avril 24, 2024

Matriarch

De : Scott Vickers

Avec Charlie Blackwood, Julie Hannan, Scott Vickers, Briony Monroe

Année : 2018

Pays : Angleterre

Genre : Horreur

Résumé :

Une mère enceinte et son mari crashent leur voiture à la campagne et se voient proposer un abri par un agriculteur et sa femme. Rachel se rend vite compte que les enfants du fermier sont en fait volés. Juste au moment où ils tentent de s’échapper de la ferme, Rachel accouche …..

Avis :

Quand on débute dans le cinéma et que l’on veut faire un long-métrage, le plus compliqué est de trouver des fonds. Et en règle générale, les jeunes réalisateurs se lancent dans le film d’horreur, car il semble peu coûteux et est un terreau idéal. En effet, le film d’horreur peut se faire avec quelques bouts de ficelle, des acteurs débutants et beaucoup d’idées de débrouille. Ce n’est d’ailleurs pas très étonnant de voir que certains cinéastes connus aujourd’hui ont commencé leur carrière dans l’horreur. C’est ce que veut faire Scott Vickers avec Matriarch, film britannique complètement fauché, au scénario cheap à souhait, mais au charme indéniable, qui respire la bonne volonté à plein nez. Mais la bonne volonté n’est jamais suffisante dans le septième art et ce film en est l’exemple même.

Pécores et Jésus

Le scénario même de Matriarch est déjà vu et revu. Un couple se rend en vacances à la campagne et le mari fait une sortie de route. Les téléphones ne passent pas et au milieu des champs, ils trouvent une petite ferme. L’accueil est d’abord glacial, puis lorsque le fermier s’aperçoit que la femme est enceinte, il prévient sa femme et dévient agréable. Dès lors, on va vite se rendre compte que le couple en question est un peu bizarre. Les deux enfants, alors adultes, ne se ressemblent pas. Il n’y a aucune nouvelle technologie dans la maison. Les règles sont strictes et Dieu est au centre des attentions. Bref, le couple sent vite qu’ils sont tombés chez des tarés et vont devoir s’enfuir. Malheureusement pour eux, c’est un peu tard, et ils vont subir la colère de ces habitants.

Entre temps, rajoutons le mari enterré vivant, ou l’accouchement de la femme qui finit enfermée dans une grange et pense voir une jeune fille. Rapidement, on va vite se rendre compte que l’on ne va pas trouver de l’ingéniosité dans Matriarch. On aura droit au sempiternel discours sur Dieu et sa nécessité. Ou encore sur la décadence de notre société. Rien de bien neuf pour décrire cette famille dysfonctionnelle et surtout cette vieille femme qui dirige d’une main de maître cette maisonnée de fous. Le film s’évertue à nous décrire ces paysans comme de fous furieux qui ont des mœurs étranges, comme rouler des galoches à ses propres enfants, ou encore à servir les hommes avant les femmes. Une distance étrange avec ce que veut dire le métrage dans son fond, mettant en avant une femme forte, mais finalement au service des hommes de la maison.

Plus cheap tu meures

Si le fond de commerce de Matriarch reste une espèce de vague torture-porn qui demeure d’un immobilisme pénible, on ne pourra que voir en gros plan les défauts majeurs de ce genre d’entreprise. Le résultat final est clairement cheap à souhait. Le réalisateur n’arrive pas à se défaire de son manque de budget et livre un film moche. Malgré des plans larges sur la campagne anglaise, malgré quelques effets gores qui se veulent sympathiques, on reste dans quelque chose qui manque de mordant. L’éclairage naturel minimaliste, les gros plans grossiers, les phases d’action délétères et les ralentis mal venus, autant de choses qui démontre un film qui n’a le budget de ses ambitions. Et si l’on couple cela à l’histoire déjà vue et sans grand intérêt, autant dire que Matriarch souffre de plein de défauts qui font que ce n’est pas un bon film.

Pour autant, doit-on le détester et le descendre en flèche ? La réponse est non. Malgré tous ses défauts, le film détient une certaine sincérité. Scott Vickers essaye de composer avec ce qu’il a et affiche certaines ambitions que d’autres films n’ont pas. A titre d’exemple, on peut évoquer cet homme nu, qui erre dans la campagne durant une bonne partie du film, et doit sa survie à la rencontre fortuite avec des campeurs. Certes, ça tombe comme un cheveu dans la soupe, mais afficher une telle nudité n’est pas donné à tout le monde. D’autant plus quand c’est le réalisateur lui-même qui joue ce rôle et décide de se mettre à nu. Il y a aussi une volonté de mélanger un peu les genres, avec une part de fantastique, un petit twist final et quelques éléments critiques, comme la religion qui prend un petit coup derrière l’oreille.

Cast à strophes

Alors oui, ça ne sauve pas le film du naufrage, mais ça reste notable. Cependant, cela n’efface pas toutes les mauvaises impressions que l’on peut avoir. Outre le message vu et revu, les séquences  torture-porn assez soft, on aura droit à un casting médiocre. Si l’on se doute bien que toutes les têtes que l’on voit dedans ne sont pas de grands acteurs, on reste tout de même dans le bas du panier. L’actrice principale à beau se démener comme un diable, rien n’y fait. Elle surjoue constamment. Quant à l’actrice qui joue la vieille femme tenace et méchante, elle reste trop lisse pour vraiment susciter de la peur. Surtout sur la fin où elle reste increvable mais son personnage est tellement inintéressant que l’on s’en fout royalement. Et du côté des hommes, on sera servi avec deux acteurs dont les faciès suffiront à nous faire hurler de rire.

Au final, Matriarch est un mauvais film d’horreur. On ressent à chaque instant le manque de budget et son incapacité à proposer autre chose qu’un simple film cheapos et vaguement crado. Malgré une bonne volonté et une mise à nu qui se ressent, on regrette le scénario fainéant, la mise en scène peu inspirée et des acteurs qui n’ont aucune consistance. C’est dommage, on aurait pu avoir quelque chose de sympathique, et à la place, on se retrouve avec un film plus pénible qu’autre chose…

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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