avril 20, 2024

La Grande Classe

De : Rémy Four et Julien War

Avec Jérôme Niel, Ludovik, Joséphine Draï, Caroline Anglade

Année : 2019

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

Deux meilleurs amis d’enfance (et anciens souffre-douleurs de leur école) décident de retourner dans leur ville natale pour participer à une soirée d’anciens du collège avec un but secret.

Avis :

On le sait tous, Youtube est une formidable plateforme pour déceler des vidéastes de talent. D’ailleurs, certains studios ont vu le jour grâce à ce support et se sont spécialisés dans la création sur internet. On peut bien évidemment évoquer Golden Moustache ou encore le Studio Bagel. Le deuxième effet kiss cool avec toute cette imagination, c’est que des plateformes de streaming tel que Netflix, y ont vu un filon à exploiter. De ce fait, on va retrouver des films écrits et joués par des youtubeurs plus ou moins connus. Et l’un des premiers à ouvrir le bal est La Grande Classe. Porté par Jérôme Niel et Ludovik, cette comédie potache porte bien la marque de ses auteurs, à savoir des blagues pipi-caca, des situations grotesques et une générosité parfois maîtrisée. Mais est-ce vraiment un mal ? Retour sur une comédie française classique, mais qui tente des choses.

Le collège, la souffrance

L’histoire est assez simple, comme c’est souvent le cas dans les comédies récentes françaises. On ne cherche pas à perdre trop de temps sur un pitch complexe ou une narration étrange, il faut faire rire et aller à l’essentiel. Ici, on va suivre deux types qui travaille sur Paris et qui ont leur propre boîte dans l’informatique. En allant sur les réseaux sociaux, ils découvrent qu’une réunion des anciens sixièmes a lieu dans leur ancien collège. Lieu de souffrance et de moquerie, ils décident de s’y rendre afin de voir les évolutions de chacun et peut-être de prendre leur revanche sur les brimades du passé. Sauf pour l’un des deux qui y voit l’occasion de dire tout son amour pour son premier crush. Très clairement, on voit très vite où le film veut arriver. Des évolutions différentes, de la vengeance, des vannes et une bonne grosse dose de bonne humeur.

Cependant, malgré le pitch simpliste, le film tente tout de même d’avoir du fond et de brasser plusieurs thématiques assez intéressantes en lien avec l’enfance, et notamment le collège. Période difficile pour bon nombre d’enfants et d’adolescents, le collège est un âge ingrat où tous les coups sont permis. Et de voir deux souffre-douleurs prendre leur revanche est un pitch assez alléchant, surtout quand on voit Jérôme Niel et Ludovik se lâcher dans de blagues potaches et parfois scato. On aura droit à des flashbacks qui évoque l’ancien surpoids de l’un et les moqueries de l’autre, à cause d’une gastro sur un tapis de gym. On aura droit aussi aux rivalités qui sont toujours présentes. En dormance, certes, mais toujours à l’esprit de l’un d’entre eux. En filigrane, le film raconte les plaies encore ouvertes d’un passé pas si lointain et les marques que peut laisser une scolarité sans suivi.

L’enfer, c’est les autres… Et un peu soi-même aussi.

Outre les affres d’une scolarité chaotique à cause de petits cons, ce qui est aussi intéressant avec La Grande Classe, c’est l’évolution de chacun. Car si nos deux compères ont pris une belle revanche sur la vie (l’un ayant perdu du poids et l’autre ayant réussi sa vie sur Paris), ce n’est pas le cas de tout le monde. Et notamment des caïds du collège qui ont désormais une vie moins chatoyante. Tout du moins aux regards du bobo parisien. Car si l’un est au chômage, l’autre va devenir patron d’une société de nettoyage, a deux gamins et une belle maison à la campagne. De ce fait, on va voir que malgré les a priori du collège, les évolutions sont différentes, et les cons ne sont plus qui ils étaient. Le film est bien malin là-dessus, jetant un regard intelligent sur la vision des parisiens sur les provinciaux, et vice-versa.

Le film joue aussi sur les illusions du passé. Sur nos premiers amours que l’on souhaite revoir, sur les choses que l’on ne s’est jamais dites ou encore sur les regrets d’un passé révolu. Sans être très intellectuel, le film tente, tout de même, d’avoir du fond, et on peut le féliciter pour cela. Et malgré des séquences dispensables (le coup de la merde de chien qui n’a aucun but, certains passages gratuits), on se retrouve avec un film assez riche en thèmes. Il est dommage que La Grande Classe ne soit pas aussi bien équilibré dans sa mise en scène et dans la prestation des acteurs. En effet, peu de scènes sont réellement marquantes. On est souvent dans la succession de petits sketches qui apportent un peu d’eau au moulin, mais le film ne se détache pas de son concept de base et c’est dommage.

L’acting, tout un métier

L’autre gros défaut du film, si on l’excepte son concept de sketches, c’est sa mise en scène. Le film reste plat et n’a pas vraiment d’idées de réalisation. C’est simple, propre, ça fait le taf, mais on reste dans un truc déjà vu mille fois. Ajoutons à cela un manque d’ampleur dans les décors et on se retrouve avec un « petit » film de peu d’ambition. Il en va de même avec les comédiens qui ne sont pas toujours justes. Ludovik est souvent en surjeu, tout comme la belle Caroline Anglade qui en fait des caisses. Seule Jérôme Niel s’en sort, avec un personnage attachent, véritable héros de l’histoire. Pour le reste, on sera tout de même dans la gaudriole, malgré quelques répliques hilarantes, à l’instar de ce geek amateur de jeu de rôle. C’est dommage que le film ne soit pas plus réservé dans les prestations des acteurs.

Au final, La Grande Classe est un film qui est relativement intéressant. S’il est loin d’être une comédie vouée à devenir culte, il n’en demeure pas moins que le film réserve son lot de bonnes surprises et surtout son lot de thèmes intéressants et intelligents. Malheureusement, avec une mise en scène timide, des acteurs souvent dans l’excès et des blagues qui tombent de temps à autre à l’eau, le film manque d’équilibre et de justesse. Cependant, on préfère voir le verre à moitié plein !

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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