mars 29, 2024

Alice Cooper – Detroit Stories

Avis :

Mais qui pourrait arrêter Alice Cooper ? Vincent Furnier, 73 ans, semble toujours aussi vif et prêt à en découdre, que ce soit sur scène ou en album. Et pour cause, Detroit Stories est le 27ème album du groupe et le leader semble plus en forme que jamais. Lui, qui a traversé les époques, s’est essayé à divers styles, a révolutionné le rock avec des prestations scéniques grand-guignols, inventeur du Shock Rock, revient pour fournir une grande lettre d’amour à sa ville de cœur, la ville du rock, Detroit. On pourrait alors croire qu’Alice Cooper va se contenter de reproduire ce qu’il a déjà fait, de copier ses pairs, ou encore qu’il va fournir un rock pépouze, sans vraiment nous en mettre une grosse dans la figure. Et si, dans un sens, c’est ce qu’il va se passer, force est de reconnaître que le chanteur arrive encore à nous surprendre.

Dès le début du skeud, Alice Cooper lâche Rock’n’Roll. Un titre à son image, rugueux, assez lent dans sa rythmique, mais qui a un sérieux sens du groove. Il ne faut pas oublier que si Detroit est la ville du rock, c’est aussi la ville de la Motown, et on retrouve les deux facettes au sein de ce morceau. Et plus globalement au sein de l’album. Ici, on retiendra une belle ligne de basse, un clavier en filigrane et des chœurs chaleureux qui viendront rehausser le niveau du refrain. Bref, Alice Cooper est bel et bien de retour sur le devant de la scène. Un retour aux relents punks par moments, notamment avec Go Man Go, un titre court et plutôt drôle, mais qui correspond à cette image sulfureuse que continue de véhiculer Alice Cooper. Ici, le rythme est différent, ça va vite, tout en gardant un certain groove.

Avec Our Love Will Change the World, le groupe change complètement de registre. Ce qu’il faut savoir avant d’aborder ce titre, c’est que dans les années 60/70, Alice Cooper fut complètement écarté de la scène hippie. Tant et si bien qu’il prend ici sa revanche en pastichant un son plus flower power et des paroles un peu niaises. Un pied de nez plutôt drôle et culotté. Puis avec Social Debris, on revient à un son plus dur, plus crade, plus sec. On navigue en plein Rock proche du Hard, dont les riffs font mouche à chaque fois. Alice Cooper renoue avec certaines de ses racines, notamment avec l’album Killer (1971), peut-être l’un des meilleurs du groupe. Autant dire que le titre marche du feu de Dieu et donne une furieuse de faire les cornes avec les doigts.

Puis comme dit auparavant, on ressent une forte influence avec la Motown et cela se ressent avec $1000 High Heel Shoes. Chœur féminin, cuivre, groove relativement funky, on change du tout au tout et cela se fait avec une joie communicative. Puis Hail Mary revient vers un rock pur et dur, tout en y apportant des touches groovy qui ne sont pas désagréables. Oui, Alice Cooper est en grande forme et ne fait pas vraiment dans la demi-mesure. Au contraire, les variations de style, les changements de genre, prouvent que le frontman est inspiré et inspirant. Detroit City 2021 continue alors son exploration d’un rock caillouteux, assez costaud, loin d’un soft de papi. C’est avec ce genre de morceau que l’on s’aperçoit qu’Alice Cooper ne vieillit jamais vraiment. Autre inspiration, le blues, que l’on retrouve dans toute son essence avec Drunk and in Love. Difficile de faire plus classique.

Le plus fou avec cet album, outre sa propension à varier les styles et même les genres à quasiment chaque titre, c’est qu’il gagne en intensité à chaque nouvelle écoute. Certains titres, que l’on pensait moins percutants, deviennent, au fur et à mesure, plus intéressants et s’intègrent parfaitement à l’ensemble, cohérent, de cet effort. Independence Dave en est l’exemple flagrant, avec son aspect funky et ultra dansant. Tout comme I Hate You et son dialogue surréaliste. On peut aussi citer Wonderful World, qui pourrait s’apparenter à un Black Sabbath sous acide. Et que dire de Sister Anne et son efficacité sans faille qui donne immédiatement envie de bouger dans tous les sens. Bref, à chaque écoute, l’album gagne en maturité et séduit de plus en plus. Même Shut up and Rock, sorte de petit délire relativement court, fonctionne à merveille.

Au final, Detroit Stories, le dernier effort de l’infatigable Alice Cooper, est une vraie réussite. Si, à la première écoute, on pourrait croire à un album sympathique de rock pour papis, on se retrouve vite à apprécier chaque morceau. Vincent Furnier a su bien s‘entourer encore une fois et délivre un album complet, généreux et qui rend hommage à la ville du rock, mais aussi de la Motown et de la musique en règle générale.

  • Rock’n’Roll
  • Go Man Go
  • Our Love Will Change the World
  • Social Debris
  • $1000 High Heel Shoes
  • Hail Mary
  • Detroit City 2021
  • Drunk and in Love
  • Independence Dave
  • I Hate You
  • Wonderful World
  • Sister Anne
  • Hanging on by a Thread (Don’t Give Up)
  • Shut up and Rock
  • East Side Story

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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