mars 19, 2024

Silo Origines – Hugh Howey

Auteur : Hugh Howey

Editeur : Le Livre de Poche

Genre : Science-Fiction

Résumé :

En 2049, le monde est encore tel que nous le connaissons, mais le temps est compté. Seule une poignée de potentats savent ce que l’avenir réserve. Ils s’y préparent. Ils essaient de nous en protéger. Ils vont nous engager sur une voie sans retour. Une voie qui mènera à la destruction ; une voie qui nous conduira sous terre. L’histoire du silo est sur le point de débuter. Notre avenir commence demain.

Avis :

Véritable révélation pour la littérature de science-fiction, Silo s’avançait comme une dystopie singulière. Particulièrement âpre sur le devenir de l’humanité, le premier roman de Hugh Howey présentait également une lecture pertinente sur notre société consumériste. En somme, il était parvenu à concilier l’aspect distrayant du genre à une réflexion tout aussi indissociable sur les sujets qu’il évoque. Fort d’un succès fulgurant sur la scène internationale, l’auteur creuse la mythologie de son œuvre à travers une préquelle avec Silo – Origines. De quoi éclairer les nombreuses zones d’ombre du précédent opus et s’enfoncer toujours plus profondément dans ces refuges qui possèdent tous les atours d’un tombeau…

Contrairement au premier ouvrage, la présente histoire s’inscrit dans une trame temporelle bien définie. La structure narrative se décompose en trois grands axes. Ceux-ci présentent des faits antérieurs à Silo. L’entame se fait dans un XXIe siècle moribond, miné par la peur et les élites corrompues. Bien que les enjeux soient dûment explicités pour présager d’un péril immédiat, l’aspect politique n’est pas forcément prépondérant ni essentiel à la bonne compréhension de ce qui s’ensuit. Toutefois, il sert de prétexte pour exposer les évènements qui ont contraint les derniers hommes à se réfugier sous terre. Dans un premier temps, on alterne entre cette période et le début du XXIIe siècle.

La découverte progressive clive des points de vue aux antipodes, rendant la distinction d’autant plus marquante. Par la suite, cette frontière s’atténue par le biais de procédés bien pensés et bien intégrés à l’intrigue. On songe à la cryogénisation des personnages, les pertes de mémoire plus ou moins vives et l’emploi de nouveaux patronymes. Dès lors, ce n’est plus uniquement le lieu qui sert de fil rouge à la trame, mais les protagonistes eux-mêmes qui traversent les siècles. Il ne s’agit pas d’immortalité, mais d’une notion de temps toute relative qui met à mal le concept d’impermanence. Ces bonds temporels s’apparentent alors à un étrange cycle de naissances où il est nécessaire de se familiariser à nouveau avec son monde, si restreint soit-il.

Avec Silo, le mystère s’axait sur ce que pouvait recéler l’extérieur. L’auteur entretenait le sentiment de curiosité à l’idée de repousser les frontières hermétiques de cet ultime refuge ; que la Terre soit préservée ou dévastée. Le tout s’agrémentait d’une description fouillée de l’écosystème du silo. Ici, on se focalise sur la multiplicité des silos qui privilégient l’organisation hiérarchique. On découvre ainsi les strates sociales sous le plus haut niveau de pouvoir. Cette dernière notion est d’ailleurs pleinement développée au fil des pages. Le poids écrasant des responsabilités, la prise de décision (parfois dans l’urgence), la sensation grisante à exercer son emprise sur une poignée d’individus… On entrevoit aussi bien du totalitarisme que de l’utopie dans ce discours.

Cela sous-tend de nombreuses nuances intermédiaires. En cela, l’histoire évite tout manichéisme pour mieux flouer les intentions et les motivations des protagonistes. Ce qui rend le déroulement moins prévisible. Qu’ils soient chargés de veiller à l’ordre ou en possession de toutes les révélations, les différents intervenants se distinguent par des contradictions et des considérations humaines. Entre altruisme et égocentrisme, il en découle des interactions réalistes et des situations plausibles, dont les conséquences peuvent se produire à des intervalles de plusieurs siècles. Le temps a beau s’étirer, la continuité du récit demeure intacte. Un peu comme si les époques défilaient en toile de fond, laissant les personnages ancrés dans un quotidien inchangé, fait d’incertitudes et de perceptions biaisées.

Au final, Silo – Origines se révèle sensiblement différent de son prédécesseur. L’univers reste commun ; quelques-uns des intervenants également. Cependant, les objectifs littéraires se tournent vers d’autres considérations. Avec le premier tome, l’avenir était le reflet de notre présent. Pour cette préquelle, le retour au passé s’avance comme son antithèse, soit une projection de notre devenir sur une échéance de temps variable. Malgré la contrainte de l’enfermement, même dans un vaste espace, la sensation de huis clos n’est plus aussi vivace. Il n’en demeure pas moins une suite qui parvient à entretenir l’intérêt de la saga à travers d’autres pistes de réflexion. Bien plus qu’un éclaircissement sur les causes ayant amené l’humanité au bord de l’extinction, une rétrospective probante sur la persistance de nos travers et de nos erreurs au fil des générations et des époques.

Note : 16/20

Par Dante

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