mars 29, 2024

Furia

De : Alexandre Aja

Avec Stanislas Merhar, Marion Cotillard, Wadeck Stanczak, Pierre Vaneck

Année : 2000

Pays : France

Genre : Fantastique, Drame

Résumé :

Dans une société dévastée par une guerre engagée par un gouvernement totalitaire, Theo, vingt ans, sort tous les soirs clandestinement afin de dessiner sur les murs son idée de la liberté. Un soir, il rencontre Elia, une jeune fille qui dessine aussi. A travers leurs œuvres, une étrange histoire d’amour s’instaure.

Avis :

Fils du réalisateur Alexandre Arcady, Alexandre Aja a débuté en tant que comédien durant les années 80. Intéressé par la réalisation, il va alors travailler avec son père, et devenir réalisateur de seconde équipe. Intéressé aussi par l’écriture, Alexandre Aja passe ses années 90 à se faire de l’expérience. Puis c’est en 1997 qu’il passe à la réalisation avec un court-métrage, « Over the rainbow« . Fort de cette expérience et avec le soutien de son père, Alexandre Aja commence alors à travailler sur son premier long-métrage.

Produit par Alexandre Arcady, Alexandre Aja se lance alors dans l’adaptation d’une nouvelle de Julio Cortazar, « Graffiti« . Sorti à l’été 2000, ce premier film fut un échec en salle, arrivant à amener un peu plus de huit mille spectateurs. Mais si le film est un échec, ça ne l’empêchera pas d’être très intéressant dans ce qu’il met en place et ce qu’il raconte. Si le film est hésitant, et souvent maladroit, il laisse néanmoins transparaître déjà l’ambiance du jeune Aja, qui a l’envie de raconter autre chose que ce à quoi le cinéma français est habitué.

Dans une société dévastée par des guerres, un régime totalitaire s’est mis en place et dans le but de protéger la population, les libertés individuelles sont restreintes. Théo, la vingtaine, sort tous les soirs clandestinement et affronte le couvre-feu pour aller dessiner sur les murs de sa ville. Cette activité est totalement interdite, mais son envie d’exprimer sa liberté est plus grande que le danger. Puis un soir, il fait la connaissance d’Elia, une jeune femme qui, comme lui, a des envies de liberté et de dessins.

Pour son premier film, Alexandre Aja annonce déjà ses couleurs cinématographiques, c’est-à-dire qu’on sera loin des comédies ou autres drames français qu’on voit tous les ans. Non, pour son premier film, Alexandre Aja a choisi d’embarquer son spectateur dans un film à l’ambiance presque post-apocalyptique, afin de parler liberté, de résistance, de survie, de politique et d’amour.

« Furia« , dans son idée, et même son résultat, est un film qui est très intéressant car en plus de proposer quelque chose du point de vue cinématographique, c’est un film qui questionne les libertés, l’envie de liberté d’une jeunesse, sa façon de s’exprimer, et plus largement, c’est un film qui questionne la société elle-même. D’ailleurs, « Furia« , dans une certaine mesure, fait froid dans le dos, car il peut être terriblement d’actualité. Oui, entre ses couvre-feux, ses libertés individuelles restreintes pour protéger le plus grand nombre ou encore le fait de pouvoir trouver la mort pour un dessin, « Furia » a franchement de quoi piquer à vif l’intérêt et poser de bonnes réflexions.

Dans son scénario, « Furia » est un film riche en sujets et en intrigues. Alexandre Aja arrive sans mal à conjuguer ce drame politique, drame humain, et son histoire d’amour, qui est très loin des clichés. On se laisse attraper par l’ambiance que dégage « Furia« , et malgré son maigre budget, Alexandre Aja tient bien son cap et il livre un film qui a ses maladresses, certes, mais sur l’ensemble et dans son univers, apparaît comme crédible.

Toutefois, si le scénario est riche, il tient aussi ses incohérences et ses rebondissements qui sont parfois mal introduits, et pas forcément plus développés que ça, ce qui est dommage. On pense évidemment à tout ce qui tourne autour du personnage de Marion Cotillard et d’une certaine mission que son personnage doit accomplir. Cet événement arrive comme un cheveu sur la soupe et le film ne donnera pas plus d’explication que cela, ce qui donne le sentiment que le réalisateur avait une idée, mais il ne savait pas quoi en faire, du coup, il l’a abandonnée en cours de route

Côté mise en scène, ce qui frappe en premier lieu, c’est l’ambiance poisseuse qu’Alexandre Aja arrive à instaurer. « Furia » est un film sombre, aussi étouffant parfois que le désert qui entoure sa ville. Comme je le disais, Alexandre Aja n’a pas forcément les moyens à la hauteur de ses ambitions, mais il s’en tire admirablement, et arrive à rendre tout crédible, que ce soit les rues, l’oppression, les « centres de détention », ou encore les quelques séquences d’action, « Furia » fonctionne et il a du cachet. Un cachet qui est d’autant plus soutenu par une BO qui a de la gueule et qui est signé Brian May s’il vous plaît.

Après, comme pour le scénario, si « Furia » a de très bons éléments, il a aussi ses faiblesses et ici, le film a du mal avec son rythme par exemple, ce qui fait que malgré beaucoup d’intérêt et d’éléments intéressants, « Furia » a tendance à se faire longuet, tout comme il a tendance à traîner sur certaines scènes pas si importantes que ça, et expédier d’autres ou encore abandonner certaines pistes en cours de route.

Pour ce premier film, Alexandre Aja s’est bien entouré entre Stanislas Merhar, Marion Cotillard, Wadeck Stanczak, Pierre Vaneck ou encore Carlo Brandt. Chacun des comédiens est bon, mais malgré ça, certains personnages méritaient d’être plus développés en un sens, et le destin de certains d’entre eux laisse un sentiment de trop vite.

« Furia » est un premier film pas toujours réussi, mais qui reste un bon petit moment de cinéma dans son ensemble. Prenant et intéressant, même si son rythme n’est pas toujours juste et que son écriture aurait mérité d’aller au bout de tout ce qu’il explore, avec « Furia« , entre bons et sans plus, entre qualités et défauts, Alexandre Aja fait une belle entrée dans le monde du cinéma et son film mérite amplement qu’on s’arrête dessus.

Note : 14/20

Par Cinéted

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