avril 23, 2024

Fog

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Titre Original: The Fog

De : John Carpenter

Avec Adrienne Barbeau, Jamie Lee Curtis, Janet Leigh

Année : 1980

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Une légende persiste dans une petite ville du Pacifique, Antonio Bay. On raconte aux enfants qu’un naufrage a eu lieu il y a une centaine d’années, que tous les passagers sont morts et que, à chaque fois que le brouillard se lève, les victimes surgissent des flots pour se montrer aux vivants.

Avis :

John Carpenter (Big John pour les intimes) fait partie de ces réalisateurs qui auront marqué à jamais le cinéma de genre comme l’horreur et le fantastique, mais aussi le cinéma tout court. Au même titre qu’un George Romero ou qu’un Dario Argento, il a su faire des films incroyables, véritablement effrayant et véhiculant des messages importants ou qui tiennent à cœur pour le réalisateur. Avec Carpenter, certains messages sont récurrents, tout comme Romero qui montre via le zombie que l’homme est une sale espèce, et il s’exprime bien souvent en opposition à la masse, à cette culture de moutons qui caractérise nos médias et la publicité. En 1980, Carpenter sort un film au titre suffocant, Fog, relatant une histoire de fantômes sur fond de piraterie. Après un essai plus que transformé avec Halloween, la nuit des masques, Carpenter se relance dans l’angoisse avec un autre genre horrifique, plus lent, plus insidieux qui mérite un traitement différent que la slasher. Maintenant, est-il aussi réussi que Halloween ? Le film vaut-il le coup d’œil après plus de 30 ans ? Plissons les yeux et traversons cet épais brouillard.

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Mes amis, je reçois la lumière divine en pleine gueule !

Ce qui est marrant quand on commence le film, c’est que l’on pourrait presque croire que l’on est face à un film pour enfant, une sorte de chair de poule basée sur un vieux conte de marin. Seulement, quand on regarde la suite des évènements, on voit bien que ce ne sont pas les enfants qui sont visés. En gros, la ville d’Antonio Bay est la proie à une malédiction et des fantômes se dissimulant dans une épaisse brume viennent pour tuer les habitants. Pendant ce temps, un jeune couple, avec une maman travaillant pour la radio locale et un curé illuminé vont tenter d’arrêter cette brume et de sauver les gens d’Antonio Bay. Il est vrai qu’en le lisant comme ça, le scénario peut sembler stupide, mais il y a des enjeux plus profonds dans le film de Carpenter (comme toujours). En fait, je pense qu’i ls’agit d’une preuve que nos erreurs du passé, ainsi que notre cupidité sont la proie à d’anciens fantômes et que ces derniers viennent pour nous hanter jusqu’à ce que justice soit faite. Ces fantômes sont ici matérialisés sous la forme de pirates morts, mais on pourrait tout aussi bien les interpréter comme des remords intérieurs. Si l’histoire semble alors simple et enfantine, les valeurs sont tout autres et la présence du livre de bord et de la croix en or dans les murs de l’église sont peut être aussi un autre message de la part du maître de l’horreur.

En effet, on pourrait aussi interpréter cela comme une critique, une dénonciation du système cléricale, et de son enrichissement, ainsi que de sa toute puissance encore bien intégrée aujourd’hui. D’ailleurs, la scène finale prouve bien que nos péchés ne sont pas pardonnés, que l’on soit proche de Dieu ou non, et qu’une personne mauvaise doit payer de toute façon. Bien entendu, Carpenter détourne tous ces messages d’une façon plus fine et les distille dans un film horrifique qui fait très old school. C’est bien simple, le scénario rappelle les plus vieux comics américains des années 50 (Tales from the crypt) et les effets de peur, avec le brouillard dense et ses habitants instaure une ambiance, qui pourrait paraître désuète aujourd’hui, mais qui reste efficace dans ce genre de film. L’atmosphère qu’instaure Carpenter demeure glauque et on ressent presque l’humidité ambiante de cette ville portuaire. Mettant des plans de phénomènes paranormaux, comme des voitures qui klaxonnent toutes seules, des verres qui se brisent sans raison, avec des plans larges comme celui de la station de radio isolée sur son rocher, le réalisateur rend cette ville étouffante et isolée de la civilisation.

