mars 28, 2024

The Visitation

De : Robby Henson

Avec Martin Donovan, Edward Furlong, Kelly Lynch, Randy Travis

Année : 2006

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

La petite ville tranquille d’Antioche est le théâtre de curieux miracles depuis l’arrivée d’un mystérieux étranger. Les habitants sont bientôt divisés au sujet de cet homme très charismatique et certains se demandent s’il est un véritable messie, un faux prophète ou bien l’envoyé du diable…

Avis :

La vie d’Edward Furlong est un long chemin de croix. Et cela depuis qu’il est tout petit. Alors laissé par sa mère à sa tante et son oncle qui acceptent la tutelle, il va devenir une star d’Hollywood en un seul film, Terminator 2. Après plusieurs succès, dans les années 2000, entre le combat de sa mère pour le récupérer (enfin, surtout son compte en banque) et sa chute vertigineuse dans les drogues dures, Edward Furlong vit un calvaire. Overdose, conduite en état d’ébriété, propos délirant, l’acteur sombre dans le sordide. Et il faut ajouter à cela des histoires avec son ex-compagne pour violence et le fait que son enfant, alors âgé de six ans, fut testé positif à la cocaïne. Bref, un désastre et un beau gâchis qu’il impute aujourd’hui à l’industrie hollywoodienne.  Pour autant, il n’a jamais vraiment cessé de tourner, même dans les DTV bas de gamme.

La vie, la pute

Alors qu’il est renié par le tout Hollywood est a du mal à se remettre de ses consommations d’alcool et de drogues, il tourne pourtant dans quelques films qui seront destinés au marché de la vidéo. Robby Henson, petit réalisateur inconnu, le choisit alors pour jouer dans The Visitation, film d’horreur qui parle de religion et d’une personne qui semble faire des miracles, comme ressusciter les morts. Casting étrange, réalisation fainéante, ambiance de fin du monde dans une bourgade de pécores, The Visitation a tous les atouts pour être un navet comme on en produit des centaines par année. Et pourtant, malgré tous ses défauts, le film se révèle intéressant par moments, mais aussi tellement maladroit qu’il en devient presque rigolo dans sa critique acerbe de la religion et la représentation d’un diable qui a souffert toute sa jeunesse.

Ici, on va suivre un ancien pasteur qui a renié sa foi après le meurtre de sa femme. Alors qu’il vient d’enterrer son chien, ce dernier revient à la vie après le passage de trois personnes étranges dans le décor. Et toute la ville d’Antioche va être le théâtre de phénomènes paranormaux plutôt bienveillants, comme un homme qui recouvre l’usage de ses jambes, ou un shérif qui guérit miraculeusement d’une tumeur au cerveau. Pour autant, cet ancien pasteur voit d’un mauvais œil tous ces miracles et mène l’enquête, jusqu’à tomber sur un jeune marginal qui se prend pour Jésus, mais semble bien cacher son jeu. Sans surprise sur sa jaquette, The Visitation va parler de foi, de croyance et d’un jeune homme qui se fait passer pour une déité vivante. Mais qu’en est-il vraiment de ce film au budget riquiqui et au destin… funeste.

Croix de bois, croix de fer

D’un point de vue scénaristique, il n’y a pas grand-chose à tirer de ce film. On va suivre un pasteur qui renie sa foi à cause du meurtre non élucidé de sa femme, et dont la mort de son chien va le faire sombrer dans une belle dépression. Il voit alors les miracles de sa ville sous un mauvais, mais tous les membres des différents cultes du coin se foutent de sa gueule. Là-dessus, le film essaye de pointer du doigt l’intolérance de la religion et sa vaste fumisterie, avec des prêtres et pasteurs qui se foutent pas mal des autres. Si on peut saluer l’aspect rentre-dedans, la forme laisse à désirer, n’allant jamais plus loin que la simple réflexion comme quoi la religion, ça pue du cul.

Et de placer alors Edward Furlong en suppôt de Satan car il a souffert toute sa vie et que personne n’a bougé le petit doigt pour lui. Là aussi, The Visitation se fait frontal et montre les inactions d’un gouvernement qui laisse libre cours à la croyance et ne mène pas forcément d’enquête quand ça touche la religion. Si le fond est assez intéressant, voire même intelligent (n’ayons pas peur des mots), il est mal mis en avant, la faute à un scénario écrit à la truelle et à des motivations qui tournent court. Par exemple, on peut citer les raisons  de ce retour pour une seule personne. Pourquoi faire intervenir toute la ville alors que les raisons même du film ne s’adressent qu’à un seul type ? The Visitation, pourtant produit avec l’aide de Scott Derrickson, reste un truc écrit à la va-vite et qui manque d’envergure.

Edward Furoncle

Si cela se ressent sur le scénario, on peut aussi dire que la mise en scène est une calamité. On nage vraiment dans le film qui n’était pas voué au cinéma. Il n’y a pas de plans marquants. La photographie est fade. Et même la qualité graphique du DVD est sale. On pourra même hurler au scandale sur certains effets numériques pour mettre des mouches en pixels et l’incrustation est une catastrophe. Néanmoins, l’atmosphère fin du monde est bien rendu. Il y a dans ce film une sorte de dépression chronique qui fait que l’on ne se sent jamais bien. L’image crasseuse, le côté terne de la photographie, quelques éclats de lumière, on ressent un vraie malaise probable dans ce métrage. Et cela est renforcé par quelques personnages.

Martin Donovan joue à merveille les types complètement paumé. Avec sa vilaine moustache qui fait très année 80, il campe un homme triste, à contre-courant et qui va se mettre du monde à dos. Il est accompagné par Kelly Lynch, sous-exploitée au possible, jouant une mère inquiète pour son fils qui semble embrigadé dans une belle galère. Mais celui qui marquera le plus, c’est bel et bien Edward Furlong, alors tout bouffi, le cheveu gras et l’œil mouillé. Et étonnement, ce rôle de pseudo-Jésus du mal lui va à merveille. S’il est ridicule sur la fin, où il surjoue les méchant pas beau, il reste intriguant et semble prendre un malin plaisir à jouer ce personnage détestable. Personnage qui reflète un peu sa vraie vie, un jeune garçon qui sombre dans le mal et qui ne s’en remet pas.

Au final, The Visitation est un film d’horreur qui ne vaut pas grand-chose, soyons honnête. S’il propose une vision apocalyptique assez intéressante et frappe la religion sous le ventre, on reste dans une production misérable qui n’a pas le budget de ses ambitions. Réalisation plate, effets spéciaux datés, acteurs en perdition, The Visitation a tous les atours d’un petit film destiné au marché du DTV et demeure aujourd’hui un film oublié. Et on comprend pourquoi…

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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