avril 25, 2024

Little Nightmares

Résumé :

Le jeu prend place dans un univers sombre et inquiétant. Vous y incarnerez une fillette en ciré jaune, captive d’un immense navire rempli de créatures affamées.

Avis :

Les expériences horrifiques, dans le jeu vidéo, se résument bien souvent à des Survival-Horror où il faut échapper à des monstres/fantômes/zombies, et malgré des univers divers et variés, on tombe souvent sur la même chose. Et les gens vous parleront certainement de la franchis Resident Evil ou Silent Hill, qui ont fait aussi les mauvais jours du cinéma. Si on veut un peu de nouveauté, il faut constamment se tourner vers les petits studios, loin des grosses machines qui fournissent du triple A. Et on tombe parfois sur de petites pépites, imparfaites, certes, mais qui ont le souci de créer une atmosphère délétère et de proposer un style de jeu novateur. C’est le cas avec Little Nightmares.

Promenons-nous dans les cales

Little Nightmares est un jeu très cryptique. C’est-à-dire que l’on se lance dans l’aventure sans avoir une seule indication sur ce qu’il faut faire et sur la personne que nous incarnons. Les touches arrivent au fur et à mesure et il faudra se débrouiller avec les décors et les diverses choses à faire. On sait que l’on se prénomme Six, on ressemble vaguement à une petite fille et on va déambuler dans des décors glauques à souhait, essayant de sortir de tableaux qui tanguent. D’un point de vue du scénario, les éléments vont se décanter au fur et à mesure de la quête. On va y croiser des personnages monstrueux, sorte de boogeymen au physique disgracieux qui évoqueront les ogres de nos cauchemars. Et c’est finalement là la belle finalité du jeu, proposer une aventure sordide dans nos cauchemars enfantins.

Car plus on avance dans l’histoire, et plus on va comprendre que pour sortir de cet enfer, il va falloir affronter nos peurs. Un ogre aveugle aux longs bras, deux frères jumeaux bouchers bien gras et libidineux ou encore une femme en tenue de geisha qui fera irrémédiablement penser aux Yurei des mythes japonais. Le jeu brasse énormément de références, tout en les réinventant à sa sauce. On y trouvera des moments inquiétants, voire effrayants, notamment sur la fin, mais aussi des moments dotés d’une belle poésie macabre. Car même si on lutte pour notre survie, le sound design et certains moments avec de petits personnages champignons font que l’on navigue constamment entre deux eaux, bercé entre l’horreur et une sorte de tendresse.

Le charme de l’imperfection

Bien évidemment, Little Nightmares est un petit jeu. Il n’a pas bénéficié d’une grosse production, même si Bandai y a fourré son pif. De ce fait, le jeu est clairement imparfait dans ses graphismes et on notera de nombreux bugs. Notamment des bugs de collision, ou encore des bras fantômes qui traversent les murs pour nous attraper. Pour autant, ce n’est pas vraiment un défaut. Alors qu’aujourd’hui, on ne jure que par des graphismes superbes, Little Nightmares fait le pari de livrer des graphismes qui jouent plus sur l’environnement et l’ambiance que sur la beauté. Et force est de constater que ça marche. Les teintes grisâtres, la musique mélancolique, le côté attachant de ces petits personnages qui vont nous aider (et qui prendront une plus grande place dans l’aventure du fugitif), tout concorde pour rendre un jeu qui peut paraître désuet, mais qui détient une belle poésie macabre en son sein.

Reste alors la jouabilité. Et là, c’est un autre problème. Si les touches sont assez naturelles et que l’on va vite comprendre les tenants et les aboutissants du gameplay, cela reste imparfait. On va souvent se planter pour grimper à certains endroits. On va se rendre compte aussi qu’il faudra un certain temps à Six pour s’accrocher et que parfois, avec la profondeur, nous ne sommes pas bien en face de l’obstacle. En fait, certains moments stressants demanderont de la coordination et c’est de temps à autre assez complexe. De plus, certaines touches seront mal pensées, notamment dans le deuxième scénario. En effet, avec le fugitif, il faudra détruire de petits êtres d’ombre avec sa lampe torche. Sauf que pour les viser, il faut utiliser le joystick gauche. Ce même joystick qui sert à allumer la torche en appuyant dessus. Du coup, on se retrouve parfois à appuyer dans faire exprès alors que l’on voulait viser un ennemi.

Si cela n’entache par le plaisir ressenti face au jeu et aux différentes énigmes qui parcourent le jeu (toutes accessibles), Little Nightmares a un autre gros défaut, sa durée de vie. Le jeu de base ne bénéficie que de cinq chapitres qui seront bouclés en moins d’une heure chacun. Surtout s’il l’on compte le premier chapitre qui n’a pas d’opposant et qui fait office de didacticiel. Alors oui, l’expérience est intéressante, mais elle demeure trop courte. Et si certaines scènes restent en tête (la course dans le restaurant qui évoque un Voyage de Chihiro macabre), on reste un peu sur notre faim. Et il ne faut pas compter sur le fugitif pour rallonger conséquemment la durée du titre, puisqu’hormis un nouveau monstre, on n’aura que deux chapitres. C’est bien trop peu face au plaisir ressenti.

Au final, Little Nightmares est tout de même une belle réussite. Il s’agit d’un petit jeu qui mise tout sur son ambiance plutôt que sur ses graphismes. Glauque, éthéré, craspec et pourtant poétique, le jeu des studios Tarsier est une véritable plongée dans nos cauchemars enfantins, où l’on était persuadé qu’un monstre se cachait sous notre lit. C’est donc grâce à cette ambiance parfaite que l’on pardonne aisément les problèmes de graphisme du jeu, et que l’on ressente un tel plaisir dans une aventure trop courte.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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