre : Comédie

Résumé :

Sans aucun scrupule et toujours à l’affût de la bonne affaire, Tony séduit les dames avec aplomb. A Cannes, il jette son dévolu sur la belle baronne Mina von Strasshofer et, bientôt, le voici installé sur le yacht de la dame…

Avis :

Jean Becker est le fils de célèbre réalisateur Jacques Becker et il commence sa carrière en tant qu’assistant-réalisateur de son père. Après le décès de son paternel, Jean Becker décide de se lancer dans la réalisation. La carrière de Jean Becker commence fort, son premier film, « Un nommé La Rocca« , est un succès, tout comme son second « Échappement libre« . Après un détour dans le film d’espionnage avec « Pas de caviar pour Tante Olga« , Jean Becker retrouve pour la troisième fois son acteur fétiche de l’époque, Jean-Paul Belmondo.

Petite comédie sympathique, « Tendre Voyou » est le genre de petit film qui sans être exceptionnel, ne mérite pas l’oubli dans lequel il est tombé. Avec ce film, Jean Becker nous propose de suivre un arnaqueur et menteur pathologique, qui s’accroche aux autres et surtout aux femmes pour mener la grande vie. Drôle, offrant un Jean-Paul Belmondo qui nous fait un show impeccable, cette petite comédie, entre dialogues bien trouvés (en même temps, ils sont signés Audiard) et des rebondissements qui ne cessent d’apporter notre Bébel d’aventures en aventures, « Tendre Voyou » nous fait passer un petit, tout petit, mais sympathique moment.

Tony, la trentaine, est toujours à l’affût de séduire une belle femme pour profiter de son argent, le temps qu’il peut. Un jour, montant une petite arnaque dans un champ de courses, il fait la connaissance de Muriel, une jolie blonde, qui a bien l’air d’avoir l’argent qu’il faut. Cette rencontre va être le départ d’une foule de mésaventures, qui vont emmener l’arnaqueur et séducteur de Paris à Megève, en passant par Cannes ou encore Tahiti…

Jean Becker est un excellent réalisateur français qui nous régale avec un cinéma aussi drôle qu’il est tendre et touchant, et ça depuis maintenant soixante ans. S’il faut bien avouer que ce sont ses films dans les années 80 ou encore plus ceux des années 90 et 2000 (« L’été meurtrier« , « Elisa« , « Les enfants du marais« , « Un crime au paradis« ) qui sont le plus souvent cités et mis en avant, il ne faudrait pas oublier que le metteur en scène à commencer dans les années 60 et qu’à cette époque, (avant de prendre une pause de vingt ans), il a fait des films avec Jean-Paul Belmondo. D’ailleurs, celui sur lequel on s’arrête aujourd’hui est le dernier de cette époque-là, car après celui-ci, Jean Becker va mettre sa carrière entre parenthèses, jusqu’à son triomphal retour avec « L’été meurtrier » en 1986.

Bref, revenons à ce « Tendre Voyou« , film qui porte si bien son titre. Ce quatrième film pour Jean Becker n’est certes pas son meilleur, on pourrait même dire qu’il se pose comme une petite comédie quelconque et lambda. Il est vrai que les tribulations de ce séducteur bien souvent dépassé par les femmes dont il veut profiter, a une petite tendance à vite tourner en rond. Puis au-delà de ça, le film en lui-même n’a rien de vraiment marquant. L’intrigue, même si elle est amusante, peut sonner aujourd’hui comme du déjà vu, puis surtout, en un sens, une fois qu’on a compris le schéma du film, « Tendre Voyou » finit par être assez prévisible. Pourtant, malgré ces éléments, « Tendre Voyou » reste un petit film et une petite comédie amusante. Il y a quelque chose qui s’échappe du film de Becker qui fait qu’on se laisse très volontiers embarquer dans les tribulations un peu folles, et un peu absurdes, de cet arnaqueur malchanceux. On s’amuse à voir ce personnage voler d’une femme à l’autre, et on s’amuse encore plus à le voir toujours désespéré et pris dans un piège qui se répète.

Puis derrière tout ça, ce qui fait évidemment l’immense charme de ce film, c’est bien sûr la foule de comédiens et comédiennes qu’on trouve, à commencer, vous vous en doutez, par un Jean-Paul Belmondo excellent dans la peau Tony Maréchal, séducteur capable d’entrer dans la peau de bien des hommes pour atteindre sa cible. Bébel a le bagou qu’il faut, il a le timing, et le sens du comique (même si ça, c’est malgré son personnage). Puis, pour l’accompagner dans ses aventures, Jean Becker a réuni un sacré casting, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret, Mylène Demongeot, Micheline Dax, Stefania Sandrelli, Nadja Tiller, Maria Pacôme, ou encore Pierre Tornade… Bref, du beau monde, et chacun apportent sa petite drôlerie.

S’il est vrai que « Tendre Voyou » a une tendance à tourner en rond, il faut lui laisser une mise en scène dynamique, qui ne cesse de sauter d’aventures en aventures. Malgré le côté prévisible du film, jamais l’on ne s’ennuie et mieux encore, on s’amuse devant les pitreries, les échappées en Mustang, ou encore grâce à ces dialogues bien ciselés, écrits par l’ami Audiard et certaines valent leur petit pesant de cacahuètes.

Entre les lignes, aussi, Jean Becker filme une France qui bouge, une France en pleine mutation. Une France qui s’en va en vacances à la montagne, au sport d’hiver, ou une France un peu plus aisée, qui part en vacances dans les îles. Une France qui prend le temps de vivre, de profiter… Bref, une France qui a l’air bien moins compliquée qu’aujourd’hui.

« Tendre Voyou » est donc un petit film sympathique. Certes, Jean Becker a fait bien mieux et il est clair qu’au milieu de sa belle filmographie, ce « Tendre Voyou » est de ce que certains aiment appeler un film mineur. Mais même un film mineur chez Jean Becker, ça reste intéressant, chouette et amusant. Je ne regrette absolument pas de m’y être arrêté l’espace d’une soirée, car les frasques de Bébel, ses déboires amoureux et ses fuites m’ont fait sourire.

Note : 12/20

Par Cinéted

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