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Coiffure, pull, déco, pas de doute, on est bien dans les années 80 !

Du point de vue des acteurs, le film tient la route grâce à une présence féminine accrue et deux macs plutôt sympathique. En tête de casting, on retrouve l’une des plus connues Screaming Queen, Adrienne Barbeau, dans un rôle touchant de mère de famille, qui travaille la nuit pour la radio locale. Tenant son rôle avec sérieux, elle touche le spectateur et transmet réellement ses émotions. Seuls les moments de panique semblent surjoués, mais cela reste peu important. Pour l’accompagner, nous avons Jamie Lee Curtis, qui semble indissociable de Carpenter (tout comme Kurt Russell), qui joue une jeune autostoppeuse, tombant amoureuse d’un type d’Antonio Bay et qui va se retrouver bien malgré elle dans cette situation délicate. Comme à son habitude elle joue bien et on regrette qu’elle n’ait pas un rôle plus important. Janet Leigh vient compléter le tableau des actrices féminines en jouant la femme du maire et qui le fait relativement bien. Du côté des hommes, on aura la présence de deux personnages très forts, qui sont le petit copain de Jamie Lee Curtis et le prêtre. Tom Atkins interprète le petit côté et c’est un peu le macho de l’histoire, le grand costaud qui n’a peur de rien et qui doit sauver les demoiselles en détresse. Le second est joué par Hal Holbrook et il fait un prêtre en proie à ses démons de façon magistrale. A fond dans son rôle, il arrive à faire passer sa folie et devient le personnage le plus inquiétant du film.

Question de style de film et surement de budget, le film de Carpenter ne fait dans le gore et dans le sale. Après un Halloween brutal et sanglant, Big John va plutôt aller vers les effets de peur surprenants, comme des apparitions soudaines et une montée crescendo vers l’angoisse et le point de non retour. S’appuyant sur une maîtrise parfaite de la caméra et des différents plans, le réalisateur nous offre deux ou trois petits sursauts dans son film, cela étant en partie dû à des attaques éclairs de monstres brumeux. C’est bien fichu et parfois on ne s’y attend pas. Si la brume annonce l’arrivée des fantômes, elle n’exclue pas l’effet de surprise d’une attaque aussi soudaine que violente au moment où on s’y attend le moins. Malgré cela, le film accumule tout de même quelques longueurs, notamment dans la partie om l’on attend l’attaque de la ville. La brume prend son temps et les personnages passent leur temps à discuter de choses et d’autres. C’est décidément le point faible du film, car avec un rythme aussi lent, il faut s’accrocher. Mais cela se rattrape sur la violence de certains passages, comme le meurtre des trois marins, mais aussi avec le moment dans l’hôpital lorsque le marin mort se relève. Ensuite, certains effets spéciaux sont assez hideux et font tâches à côté des quelques effets de phénomènes paranormaux. Je passerai donc sur le visage d’un des pirates qui fait vraiment monstre de fête foraine à la limite de la faillite. La fin symbolique reste très agréable, même si elle parait véritablement kitsch.

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Ils auraient dû la foutre encore plus loin c’te conne de station radio !

Au final, Fog est un bon divertissement, mais il a plutôt mal vieilli. Lent malgré sa courte durée, il souffre d’effets spéciaux datés et surtout d’une intrigue assez linéaire, même si le réalisateur met en surface quelques critiques acerbes du système. Par contre, les acteurs sont très bons et l’ambiance est un modèle à suivre, tant on ressent l’humidité ambiante. Bref, un film de fantômes moyen, mais qui montre l’évolution de Carpenter dans sa carrière, faisant plus du fantastique que de l’horreur pure. Un film à voir pour ceux qui aiment Carpenter !

Note : 12/20

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AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Fog »

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